Hirsutisme : qu'est-ce qu'être hirsute ?

Hirsutisme : qu'est-ce qu'être hirsute ?

L'hirsutisme est une maladie touchant uniquement les femmes, caractérisée par une augmentation de la pilosité de la barbe, du torse… source de souffrance psychologique souvent importante pour les femmes atteintes.

Définition

Définition de l'hirsutisme

Il s'agit du développement exagéré de la pilosité dans les zones masculines (barbe, torse, dos, etc.) dès l'adolescence ou brutalement chez une femme adulte.

Hirsutisme ou pilosité excessive ?

On distingue l'hirsutisme d'une augmentation de la pousse normale des cheveux (bras, jambes, etc.) appelée hypertrichose. Les cheveux de l'hypertrichose n'affectent donc que les zones normales chez la femme, mais les cheveux sont plus longs, plus épais et plus épais que d'habitude. 

Contrairement à l'hirsutisme, cette hyperpilosité existe le plus souvent déjà dans l'enfance et touche les deux sexes. L'hypertrichose est le plus souvent familiale et elle est fréquente autour du bassin méditerranéen et chez les bruns. Les traitements hormonaux ne sont donc pas efficaces et l'épilation au laser est généralement proposée.

Causes

L'hirsutisme est le reflet d'un effet des hormones mâles sur l'organisme féminin. Il existe trois principaux types d'hormones qui peuvent avoir un impact sur la croissance des cheveux dans les zones masculines chez les femmes :

Hormones mâles de l'ovaire (testostérone et Delta 4 Androstenedione):

Leur augmentation peut être le reflet d'une tumeur ovarienne sécrétant ces hormones mâles ou plus fréquemment de microkystes sur les ovaires sécrétant ces hormones (syndrome des ovaires micropolykystiques). En cas d'élévation des taux sériques de testostérone ou de Delta 4-androstènedione, le médecin prescrit une échographie endovaginale pour rechercher ces deux pathologies (ovaires micropolykystiques ou tumeur ovarienne).

Hormones mâles de la glande surrénale

Il s'agit du SDHA pour De Hydroepi Androstérone Sulfate sécrété par une tumeur surrénale et plus fréquemment il s'agit d'une hyperandrogénie fonctionnelle surrénale par augmentation modérée de la sécrétion de 17 hydroxyprogestérone (17-OHP) nécessitant alors un test de stimulation au Synacthène® pour confirmer le diagnostic. Plus rarement, parce qu'elle est systématiquement dépistée à la naissance par un prélèvement sanguin du talon au 3ème jour de vie en mesurant le taux de 17 hydroxyprogestérone (17-OHP) dans le sang, l'anomalie peut être congénitale : il s'agit d'actes congénitaux hyperplasie surrénale par déficit en 21-hydroxylase liée à la mutation de son gène sur le chromosome 6.

Le cortisol

L'augmentation du cortisol dans le sang (syndrome de Cushing) peut être due à une utilisation prolongée de corticostéroïdes, à une tumeur surrénale sécrétant du cortisol ou à une tumeur sécrétant de l'ACTH (une hormone qui sécrète du cortisol par la glande surrénale).

Les causes tumorales sont souvent d'apparition brutale chez une femme adulte, alors que l'hirsutisme présent à l'adolescence est le plus souvent dû à une hyperandrogénie fonctionnelle ovarienne ou surrénale.

Avec des dosages hormonaux normaux et une échographie ovarienne normale, on parle d'hirsutisme idiopathique.

En pratique donc, en présence d'hirsutisme, le médecin demande un dosage sanguin de testostérone, Delta 4-androstènedione, SDHA et 17-hydroxyprogestérone (avec test Synacthène® s'il est modérément élevé), cortisolurie en cas de suspicion de Cushing et une échographie ovarienne.

Les posologies doivent être demandées sans prise de cortisone, sans contraception hormonale pendant trois mois. Ils doivent être effectués le matin vers 8 heures et un des six premiers jours du cycle (ils ne doivent pas être demandés pendant les trois premières années de l'adolescence car ils sont sans importance).

Symptômes de la maladie

Poils durs sur le visage, le thorax, le dos… chez la femme.

Le médecin recherche d'autres signes liés à l'hyperandrogénie (augmentation des hormones mâles) : hyperséborrhée, acné, alopécie ou calvitie androgénétique, troubles des règles… ou virilisation (hypertrophie clitoridienne, voix grave et rauque). Ces signes suggèrent une augmentation des taux d'hormones dans le sang et ne plaident donc pas en faveur d'un hirsutisme idiopathique.

