Le couple face à la procréation assistée

Pourquoi est-il si difficile pour un couple de suivre un cours MAP ?

Mathilde Bouychou : « Ne pas faire quelque chose de naturel – faire l'amour pour avoir un enfant – provoque une profonde blessure narcissique. Cette douleur n'est pas forcément admise par les couples. Cela s'avère encore plus douloureux s'il n'y a pas de cause médicale pour expliquer la diagnostic d'infertilité.

Au contraire, les raisons médicales ont le pouvoir d'abaisser la culpabilité en donnant du sens à la situation.

Enfin, l'attente entre les examens, entre les tentatives, est aussi un facteur compliqué car elle laisse place à la réflexion… Dès que les couples sont dans l'action, c'est plus facile, même si l'inquiétude, la peur de l'échec restent omniprésentes.

Il y a aussi des cas d'incompréhension qui fragilisent le couple en profondeur. Par exemple, un conjoint qui n'accompagne pas son conjoint aux examens, qui ne suit pas vraiment ce qui se passe. L'homme ne vit pas le PAM dans son corps, et la femme peut finir par lui reprocher ce manque de présence. Un bébé a deux ans. "

Le rapport au corps et à l'intimité est également bouleversé…

MB : « Oui, la procréation assistée fragilise aussi physiquement. Ça fatigue, ça donne des effets secondaires, ça complique l'organisation de la vie professionnelle et de la vie quotidienne, surtout pour la femme qui subit tous les traitements, même si l'infertilité a un problème. cause masculine. Guérison naturelle (acupuncture, sophrologie, hypnose, homéopathie…) peuvent apporter beaucoup de bien-être aux femmes dans cette situation.

Quant aux relations intimes, elles sont rythmées par un calendrier précis, devenant des moments de pression et d'obligation. Des pannes peuvent survenir, compliquant davantage la situation. La question de la masturbation, parfois nécessaire, met aussi certains couples mal à l'aise. "

Conseillez-vous aux couples de se confier à leur entourage ?

MB : « Parler de sa difficulté à avoir un enfant, c'est parler de sexualité. Certains couples réussiront avec des proches, d'autres beaucoup moins. En tout cas, c'est délicat car les propos de l'entourage sont parfois maladroits. Les amis ne connaissent pas tous les détails du diagnostic, toutes les subtilités du processus et n'ont aucune idée de la douleur que traverse le couple. « Arrête d'y penser, ça viendra tout seul, tout est dans la tête ! »… Alors que c'est tout simplement impossible tant le PMA envahit le quotidien. Sans parler des annonces de grossesse et la naissance qui pleuvent autour du couple et renforcent le sentiment d'injustice : « Pourquoi les autres le feraient-ils et pas nous ? "

Qui dans le parcours de procréation assistée peut aider le couple à surmonter les difficultés ?

MB : « Que ce soit à l'hôpital ou en consultation privée, l'accompagnement d'un psychologue ou un psychiatre n'est pas automatiquement proposé. Cependant, cela permet aux couples d'avoir une personne de référence pour raconter leur parcours, leurs espoirs, leurs doutes, leurs échecs. La PMA donne lieu à un ” DESIGN fractionnaire ". Les couples ont besoin de soutien à chaque étape du processus. Ils sont embarqués dans un véritable ascenseur émotionnel. Et doit se poser des questions que les autres couples n'abordent pas pendant la grossesse. Ils se projettent, se positionnent sur le long terme. Par exemple, que faire si la 4e tentative de FIV (le dernier remboursé par la Sécurité sociale en France) échoue, comment construire son avenir sans avoir d'enfants ? Je recommande fortement de consulter un professionnel habitué aux problèmes d'infertilité. Quelques séances peuvent suffire. "

La procréation assistée conduit-elle certains couples à se séparer ?

MB : « Malheureusement, cela arrive. Tout dépend de la solidité des bases du couple au départ. Mais aussi le lieu de plan de naissance au sein du couple. Est-ce un projet à deux ou un projet plus individuel ? Mais certains surmontent l'obstacle, sont capables d'affronter ce qui est douloureux, de se réinventer. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'y parvient pas en « mettant toutes les souffrances sous le tapis ».

Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les risques de séparation existent aussi après la naissance d'un enfant. D'autres difficultés surgissent (que tous les parents doivent surmonter), la blessure narcissique persiste, certains couples sont affaiblis dans leur vie sexuelle. L'enfant ne répare pas tout. Le meilleur moyen d'éviter le risque d'incompréhension sur le long terme : se parler, traverser les étapes ensemble, ne pas rester seuls dans la douleur. "

 

En vidéo : La procréation assistée est-elle un facteur de risque pendant la grossesse ?

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