Cecos : à quoi servent ces centres de don de sperme ?

Cecos : à quoi servent ces centres de don de sperme ?

Le CECOS, ou Centre d'Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme Humain, ne se réduit pas à une simple banque de sperme. Et pour cause : ce sont des acteurs incontournables de la procréation médicalement assistée avec donneurs, du don de gamètes et de la préservation de la fertilité. Retour sur ces structures incontournables du paysage médical français.

Qu'est-ce qu'un CECOS exactement ?

Plus connus sous l'acronyme CECOS, les Centres d'étude et de conservation des ovules et spermatozoïdes humains sont les seuls établissements autorisés en France à collecter et stocker des dons de gamètes. Si on a parfois tendance à les assimiler à de simples banques de sperme, les CECOS ont en réalité un rôle bien plus important à jouer dans la procréation médicalement assistée (AMP ou AMP) avec don. Si vous souhaitez faire un don de sperme ou d'ovocytes (voire un embryon en cas de FIV préalable), si vous êtes en situation d'infertilité et envisagez une PMA avec don, si votre état de santé justifie de préserver votre fertilité, les équipes du CECOS vous soyez parmi vos interlocuteurs.

Les premiers débuts du CECOS

Les premières banques de sperme sont apparues en France au début des années 1970 dans deux grands établissements de santé parisiens. A l'époque, la médecine de la reproduction et la prise en charge de l'infertilité n'en étaient qu'à leurs balbutiements, les deux structures fonctionnaient donc de manières radicalement différentes :

Le premier a été créé à l'hôpital Necker, par le gynécologue Albert Netter, et fonctionne sur la base d'un don de sperme rémunéré. L'objectif : favoriser le don chez les jeunes hommes afin de permettre une qualité optimale. Ce modèle, encore courant dans de nombreux pays de l'Union européenne notamment, a depuis été abandonné en France.

Conservation du sperme pour la recherche

Le second est déployé à l'hôpital de Bicêtre par le professeur George David. Son objet : « l'étude des spermatozoïdes normaux et pathologiques ainsi que la conservation des spermatozoïdes destinés à la recherche et à des fins thérapeutiques ». Si la formulation est volontairement vague, c'est que les relations entre les porteurs de projets et les autorités de tutelle (dont le ministère de la Santé) sont tendues. Au cœur de leurs dissensions : l'IAD (insémination artificielle avec donneur), à l'époque très controversée en raison des questions éthiques qu'elle soulève notamment en termes de filiation.

CECOS : une révolution dans la prise en charge de l'infertilité

Pour légitimer l'ADI et enfin favoriser la prise en charge de l'infertilité masculine, il a été décidé que le don, encadré par cette structure, reposerait sur trois grands principes qui sont toujours en place aujourd'hui : gratuité, anonymat et volontariat. Parallèlement, les négociations avec le ministère de la Santé avancent sous l'impulsion de Simone Veil, qui fixe les conditions d'ouverture du CECOS à Bicêtre.

Comme ça arrive :

  • l'établissement doit se constituer en association (statut de loi 1901), afin de se décharger de la responsabilité de l'administration hospitalière,
  • sa direction doit répondre à un conseil d'administration et scientifique dont la composition est pluridisciplinaire (représentation des autorités de tutelle, ordre des médecins, spécialistes…) et représentatif des différents points de vue scientifiques (à l'époque les partisans et opposants de l'IAD),
  • Ce conseil administratif et scientifique doit être présidé par une personnalité médicale accompagnant personnellement les pratiques de l'établissement (Robert Debré dans le cas du CECOS du CHU de Bicêtre).

C'est ainsi que le premier CECOS est officiellement né le 9 février 1973 (date de sa publication au Journal Officiel). Dans les années qui suivent, une vingtaine de nouveaux Centres d'étude et de conservation des ovules et spermatozoïdes humains sont créés sur le même modèle. Il existe aujourd'hui 31 de ces centres en France. En 2006, on estimait que le CECOS avait participé à près de 50 naissances.

Quelles sont les missions du CECOS ?

Les CECOS ont une double vocation :

Pprendre en charge l'infertilité

Qu'elles soient féminines, masculines ou liées aux spécificités du couple, lorsqu'elles nécessitent le don d'un tiers.

