Témoignage de Pierre, alias @maviedepapagay sur Instagram

Parents : Pourquoi avez-vous créé ce compte ?

maviedepapagay : Par activisme d'abord. Nous voulions donner de l'espoir à d'autres couples homosexuels qui souhaitent avoir des enfants, leur dire « c'est possible ! »Et changer les mentalités sur la parentalité homosexuelle. Je reçois toujours des insultes homophobes sur Twitter, il y a encore du travail à faire… Ensuite, je l'ai fait pour ma vie sociale. Cela m'apporte beaucoup d'échanges et provoque aussi des rencontres, des projets.

Vos trois filles sont nées grâce à la GPA (Surrogacy) aux États-Unis, comment avez-vous vécu les grossesses ?

L'avantage, c'est qu'aucune de nous n'a eu à subir les désagréments physiques d'une grossesse (même si j'ai un peu couvé) ! Mais nous étions encore très fatigués. La distance entre nous et Jill, la mère porteuse, l'attente des résultats des tests, les examens puis l'accouchement étaient angoissants.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez serré vos filles dans vos bras pour la première fois ?

C'était un moment hors du temps. Nous avons assisté aux deux livraisons. Pour les jumeaux, nous en tenions chacun un dans nos bras. J'ai regardé Romain, j'ai regardé les bébés… J'étais en admiration totale, sur une autre planète. J'ai ressenti une fusion immédiate avec eux. Je suis resté un papa poule…

En vidéo : l'interview de Pierre, alias @maviedepapagay

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© @maviedepapagay

Combien de temps s'est écoulé entre votre projet d'enfant et la naissance des jumeaux ?

Entre les premiers pas et la naissance des aînés, moins de deux ans se sont écoulés. Nous avons eu de la chance, car parfois cela prend plus de temps. On nous a proposé très rapidement une donneuse semi-anonyme (la même pour les trois filles). Jill nous a contactés presque immédiatement et n'a pas fait de fausse couche.

Comment avez-vous surmonté les difficultés ?

Nous avons beaucoup parlé de ce que nous voulions. C'est en rencontrant des familles à travers l'association ADFH* que nous avons trouvé des pistes. On a cherché la bonne agence, on a fait confiance… Mais c'est aussi une organisation matérielle. Entre les frais de déplacement, d'avocat, la prise en charge d'une grossesse, il faut compter près de 100 euros. Administrativement, tout n'est pas réglé. Nous avons tous les deux reconnu nos filles. Ils ont des papiers d'identité, mais ne sont pas dans notre livret de famille… C'est dingue.

Trois enfants… comment vous organisez-vous ?

Pour la troisième, j'ai pris un congé parental (qui se termine en octobre). Le matin, Romain emmène généralement les plus grands à l'école. Et je gère les soirées. Pour les vacances, on adore voyager, mais en mode très organisé, tout est réservé. Au quotidien, on fait ce qu'on peut pour rester bienveillant même si parfois on craque, on se fâche comme tout le monde je pense… J'ai aussi mes parents qui habitent à côté et qui peuvent nous donner un coup de main si besoin. Le week-end, c'est balade, cuisine, musées…

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Quelle est l'importance du regard des autres sur votre relation ?

Si certaines personnes n'aiment pas ça, on ne décroche pas. Avec les médecins, l'assistante maternelle, la crèche, ça va bien. On redoutait la première rentrée, l'accueil des professeurs, des parents… Mais on recevait des marques de respect.

Vos filles se posent des questions sur leur naissance ?

Non, parce qu'on leur dit tout. On parle de Jill « la dame qui les portait » sans gêne. Nous l'appelons de temps en temps. Elle a un statut particulier, mais la relation est très forte.

Comment t'appellent-ils ?

Père ! Nous ne voulions pas de surnom pour l'un de nous, « Papou » ou autre. Nous valorisons cette égalité de statut. Nous sommes tous les deux pleinement leur père. 

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Propos recueillis par Katrin Acou-Bouaziz

* Association de familles homoparentales. https://adfh.net/

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