L'enfant mort-né

L'enfant mort-né

Définition

Selon la définition de l'OMS, une mortinaissance est « la mort d'un produit de la conception lorsque cette mort est survenue avant l'expulsion ou l'extraction complète du corps de la mère, quelle que soit la durée de la gestation. La mort est indiquée ?? par le fait qu'après cette séparation, le fœtus ne respire ni ne manifeste aucun autre signe de vie tel que battement cardiaque, pulsation du cordon ombilical ou contraction effective d'un muscle soumis à l'action de la volonté ». L'OMS a également défini un seuil de viabilité : 22 semaines d'aménorrhée (SA) révolues soit un poids de 500 g. On parle de mort fœtale in utero (MFIU) lorsque le décès est constatéÌ ?? avant le début du travail, par opposition à la mort perpartum, qui survient à la suite d'un décès pendant le travail.

Mortinaissance : les statistiques

Avec 9,2 naissances d'enfants sans vie pour 1000 naissances, la France a le taux de mortinatalité le plus élevé d'Europe, indique le rapport européen sur la santé périnatale EURO-PERISTAT de 2013 (1). Dans un communiqué (2) relatif à ces résultats, l'Inserm précise toutefois que ce chiffre élevé pourrait s'expliquer par le fait que 40 à 50 % des mortinaissances en France sont imputables aux interruptions médicales de grossesse (IMG), ceci en raison de une « politique très active de dépistage des anomalies congénitales et une pratique relativement tardive de l'IMG ». A partir de 22 semaines, un féticide est en effet réalisé avant l'IMG afin d'éviter les souffrances fœtales. L'IMG conduit donc en fait à la naissance d'un enfant « mort-né ».

Le RHEOP (Registre des enfants handicapés et observatoire périnatal) (3), qui recense les mortinaissances en Isère, Savoie et Haute-Savoie, fait état pour l'année 2011 d'un taux de mortinatalité de 7,3, 3,4 , dont 3,9 ‰ pour la mortinaissance spontanée (MFIU) et XNUMX ‰ pour la mortinatalité induite (IMG).

Causes possibles de décès

Afin de tenter de définir la cause de la mort fœtale in utero, un bilan est systématiquement réalisé. Il comprend au moins (4) :

  • examen histologique du placenta;
  • une autopsie du fœtus (après consentement de la patiente) ;
  • un test de Kleihauer (test sanguin pour mesurer la quantité de globules rouges fœtaux présents parmi les globules rouges maternels) ;
  • une recherche d'agglutinines irrégulières ;
  • sérologies maternelles (parvovirus B19, toxoplasmose) ;
  • écouvillonnages infectieux cervico-vaginaux et placentaires;
  • recherche de syndrome des anticorps antiphospholipides, lupus systémique, diabète de type 1 ou 2, dysthyroïdie.

Les causes les plus courantes de MFIU sont :

  • une anomalie vasculo-placentaire : hématome rétro-placentaire, toxémie, pré-éclampsie, éclampsie, syndrome HELLP, hémorragie fœto-maternelle, placenta praevia et autres anomalies d'insertion placentaire ;
  • une pathologie des appendices : cordon (procidence du cordon, cordon autour du cou, nœud, insertion vélamenteuse, c'est-à-dire un cordon inséré sur les membranes et non le placenta), liquide amniotique (oligoamnios, hydramnios, rupture des membranes) ;
  • une anomalie foetale constitutionnelle : anomalie congénitale, œdème d'anasarque auto-immun (œdème généralisé), syndrome transfusé, en retard ;
  • retard de croissance intra-utérin;
  • une cause infectieuse : chorioamniotique, cytomégalovirus, toxoplasmose ;
  • pathologie maternelle : diabète préexistant non stabilisé, pathologie thyroïdienne, hypertension artérielle essentielle, lupus, cholestase gravidique, usage médicamenteux, pathologie utérine (antécédents de rupture utérine, malformations, cloison utérine), syndrome des antiphospholipides ;
  • traumatisme externe pendant la grossesse;
  • asphyxie ou traumatisme pendant l'accouchement.

