Prévention rentable? Oui, disent les experts

Prévention rentable? Oui, disent les experts

28 juin 2007 – Les gouvernements allouent en moyenne 3 % des budgets de la santé à la prévention des maladies. C'est trop peu, selon Catherine Le Galès-Camus, spécialiste des maladies non transmissibles et de la santé mentale à l'Organisation mondiale de la santé.

« Les pouvoirs publics n'ont pas encore calculé la rentabilité de la prévention », a-t-elle déclaré lors de la Conférence de Montréal.1.

Selon elle, on ne peut plus parler de santé sans parler d'économie. « Sans arguments économiques, nous ne pouvons pas obtenir les investissements nécessaires », dit-elle. Or, il n'y a pas de développement économique sans santé, et vice versa. "

« Aujourd'hui, 60 % des décès dans le monde sont attribuables à des maladies chroniques évitables – la plupart d'entre elles », dit-elle. Les maladies cardiaques à elles seules tuent cinq fois plus que le sida. "

Les pouvoirs publics « doivent prendre le virage de l'économie de la santé et la mettre au service de la prévention », ajoute le spécialiste de l'OMS.

Les entreprises ont également un rôle à jouer. «C'est à eux, en partie, d'investir dans la prévention et les saines habitudes de vie de leur personnel, ne serait-ce que parce que c'est rentable», dit-elle. De plus, de plus en plus d'entreprises le font. "

Prévenir dès le plus jeune âge

La prévention auprès des jeunes enfants semble particulièrement rentable en termes économiques. Quelques orateurs en ont donné des exemples, chiffres à l'appui.

« C'est de la naissance à l'âge de 3 ans que se forment dans le cerveau de l'enfant les principaux liens neurologiques et biologiques qui lui serviront tout au long de sa vie », a déclaré J. Fraser Mustard, fondateur de l'Institut canadien de recherches avancées (ICRA).

Selon le chercheur, au Canada, le manque de stimulation des jeunes enfants se traduit, une fois devenus adultes, par des coûts sociétaux annuels élevés. Ces coûts sont estimés à 120 milliards de dollars pour les actes criminels, et 100 milliards de dollars liés aux troubles mentaux et psychologiques.

« Dans le même temps, on estime qu'il ne coûterait que 18,5 milliards par an pour établir un réseau universel de centres de développement de l'enfant et des parents, qui desservirait 2,5 millions d'enfants âgés de 0 à 6 ans. à travers le pays », souligne J Fraser Mustard.

Le prix Nobel d'économie, James J. Heckman, croit aussi à l'action dès le plus jeune âge. Les interventions préventives précoces ont un impact économique plus important que toute autre intervention effectuée plus tard dans l'enfance - comme la réduction du ratio élèves-enseignant, explique le professeur d'économie de l'Université de Chicago.

L'inverse est également vrai : la maltraitance des enfants aura un impact sur les coûts de santé plus tard. « À l'âge adulte, le risque de maladie cardiaque augmente 1,7 fois chez un enfant qui a souffert de déficiences émotionnelles ou qui a vécu dans une famille criminalisée », dit-il. Ce risque est 1,5 fois plus élevé chez les enfants maltraités et 1,4 fois plus élevé chez ceux abusés sexuellement, vivant dans une famille violente ou ayant été physiquement négligés ».

Enfin, le directeur national de la santé publique du Québec, Dr Alain Poirier a soutenu que les sommes investies dans les services éducatifs préscolaires s'avèrent rentables. « Sur une période de 60 ans suivant l'utilisation de quatre ans d'un tel service, le rendement de chaque dollar investi est évalué à 4,07 $ », a-t-il conclu.

 

Martin LaSalle - PasseportSanté.net

 

1. Le 13e édition de la Conférence de Montréal a eu lieu du 18 au 21 juin 2007.

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