Antoine Goetschel, avocat animalier : J'enverrais volontiers des propriétaires d'animaux en prison

Cet avocat suisse spécialisé dans l'accompagnement juridique de nos petits frères est connu dans toute l'Europe. « Je n'élève pas d'animaux », précise Antoine Götschel, évoquant non pas l'élevage mais la gestion des cas de divorce où les époux partagent un animal de compagnie. Il s'occupe de droit civil et non de droit pénal. Malheureusement, il y a plus qu'assez de cas comme celui-ci.

Antoine Goetschel vit à Zurich. L'avocat est un grand ami des animaux. En 2008, sa clientèle comprenait 138 chiens, 28 animaux de ferme, 12 chats, 7 lapins, 5 béliers et 5 oiseaux. Il protégeait les béliers privés d'abreuvoirs ; porcs vivant dans une clôture étanche; des vaches qui ne sortent pas de l'étable en hiver ou un reptile domestique mort de flétrissure à cause de la négligence des propriétaires. Le dernier cas sur lequel l'avocat animalier a travaillé était le cas d'un éleveur qui gardait 90 chiens dans des conditions plus que mauvaises. Cela s'est terminé par un accord de paix, selon lequel le propriétaire du chien doit maintenant payer une amende. 

Antoine Goetschel entre en fonction lorsque le Service vétérinaire cantonal ou un particulier dépose une plainte pour cruauté envers les animaux auprès du Tribunal pénal fédéral. Dans ce cas, la loi sur la protection des animaux s'applique ici. Comme dans l'enquête sur les crimes dont les personnes sont victimes, un avocat examine les preuves, appelle des témoins et demande des avis d'experts. Ses honoraires sont de 200 francs de l'heure, plus le paiement d'un assistant de 80 francs de l'heure – ces frais sont pris en charge par l'Etat. « C'est le minimum que touche un avocat qui défend une personne « gratuitement », c'est-à-dire que ses prestations sont payées par les services sociaux. La fonction de bien-être animal représente environ un tiers des revenus de mon bureau. Sinon, je fais ce que font la plupart des avocats : affaires de divorce, successions… » 

Maitre Goetschel est également un végétarien convaincu. Et depuis une vingtaine d'années, il étudie la littérature spécialisée, étudie les subtilités de la jurisprudence afin de déterminer le statut juridique de l'animal sur lequel il s'appuie dans son travail. Il préconise que les êtres vivants ne doivent pas être considérés par les humains comme des objets. Selon lui, la défense des intérêts de la «minorité silencieuse» est similaire en principe à la protection des intérêts des enfants vis-à-vis desquels les parents ne remplissent pas leurs devoirs, de sorte que les enfants deviennent victimes de crimes ou de négligence. Dans le même temps, l'accusé peut prendre un autre avocat devant le tribunal, qui, étant un bon professionnel, est capable d'influencer la décision des juges en faveur d'un mauvais propriétaire. 

"J'enverrais volontiers des propriétaires en prison", admet Goetschel. "Mais, bien sûr, pour des durées beaucoup plus courtes que pour d'autres crimes." 

Cependant, bientôt le maître pourra partager sa clientèle à quatre pattes et à plumes avec ses confrères : le 7 mars, un référendum aura lieu en Suisse, lors duquel les habitants voteront pour une initiative exigeant pour chaque canton (unité territoriale-administrative ) un défenseur officiel des droits des animaux devant les tribunaux. Cette mesure fédérale vise à renforcer la loi sur la protection des animaux. En plus d'introduire le poste de défenseur des animaux, l'initiative prévoit l'uniformisation des peines pour ceux qui maltraitent leurs petits frères. 

Jusqu'à présent, ce poste n'a été officiellement introduit qu'à Zurich, en 1992. C'est cette ville qui est considérée comme la plus avancée de Suisse, et le plus ancien restaurant végétarien s'y trouve également.

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