Dans 46% des cas, la mort fœtale reste cependant inexpliquée, précise le RHEOP (5).

Prendre en charge

Après le diagnostic de mort fœtale in utero, un traitement médicamenteux est administré à la future mère afin de déclencher le travail. L'expulsion du bébé par voie vaginale est toujours préférée à la césarienne.

Un accompagnement psychologique est également mis en place pour aider le couple à traverser le traumatisme du deuil périnatal. Cet accompagnement commence dès l'annonce du décès du bébé, y compris le choix des mots. Les parents se voient proposer une consultation avec une sage-femme spécialisée en deuil périnatal ou un psychologue. Veulent-ils voir le bébé, le porter, l'habiller ou ne pas lui donner de nom ? C'est aux parents de prendre ces décisions qui font partie intégrante de leur processus de deuil. Le couple a également 10 jours après la naissance pour choisir d'offrir à leur bébé des funérailles et un enterrement, ou d'emmener le corps à l'hôpital pour la crémation.

Le deuil périnatal est un deuil singulier : celui d'une personne qui n'a vécu que dans le ventre de sa mère. Selon une étude américaine (6), le risque de dépression après un enfant mort-né peut persister jusqu'à 3 ans après l'accouchement. Un suivi psychologique est donc recommandé, ainsi que le recours à l'accompagnement de groupes de soutien et d'associations.

L'enfant mort-né : une personne humaine ?

La notion d'« enfant né sans vie » est apparue pour la première fois en droit français en 1993. Depuis, le droit a évolué à plusieurs reprises. Avant le décret n° 2008-800 du 20 août 2008, un seul fœtus au-delà de 22 semaines existait au regard de l'état civil. Désormais, un acte de naissance peut être délivré. avant 22 SA (mais généralement après 15 SA) à la demande des parents. Passé ce délai, il est automatiquement délivré.

Cette attestation permet d'établir un « acte d'enfant neÌ ?? sans vie » qui donne aux parents la possibilité, s'ils le souhaitent, d'attribuer un ou deux prénoms à leur enfant et de le faire inscrire dans leur livret de famille, ou d'en établir un s'ils n'en ont pas. pas encore. En revanche, aucun nom de famille ou lien de filiation ne peut être attribué à cet enfant mort-né ; ce n'est donc pas une personne morale. Symboliquement cependant, ce décret marque un pas en avant pour la reconnaissance de l'enfant mort-né en tant que personne humaine, et donc du deuil et de la souffrance qui l'entoure. C'est aussi pour le couple une reconnaissance de son statut de « parent ».

Deuil périnatal et droits sociaux

En cas d'accouchement avant 22 semaines, la femme ne peut pas bénéficier du congé de maternité. Le médecin peut toutefois lui prononcer un arrêt de travail lui donnant droit à une indemnité de l'Assurance Maladie.

En cas d'accouchement après 22 semaines, la femme bénéficie d'un congé de maternité complet. Cette grossesse sera également prise en compte par la sécurité sociale dans le calcul du congé maternité ultérieur.

Le père pourra bénéficier des indemnités journalières de congé de paternité, sur présentation d'une copie de l'acte d'enfant sans vie et du certificat médical d'accouchement d'un enfant né mort et viable.

Les parents ne peuvent bénéficier de la prime de naissance (sous réserve de ressources) que si la fin de la grossesse a lieu à partir du 1er jour du mois suivant le 5e mois de grossesse. Il est alors nécessaire de produire un justificatif de grossesse à cette date.

Sur le plan fiscal, il est admis que les enfants qui sont encore nés au cours de l'année d'imposition et qui ont accouché placent aÌ € l'établissement d'un acte de ne enfant ?? sans vie sont utilisés pour déterminer le nombre d'unités.

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