Témoignage d'un père de jumeaux

"Je me suis senti papa dès que j'ai eu mes bébés dans les bras à la maternité"

« Ma femme et moi avons appris qu'elle était enceinte de deux bébés en juin 2009. C'était la première fois qu'on m'annonçait que j'allais être papa ! J'étais stupéfait et en même temps très heureux, même si je savais que cela signifiait que notre vie allait changer. Je me suis posé plein de questions. Mais nous avons décidé de garder les bébés avec mon partenaire. Je me suis dit : bingo, ça va être super et très compliqué aussi. J'ai tendance à gérer les choses sur le moment, quand elles arrivent. Mais là, je me suis dit que ça allait être deux fois plus de boulot ! La naissance était prévue pour janvier 2010. Entre-temps, nous avons décidé de changer de vie, nous avons déménagé dans le sud de la France. J'ai fait quelques travaux dans la nouvelle maison, pour que tout le monde soit bien installé. Nous avons tout organisé pour offrir une certaine qualité de vie à nos enfants.

Un accouchement dans le sens de la longueur

Le jour J, nous sommes arrivés à l'hôpital et avons dû attendre longtemps avant d'être pris en charge. Il y a eu neuf livraisons en même temps, toutes assez compliquées. L'accouchement de ma femme a duré presque 9 heures, c'était hyper long, elle a accouché la dernière. Je me souviens surtout de mes maux de dos et quand j'ai vu mes bébés. Je me suis tout de suite senti papa ! J'ai pu les prendre dans mes bras très rapidement. Mon fils est arrivé le premier. Après un moment peau à peau avec sa maman, je l'ai eu dans mes bras. Ensuite, pour ma fille, je l'ai portée en premier, avant sa mère. Elle est arrivée 15 minutes après son frère, elle a eu un peu de mal à sortir. J'avais l'impression d'être en mission à ce moment-là, après les avoir portés à tour de rôle. Les jours suivants, je ferais des allers-retours de l'hôpital à la maison, pour finir de préparer l'arrivée de chacun. Quand nous avons quitté l'hôpital, avec ma femme, nous savions que tout avait changé. Nous étions deux et nous partions à quatre.

De retour à la maison à 4

Le retour à la maison a été très sportif. Nous nous sommes sentis seuls au monde. Je me suis très vite impliquée : la nuit avec les bébés, les courses, le ménage, les repas. Ma femme était très fatiguée, elle avait besoin de se remettre de sa grossesse et de son accouchement. Elle avait porté les bébés pendant huit mois, alors je me suis dit, maintenant c'est à moi de m'en occuper. J'ai tout fait pour l'aider dans son quotidien avec nos enfants. Une semaine plus tard, je devais reprendre le travail. Même si j'ai la chance d'avoir une activité où je ne travaille que dix jours par mois, j'ai gardé des bébés nés et le rythme au travail, non-stop, pendant de nombreux mois. Nous avons rapidement senti le poids de la fatigue sur nos épaules. Les trois premiers mois ont été rythmés par seize bouteilles par jour pour les jumeaux, les trois réveils minimum par nuit, et tout ça, jusqu'à ce qu'Eliot ait 3 ans. Au bout d'un moment, il a fallu s'organiser. Notre fils a beaucoup pleuré la nuit. Au début, les petits étaient avec nous dans notre chambre pendant quatre ou cinq mois. On avait peur de MSN, on restait tout le temps près d'eux. Puis ils ont dormi dans la même chambre. Mais mon fils n'y passait pas ses nuits, il pleurait beaucoup. J'ai donc couché avec lui pendant presque les trois premiers mois. Notre fille dormait seule, insouciante. Eliot était rassuré d'être à mes côtés, nous nous sommes endormis tous les deux, côte à côte.

La vie quotidienne avec les jumeaux

Avec ma femme, on a fait ça pendant trois à quatre ans, on a tout donné pour nos enfants. Notre vie quotidienne était essentiellement centrée sur la vie avec les enfants. Nous n'avions pas de vacances en couple les premières années. Les grands-parents n'ont pas osé prendre les deux bébés. C'est vrai qu'à cette époque, le couple prenait du recul. Je pense qu'il faut être fort avant d'avoir des enfants, très proches et se parler beaucoup, car avoir des jumeaux demande beaucoup d'énergie. Je pense aussi que les enfants séparent assez le couple, au lieu de les rapprocher, j'en suis sûr. Alors, depuis deux ans, on s'accorde une semaine de vacances, sans les jumeaux. Nous les laissons à mes parents, en vacances à la campagne, et ça se passe bien. Nous partons tous les deux pour nous retrouver. Ça fait du bien, car au quotidien, je suis un vrai papa poule, très investi pour mes enfants, et cela depuis toujours. Dès que je suis absent, les enfants me cherchent. Avec ma femme, nous avons établi un certain rituel, particulièrement le soir. Nous passons à tour de rôle environ 20 minutes avec chaque enfant. On se raconte notre journée, je leur fais un massage de la tête aux pieds pendant qu'ils me parlent. On se dit « Je t'aime beaucoup de l'univers », on s'embrasse et on se serre dans les bras, je raconte une histoire et on se raconte un secret. Ma femme fait pareil de son côté. Je pense que c'est important pour les enfants. Ils se sentent aimés et écoutés. Je les félicite souvent, dès qu'ils progressent ou réalisent quelque chose, important ou non, d'ailleurs. J'ai lu quelques livres sur la psychologie de l'enfant, notamment ceux de Marcel Rufo. J'essaie de comprendre pourquoi ils ont des crises à un tel âge, et comment réagir. Nous parlons beaucoup de leur éducation avec mon compagnon. On parle beaucoup de nos enfants, de leurs réactions, de ce qu'on leur donne à manger, bio ou pas, des sucreries, quelles boissons, etc. En tant que papa, j'essaie d'être ferme, c'est mon rôle. Mais après l'orage et le coup de tête, je leur explique ma décision et comment faire pour qu'ils ne reprennent pas la colère et se fassent gronder. Et aussi, pourquoi on ne peut pas faire ceci ou cela. Il est important qu'ils comprennent les interdictions. En même temps, je leur donne beaucoup de liberté. Mais bon, je suis très prévoyante, je préfère « prévenir que guérir ». Je leur dis tout le temps de faire attention à ne pas se blesser. Nous avons une piscine, donc nous les surveillons encore beaucoup. Mais maintenant qu'ils sont grands, tout est plus facile. Le rythme est plus cool aussi! "

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