L'enseignement à domicile : un choix, mais à quelles conditions ?

L'enseignement à domicile : un choix, mais à quelles conditions ?

Après plus de douze heures de discussions houleuses, l'Assemblée nationale a validé le 12 février 2021 un nouvel article de loi qui modifie l'éducation familiale. Jugé plus Contraignant par beaucoup, ce texte remplace la simple déclaration par une demande d'autorisation auprès des services de l'Etat.

L'école à la maison, pour quels enfants ?

Adoptée le 12 février, cette nouvelle loi est débattue. La loi prévoit que l'autorisation de l'Instruction Familiale (IEF) ou Ecole à Domicile, ne peut être accordée que pour :

  • raison de santé;
  • handicap;
  • pratique artistique ou sportive ;
  • l'itinérance familiale;
  • retrait d'un établissement;
  • et aussi en cas de situation propre à l'enfant motivant le projet éducatif.

Dans tous ces cas, la loi mentionne que « l'intérêt supérieur de l'enfant » doit être respecté.

Quelques chiffres…

En France, plus de 8 millions d'enfants sont soumis à l'obligation scolaire. Et quand on parle d'éducation, il ne s'agit pas d'une obligation d'aller à l'école, mais d'une obligation pour les parents de donner une éducation à leurs enfants, selon le mode qu'ils choisissent (public, privé, hors contrat, cours à distance, enseignement à domicile). , etc.).

Cette obligation est valable pour les enfants âgés de 6 à 16 ans selon le code de l'éducation, articles L131-1 à L131-13.

De plus en plus de familles choisissent l'enseignement à domicile. A la rentrée 2020, ils représentent 0,5% du total des élèves français, soit 62 enfants, contre 000 sur 13.

Une augmentation qui a alerté les pouvoirs publics craignant une montée de la radicalisation dès le plus jeune âge.

Quelles obligations ?

Les enfants scolarisés en famille ont pour objectif d'atteindre le même niveau de connaissances, de raisonnement et de développement psychomoteur que les enfants scolarisés dans les écoles de l'Éducation nationale. Ils devront acquérir « le socle commun d'apprentissages et de connaissances ».

Chaque famille est libre de choisir ses méthodes d'apprentissage, pour autant qu'elles soient en adéquation avec les capacités physiques et intellectuelles de l'enfant.

Jusqu'à présent, ces familles devaient simplement déclarer l'enseignement à domicile de leurs enfants à la mairie et à l'académie, contrôlées une à deux fois par an par les inspecteurs de l'Éducation nationale.

Et les enfants handicapés ?

Certains enfants sont scolarisés à domicile par choix, mais la plupart d'entre eux par nécessité.

Il existe bien un dispositif appelé École Inclusive, mais les parents se heurtent régulièrement à un manque de places, à l'éloignement des établissements, au manque d'accompagnement ou à des démarches administratives lourdes pour espérer une place dans un établissement.

Les équipes éducatives, déjà très sollicitées, sont même parfois laissées seules à faire face aux différentes pathologies, pour lesquelles elles n'ont ni les clés, ni la formation, ni le temps de pouvoir y répondre.

Une expulsion non consentie qui impose déjà de nombreuses contraintes. Alors, en 2021, cette loi est préoccupante.

Certains parents d'enfants handicapés et des associations, comme l'AEVE (Association autisme, espoir vers l'école), craignent une procédure « lourde et incertaine » qui risque de mettre un chat dans les roues « de familles déjà surchargées. « Puisqu'ils » devront constituer un dossier chaque année ».

« Quand on sait qu'il faut attendre neuf mois pour obtenir un accompagnement par une aide humaine à la scolarité ou une orientation vers un dispositif spécialisé, combien de temps faudra-t-il pour obtenir cette autorisation ? », s'interroge de son côté l'association Toupi qui a adressé un courrier aux députés fin décembre 2020 pour défendre les intérêts des étudiants en situation de handicap.

Toupi craint que l'Éducation nationale ne requière un avis de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), comme c'est le cas pour l'inscription au CNED (Centre national d'enseignement à distance). Ce dispositif est dédié aux enfants malades et handicapés.

Qui détermine la « scolarisation impossible » ?

L'étude d'impact de ce projet de loi annonce que le gouvernement n'accordera l'exemption en cas de maladie ou d'invalidité que dans des cas limités, où la scolarisation « serait rendue impossible ».

Mais qui pourra observer une scolarité impossible dénonce l'AEVE. Pour les enfants autistes, la scolarisation « à tout prix » n'est pas adaptée.

« Les services du rectorat prendront en considération le projet formé par les parents et tous les critères qui leur permettront d'accorder ou non cette autorisation », répondait en décembre 2020, une source de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale.

Pour Bénédicte Kail, conseillère à l'éducation nationale APF France handicap, « il existe un certain nombre de situations où cette autorisation pourrait être vécue de manière particulièrement violente et injuste, par exemple lorsque l'éducation familiale n'est qu'un choix par défaut. quand l'école est loin d'être inclusive ».

« Il y a aussi la question de la situation de la famille en attente de cette nouvelle autorisation lorsqu'elle a été contrainte de retirer son enfant de l'école, peut-être en urgence, décision parfois imposée par l'établissement, par exemple une école. qui refuse d'accueillir l'enfant sans AESH (accompagnant un élève handicapé) car, même si c'est illégal, ça arrive quand même… », poursuit Bénédicte Kail. Sera-t-elle hors-la-loi ??

« Quelle gêne supplémentaire infligerons-nous à ces familles qui non seulement voient leurs enfants rejetés des écoles mais vont aussi devoir demander une autorisation pour scolariser à domicile ceux dont l'école ne veut pas ?! », ajoute Marion Aubry, vice-présidente de Toupi.

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