Gynécologue : les cures thermales, ça peut marcher

Gynécologue : le point sur les cures thermales

L'hydrothérapie permet également d'atténuer les problèmes gynécologiques tels que l'endométriose, la sécheresse vaginale ou encore les mycoses. Quelques stations sont désormais spécialisées en France.

Cure thermale, après avoir tout essayé

Cette cicatrice est peut-être la plus invisible de toutes, mais elle est parfois la plus obsédante. Sur son épisiotomie, Nelly, 27 ans, aurait presque pu écrire un roman. « J'ai accouché en octobre 2007 sans difficultés majeures, raconte la jeune femme. j'avais précisé que je ne voulais pasépisiotomie. J'y avais encore droit et, en plus, la sage-femme ne pouvait pas me coudre. Après cela, j'ai souffert constamment. Cela m'a tiré dessus. Mon gynécologue m'a dit que la cicatrice était enflammée. Nelly essaie les œufs et les crèmes, sans succès. Elle essaie l'homéopathie et l'acupuncture. Échec. En six mois, la jeune maman a épuisé l'arsenal médical possible pour cette indication. « Et puis ma gynécologue m'a parlé de la cure thermale, même si elle semblait croire davantage en ses œufs. J'y suis allé en désespoir de cause. » Nelly a la chance d'habiter à dix minutes du centre thermal de Challes-les-Eaux (Savoie). Pendant un mois, chaque matin, elle s'y rend pour une série de sprays et douches vaginales à base d'une des eaux les plus soufrées d'Europe. Rien de très glamour mais le résultat est vite là. « Quand je suis arrivé, le médecin a remarqué que la cicatrice me démangeait beaucoup, il ne pouvait même pas mettre de spéculum. Au bout d'une semaine, je n'avais déjà plus de douleur. Au bout d'un mois, j'étais totalement guéri. J'aurais aimé qu'ils m'en parlent plus tôt ! "

Les cures thermales, très efficaces contre les affections chroniques

Très peu de gynécologues, médecins généralistes ou sages-femmes savent que les cures thermales (ou crénothérapie) peuvent être prescrites pour les douleurs menstruelles, l'endométriose ou les mycoses récidivantes. Ce type de prescription ne représente que 0,4% des orientations thérapeutiques du thermalisme. Cependant, lorsqu'elles sont prescrites, ces cures de trois semaines sont entièrement ou presque entièrement prises en charge par la Sécurité sociale. Trois stations ont concentré leurs soins sur la gynécologie : Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) et Salies-du-Salat (Haute-Garonne). Une dizaine d'autres centres, notamment Challes-les-Eaux, en ont fait une orientation secondaire. Ces traitements sont-ils efficaces ? Il existe peu d'études importantes et fiables. Néanmoins, un récent rapport de l'Académie de médecine souligne que « les eaux ferrugineuses améliorent spécifiquement les affections inflammatoires gynécologiques chroniques ». Une autre étude* précise que la crénothérapie « est une excellente méthode si elle est combinée avec d'autres moyens thérapeutiques ; il peut être un adjuvant remarquable dans le traitement des pathologies chroniques. " 

Le Dr Chamiot-Maitral, gynécologue, travaille à la station de Challes-les-Eaux. D'abord dubitative, elle dut revoir son jugement. « Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Et j'ai rapidement vu que les résultats pour les patients atteints d'infections à levures récurrentes étaient excellents. J'ai vu arriver des jeunes femmes épuisées, qui avaient tout essayé et ne se soignaient même plus. La cure leur offre généralement un répit d'un an et nous conseillons de le renouveler deux fois. Les résultats sont également très bons pour l'endométriose et les cicatrices douloureuses d'épisiotomie. "Le professeur Denis Gallot, gynécologue obstétricien au CHU de Clermont-Ferrand, serait plutôt favorable à" si ça ne fait pas du bien, ça ne fait pas mal quand même. Pour les patients pris au piège de la douleur, qui ont consulté vingt-cinq médecins différents, une cure a de réelles vertus. "

Cure thermale et AMP : des résultats qui ne font pas consensus

Avec l'augmentation marquée de la procréation médicalement assistée, une autre indication du thermalisme apparaît de plus en plus : la lutte contre l'infertilité. Là encore, aucune étude n'a démontré scientifiquement les bienfaits des eaux thermales sur l'ovulation ou sur la qualité de la glaire cervicale. La revue Prescrire est même sévère : « La prescription d'une cure thermale pour stérilité est un canular inacceptable. " 

Evidemment, il arrive que les grossesses surviennent après les cures. Le Dr Chamiot-Maitral a l'honnêteté de se demander : « Est-ce vraiment le remède ? Je ne sais pas. Ce que je remarque, c'est que ces patientes se plaignent souvent d'une sécheresse vaginale persistante, et après une semaine de traitement, elles constatent une augmentation de la glaire cervicale. Elisabeth, 34 ans, l'a vécu. « En raison de l'endométriose, j'ai dû subir une FIV. Après quatre échecs, je me suis renseigné sur la cure thermale. Nous avons parlé au médecin qui a accepté de nous le prescrire. Déjà, moralement, ça m'a fait beaucoup de bien. C'était un endroit sûr, j'étais dans un cocon. Et J'ai tout de suite senti la différence au niveau de la muqueuse qui était plus lubrifiée. Et bien ça change tout ! Les rapports physiques, qui étaient devenus une torture, redevinrent agréables. Ceci est important lorsque vous essayez de concevoir un enfant! J'étais moins attaché, je n'avais plus mal au ventre. Je me suis reposé et j'ai récupéré moralement. Je n'ai pas encore de bébé, cela ne fait que quelques semaines, mais pour moi c'est déjà énorme. Les femmes au milieu de l'AMP savent que dans ce domaine, il n'y a pas de remède miracle garanti à 100%. Ils prennent généralement les cures thermales pour ce qu'elles sont : une manière de mettre toutes les chances de leur côté. Quel que soit le problème à traiter, la plupart des patientes profitent de leurs vacances pour bénéficier de ces soins, troquant les bains de soleil contre un été pour des irrigations vaginales. C'est certain, formulé ainsi, ça ne fait pas rêver ! Mais les femmes concernées consentent volontiers à ce petit sacrifice, trop heureuses de pouvoir, enfin, se réconcilier avec le cœur de leur féminité.

* « Crénothérapie et gynécologie », par MA Bruhaut, R. Fabry, S. Stamburro, CHU de Clermont-Ferrand.

Les cures thermales : des soins très techniques

Pendant trois semaines, la patiente subissant un traitement gynécologique recevra des soins totalement indolores mais plutôt invasifs et intimes. Chaque matin, en position gynécologique, le curiste subit à tour de rôle, ou au choix, la douches vaginalessprays, irrigations, colonisation (introduction derrière le vagin d'une compresse stérile imbibée d'eau minérale et maintenue pendant douze heures). Le but peut être d'atteindre le col de l'utérus avec des pulvérisations d'eau minérale, de décongestionner tout le système pelvien, de favoriser la cicatrisation du périnée, de soulager l'inflammation de la muqueuse utérine. Selon les indications, il faut trouver la bonne eau (les eaux thermales ont différentes propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes, drainantes, décongestionnantes…) et donc le bon centre. Quel que soit le centre choisi, le cadre est généralement agréable, avec une esthétique des années 1930. Le personnel infirmier, souvent composé de sages-femmes, est compétent et à l'écoute, les patients peuvent se retrouver autour d'un café en attendant leur prochain traitement, profitant de ce gynécée convivial pour exprimer ce qu'ils ne diront pas à un compagnon.

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