Préserver la fertilité du patient

Dans ce domaine, le Cecos intervient dans un premier temps pour permettre la cryoconservation (congélation) des gamètes de patients souffrant de pathologies dont le traitement pourrait affecter leur fertilité (comme les personnes atteintes d'un cancer qui ont besoin de subir une chimiothérapie). Mais leur rôle est aussi d'optimiser les chances de grossesse ultérieure pour les patientes ayant déjà eu recours à l'assistance médicale à la procréation. Ainsi, les couples bénéficiant d'embryons surnuméraires suite à une FIV peuvent se voir proposer de les garder au CECOS dans l'attente d'une gestation ultérieure ou d'un don d'embryons.

Les différentes missions du CECOS

Pour travailler dans ce sens, les CECOS ont plusieurs missions :

  • apporter une assistance médicale et technique aux couples infertiles ayant besoin d'un don,
  • superviser et organiser le don de gamètes (don de sperme, don d'ovocytes) et le don d'embryons,
  • accompagner les patients, avant le don de gamètes, pendant le processus, mais aussi après. C'est parfois moins connu, mais le personnel du CECOS peut être contacté si les parents ou la personne née d'un don le souhaitent, durant l'enfance ou l'âge adulte.
  • permettre l'autoconservation des gamètes en cas de maladie et sensibiliser les patients et les parties prenantes (médecins, associations de patients, etc.) à cette fin,
  • permettre la cryoconservation des embryons surnuméraires issus de la FIV,
  • participer à la recherche dans le domaine de la procréation, apporter leur expertise à la réflexion sur les évolutions technologiques et sociétales qui peuvent l'influencer.
  • participer aux campagnes de promotion du don de gamètes organisées par l'Agence de la biomédecine.

Comment sont organisés les Cecos ?

Afin de garantir à la fois la préservation de la fertilité et la gestion de l'infertilité, chaque CECOS est situé dans un centre hospitalier universitaire et se compose de :

  • une équipe médicale pluridisciplinaire (médecins, biologistes, psychologues et psychiatres, généticiens, techniciens, etc.)
  • une plateforme de cryobiologie permettant la conservation des gamètes. Depuis 1981, les CECOS sont également regroupés en fédération, afin d'harmoniser les pratiques en matière de procréation avec don, de favoriser la prise en charge des patients et les échanges entre centres. A cet effet, la fédération est organisée en commissions (génétique, psychologique et psychiatrique, éthique, scientifique et technique) qui se réunissent au moins deux fois par an.

Quels sont les résultats obtenus par les Centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains ?

Les Cecos, qui font désormais partie du service public hospitalier, sont des structures uniques qui ont permis des avancées significatives dans le domaine de la reproduction reproductive depuis 50 ans. On retrouve parmi leurs réussites :

  • L'évolution positive du don de gamètes en France. Ainsi, sous l'impulsion du CECOS et de l'Agence de la biomédecine, les donneurs de gamètes sont de plus en plus nombreux (404 donneurs de sperme en 2017 contre 268 en 2013, 756 dons d'ovocytes en 2017 contre 454 en 2013). En 2017, 1282 naissances ont également été possibles grâce à un don.
  • Accompagnement des patientes dans la préservation de leur fertilité, qui a concerné 7474 personnes en France en 2017
  • Amélioration du cadre juridique de l'AMP en France. En effet, c'est en partie grâce aux règles déontologiques et aux procédures d'évaluation mises en place par le CECOS que le législateur a pu formaliser et mettre à jour les lois de bioéthique.

Comment trouver un Cecos ?

Les Cecos sont répartis dans toute la France afin de faciliter l'accès aux patients. N'hésitez pas à consulter l'annuaire des centres.

A noter cependant :

  • Si vous êtes déjà suivi dans un service de TAR ou d'oncologie (adulte ou enfant), le professionnel de santé qui vous suit vous mettra en relation avec les praticiens du CECOS.
  • Si vous souhaitez faire un don de gamètes, n'hésitez pas à contacter directement le service dédié du CECOS le plus proche de chez vous.

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