L'apparition brutale de ces signes oriente plutôt vers une tumeur alors que leur installation progressive dès l'adolescence est plutôt en faveur d'une hyperandrogénie fonctionnelle ovarienne ou surrénale, voire d'un hirsutisme idiopathique si les examens sont normaux.

Les facteurs de risque

Les facteurs de risque d'hirsutisme chez la femme comprennent :

  • prendre de la cortisone pendant plusieurs mois (syndrome de Cushing)
  • obésité : elle peut refléter un problème de cortisol ou faire partie d'un syndrome des ovaires polykystiques. Mais on sait aussi que la graisse a tendance à favoriser la métabolisation des hormones mâles.
  • antécédents familiaux d'hirsutisme

Evolution et complications possibles

L'hirsutisme lié à une tumeur expose les personnes à des risques liés à la tumeur elle-même, surtout si elle est maligne (risque de métastases, etc.)

L'hirsutisme, qu'il soit tumoral ou fonctionnel, outre son inconvénient esthétique, se complique souvent d'acné, folliculite, calvitie chez la femme...

L'avis de Ludovic Rousseau, dermatologue

L'hirsutisme est un problème relativement courant qui afflige la vie des femmes touchées. Heureusement, il s'agit le plus souvent d'hirsutisme idiopathique, mais le médecin ne peut confirmer ce diagnostic que lorsque tous les tests ont été effectués et sont normaux.

L'épilation au laser a changé la vie des femmes concernées, d'autant plus qu'elle peut être partiellement remboursée par la Sécurité sociale après accord préalable avec le médecin-conseil, en cas d'hirsutisme avec taux sanguins anormaux d'hormones masculines.

 

Traitements

Le traitement de l'hirsutisme repose sur le traitement de la cause et l'association de la prise d'anti-androgènes et de techniques d'épilation ou d'épilation

Traitement de la cause

Ablation d'une tumeur ovarienne ou surrénale, tumeur sécrétant de l'ACTH (souvent localisée dans le poumon)… si nécessaire.

Association d'une épilation ou technique d'épilation et d'un anti-androgène

Les techniques d'épilation ou d'épilation doivent être associées à un traitement hormonal anti-androgène pour limiter le risque de repousse des poils grossiers

Épilation et épilation

De nombreuses techniques peuvent être utilisées comme la décoloration des cheveux, le rasage, les crèmes dépilatoires, l'épilation à la cire ou encore l'épilation électrique au cabinet du dermatologue qui est douloureuse et fastidieuse.

Il existe une crème à base d'éflornithine, une molécule antiparasitaire qui, appliquée localement, inhibe l'ornithine décarboxylase, une enzyme impliquée dans la production de cheveux par le follicule pileux. C'est Vaniqa® qui, appliqué deux fois par jour, réduit la pousse des cheveux.

L'épilation au laser est indiquée en cas d'hirsutisme étendu. Il est associé à un traitement anti-androgène pour prévenir les récidives.

Anti androgènes

Le terme anti-androgène signifie que la molécule inhibe la liaison de la testostérone (pour être précis la 5-dihydrotestostérone) à son récepteur. La testostérone n'ayant plus accès à ses récepteurs dans les cheveux, elle ne peut plus avoir d'effet stimulant.

Il y en a deux utilisés dans la pratique courante :

  • l'acétate de cyprotérone (Androcur®) est remboursé en France dans l'indication de l'hirsutisme. En plus de son activité de blocage des récepteurs anti-androgènes, il a également un effet antigonadotrope (il diminue la production d'androgènes en réduisant la stimulation hypophysaire) et une inhibition du complexe 5-dihydrotestostérone/récepteur au niveau de la protéine de liaison aux androgènes. .

C'est un progestatif qu'il faut donc le plus souvent associer à des œstrogènes pour mimer le cycle hormonal naturel de la femme : le médecin prescrit le plus souvent un comprimé d'Androcur® 50 mg/jour associé à un œstrogène naturel en comprimé, gel ou patch, vingt jours sur vingt-huit.

L'amélioration de l'hirsutisme n'est observée qu'après environ 6 mois de traitement.

  • la spironolactone (Aldactone®), un diurétique, peut être proposée hors AMM. Outre son effet bloquant les récepteurs anti-androgènes, il inhibe la synthèse de testostérone. Le médecin prescrit deux comprimés par jour de 50 ou 75 mg pour atteindre la dose quotidienne de 100 à 150 mg/jour, en association, quinze jours par mois, avec un progestatif non androgène pour éviter les troubles du cycle. Comme avec l'acétate de cyprotérone, l'effet ne commence à être observé qu'après 6 mois de traitement, parfois un an.

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