La réduction embryonnaire, c'est quoi ?

Les complications des grossesses triples et surtout quadruples ou plus sont fréquentes, tant materno-fœtales que néonatales. Le côté médical n'est pas le seul souci. Les grossesses multiples provoquent également des troubles au sein de la famille, qui n'est pas forcément préparée psychologiquement, socialement ou financièrement, à accueillir trois, quatre ou… six bébés simultanément. Pour surmonter ces difficultés, il existe une solution, la réduction embryonnaire. Cette technique médicale vise à ne permettre qu'un maximum de deux fœtus de se développer dans l'utérus en éliminant les embryons en excès.

Réduction embryonnaire : qui est concerné ?

Le développement de l'ART a conduit à une augmentation du nombre de grossesses multiples. Mais attendre trois ou quatre enfants en même temps n'est pas sans risque pour la mère et les fœtus. Une réduction embryonnaire peut alors être proposée aux parents.

Aucune loi ne réglemente encore la réduction des embryons. Ses motifs sont différents de ceux d'une interruption volontaire de grossesse « classique », mais elle intervient dans les mêmes délais que ceux autorisés par la loi sur l'avortement. Ainsi, il ne nécessite pas de procédure spécifique. Cependant, comme avant tout acte médical, le couple reçoit une information détaillée sur la technique et dispose d'un délai de réflexion avant de donner son accord écrit. LAune réduction est généralement proposée aux parents, mais elle est aussi parfois demandée par des couples déjà parents qui ne se sentent pas prêts, par exemple, à assumer une triple grossesse. Cependant, toutes les grossesses multiples (> 3) ne sont pas réduites car un certain nombre de parents (environ 50 %) préfèrent les laisser progresser spontanément.

Grossesses affectées par la réduction des embryons

Hormis un problème médical grave chez la mère, les grossesses gémellaires ne sont pas affectées par réduction embryonnaire. Cet acte médical est principalement proposé lorsque la grossesse compte plus de trois embryons. En plus des complications maternelles plus fréquentes dans ces grossesses, ce sont surtout les risque de très grande prématurité qui prévaut dans la décision. Pour les grossesses triples, le problème est plus ambigu car les progrès de la médecine périnatale ont nettement amélioré le pronostic vital des triplés prématurés. Dans ce cas, ce sont plutôt des arguments familiaux et psychosociaux qui déterminent l'indication du geste.

La réduction embryonnaire, un geste rare

La réduction embryonnaire est un acte médical qui reste rare en France et qui continue de diminuer depuis dix ans, grâce aux mesures prises par les centres pratiquant la procréation médicalement assistée (PMA). Le nombre d'embryons transférés après fécondation in vitro est désormais de deux, ce qui limite la survenue de grossesses multiples supérieures à trois. De même, après stimulation de l'ovulation, des dosages hormonaux et des échographies effectués régulièrement préviennent l'apparition d'un nombre excessif de follicules. Malheureusement, de temps en temps, la nature prend le dessus, et trois voire quatre embryons se développent, mettant les parents et l'équipe obstétricale devant une décision difficile.

La réduction des embryons en pratique

Quelle technique utilisons-nous?

L'attitude la plus courante consiste à réduire le nombre d'embryons à deux. Selon l'âge de la grossesse, deux méthodes sont pratiquées, toujours guidé par une échographie. Le plus fréquent est de passer par la voie abdominale maternelle (un peu comme lors d'une amniocentèse) vers 11 semaines d'aménorrhée (SA). Une aiguille est introduite dans le thorax d'un (ou plusieurs) embryon(s) puis des produits sont injectés d'abord pour endormir l'embryon, puis pour arrêter l'activité cardiaque. Rassurez-vous, les embryons ne souffrent pas, car le cœur s'arrête de battre en quelques secondes. Les embryons ne sont pas choisis au hasard mais sur des critères différents. Les plus rares, comme l'existence d'une malformation ou la suspicion d'une anomalie chromosomique, permettent une première sélection. Le médecin examine ensuite attentivement le nombre de placentas et de poches d'eau. Enfin, il « choisit » les embryons en fonction de leur accessibilité et de leur position par rapport au col de l'utérus. La deuxième technique, moins utilisée, passe par la voie transvaginale et se déroule vers 8 semaines.

Réduction embryonnaire : comment fonctionne l'opération

Pas d'hospitalisation longue, puisque la réduction a lieu dans un hôpital de jour. Vous n'avez pas besoin d'être à jeun car aucune anesthésie n'est nécessaire. Rassurez-vous, l'aiguille utilisée est très fine et vous ne ressentirez qu'une toute petite piqûre, pas plus désagréable que celle d'un moustique. La procédure proprement dite est toujours précédée d'une échographie approfondie qui permet de localiser les embryons. La durée de l'acte est variable. Elle dépend des conditions techniques (nombre, position des embryons...), du patient (morphologie, ressenti...) et de l'expérience de l'opérateur. Pour éviter l'infection, un traitement antibiotique est indispensable. L'utérus, quant à lui, est mis au repos avec des antispasmodiques. Une fois le geste terminé, le patient reste sous surveillance pendant une heure avant de pouvoir rentrer chez lui. Vingt-quatre heures plus tard, une échographie de contrôle est réalisée pour vérifier la vitalité des jumeaux conservés et l'absence d'activité cardiaque dans les embryons réduits.

Existe-t-il des risques associés à la réduction des embryons ?

La principale complication de la réduction embryonnaire est la fausse couche spontanée (dans environ 4% des cas avec la technique la plus utilisée). En général, il survient après une infection du placenta (chorioamnionite) quelque temps après le geste. Heureusement pour la majorité des femmes enceintes, la grossesse se poursuit normalement. Cependant, les statistiques montrent que la prématurité est plus importante que dans les grossesses simples ou gémellaires spontanées, c'est pourquoi les mères ont besoin de plus de repos et sont arrêtées tout au long de la grossesse.

Qu'en est-il du côté rétractable ?

L'impact psychologique d'un tel geste est important. La réduction est souvent vécue comme une expérience traumatisante et douloureuse par le couple et ils ont besoin du soutien de toute l'équipe pour y faire face. Les parents ont des sentiments mitigés, principalement en raison du fait que la réduction survient le plus souvent après le traitement de l'infertilité. Le soulagement d'avoir une grossesse plus sûre cède souvent la place à la culpabilité d'avoir à se séparer d'embryons non malades. Pour les femmes enceintes, porter à la fois ces embryons « morts » et ces fœtus vivants peut également être difficile.

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