Comment le bébé se sent-il pendant l'accouchement?

Accouchement côté bébé

Heureusement, le temps est révolu où le fœtus était considéré comme un ensemble de cellules sans intérêt. Les chercheurs s'intéressent de plus en plus à la vie prénatale et découvrent chaque jour les incroyables compétences que les bébés développent in utero. Le fœtus est un être sensible, qui a une vie sensorielle et motrice bien avant la naissance. Mais si l'on en sait désormais beaucoup sur la grossesse, l'accouchement cache encore bien des mystères. Que perçoit le bébé lors de l'accouchement ?Y a-t-il une douleur fœtale dans ce moment spécial ? Et si oui, comment est-ce ressenti ? Enfin, cette sensation est-elle mémorisée et peut-elle avoir des conséquences pour l'enfant ? C'est vers le 5ème mois de grossesse que des récepteurs sensoriels apparaissent sur la peau du fœtus. Cependant, est-il capable de réagir à des stimuli externes ou internes tels que le toucher, les variations de température ou encore la luminosité ? Non, il devra attendre encore quelques semaines. Ce n'est qu'au troisième trimestre que les voies de conduction qui peuvent transmettre des informations au cerveau sont actives. A ce stade et donc a fortiori au moment de la naissance, le bébé est capable de ressentir de la douleur.

Le bébé dort pendant l'accouchement

A la fin de la grossesse, l'enfant est prêt à sortir. Sous l'effet des contractions, il descend progressivement dans le bassin qui forme une sorte de tunnel. Il effectue divers mouvements, change plusieurs fois d'orientation pour contourner les obstacles tout en étendant le cou. La magie de la naissance opère. Si l'on pourrait penser qu'il était maltraité par ces violentes contractions, il dort néanmoins. La surveillance de la fréquence cardiaque pendant l'accouchement confirme que le bébé somnole pendant le travail et ne se réveille qu'au moment de l'expulsion. Cependant, certaines contractions très intenses, notamment lorsqu'elles ont été stimulées dans le cadre d'un déclencheur, peuvent le réveiller. S'il dort, c'est parce qu'il est calme, qu'il n'a pas mal… Ou alors c'est que le passage d'un monde à l'autre est une telle épreuve qu'il préfère ne pas être éveillé. Théorie partagée par certaines professionnelles de l'accouchement comme Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste de la maternité : « On peut penser que les sécrétions hormonales conduisent à une sorte d'analgésie physiologique chez le bébé. Quelque part, le fœtus s'endort pour mieux accompagner l'accouchement ». Cependant, même somnolent, le bébé réagit à l'accouchement avec différentes variations cardiaques. Lorsque sa tête appuie sur le bassin, son cœur ralentit. A l'inverse, lorsque les contractions tordent son corps, son rythme cardiaque s'accélère. « La stimulation fœtale provoque une réaction, mais tout cela ne nous dit rien sur la douleur », explique Benoît Le Goëdec, sage-femme. Quant à la souffrance fœtale, elle n'est pas non plus l'expression de la douleur en tant que telle. Elle correspond à une mauvaise oxygénation du bébé et se manifeste par des rythmes cardiaques anormaux.

L'impact de la naissance : à ne pas négliger

La tête claire, la sage-femme retire une épaule puis l'autre. Le reste du corps de l'enfant suit sans difficulté. Votre enfant vient de naître. Pour la première fois de sa vie, il respire, il pousse un immense cri, vous découvrez son visage. Comment se sent le bébé lorsqu'il arrive dans notre monde ? " Le nouveau-né est d'abord surpris par le froid, il fait 37,8 degrés dans le corps de la femme et il n'a pas cette température dans les salles d'accouchement, encore moins dans les blocs opératoires. souligne Myriam Szejer. Il est aussi ébloui par la lumière car il n'y a jamais été confronté. L'effet de surprise est amplifié en cas de césarienne. «Toute la mécanique du travail pour le bébé n'a pas eu lieu, il a été ramassé même s'il n'avait donné aucun signe qu'il était prêt. Cela doit être extrêmement déroutant pour lui », poursuit le spécialiste. Parfois, l'accouchement ne se passe pas comme prévu. Le travail s'éternise, le bébé a du mal à descendre, il faut l'extraire à l'aide d'un instrument. Dans ce type de situation, « un antalgique est souvent prescrit pour soulager l'enfant, observe Benoît Le Goëdec. Preuve que dès qu'il est dans notre monde, on considère qu'il y a eu de la douleur. "

Traumatisme psychologique pour le bébé?

Au-delà de la douleur physique, il y a le traumatisme psychologique. Lorsque le bébé naît dans des conditions difficiles (hémorragie, césarienne en urgence, accouchement prématuré), la mère peut inconsciemment transmettre son stress à l'enfant lors de l'accouchement et dans les jours qui suivent. " Ces bébés se retrouvent pris dans l'angoisse maternelle, explique Myriam Szejer. Ils dorment tout le temps pour ne pas la déranger ou ils sont très agités, inconsolables. Paradoxalement, c'est un moyen pour eux de rassurer la mère, de la maintenir en vie. "

Assurer la continuité dans l'accueil du nouveau-né

Rien n'est définitif. Et le nouveau-né a aussi cette capacité de résilience qui fait que lorsqu'il est blotti contre sa mère, il reprend confiance et s'ouvre sereinement au monde qui l'entoure. Les psychanalystes ont insisté sur l'importance de l'accueil du nouveau-né et les équipes médicales y sont désormais particulièrement attentives. Les spécialistes en périnatalité s'intéressent de plus en plus aux conditions de l'accouchement pour interpréter les différentes affections des jeunes enfants et des adultes. " Ce sont les circonstances de la naissance qui peuvent être traumatisantes, pas la naissance elle-même. Dit Benoît Le Goëdec. Lumière vive, agitation, manipulations, séparation mère-bébé. « Si tout se passe bien, il faut favoriser l'événement naturel, que ce soit dans les positions d'accouchement ou dans l'accueil du bébé. Qui sait, peut-être que le bébé ne se souviendra pas de l'effort considérable qu'il a fallu pour naître, s'il est accueilli dans un climat doux. « L'essentiel est d'assurer la continuité avec le monde qu'il vient de quitter. », confirme Myriam Szejer. La psychanalyste rappelle l'importance des mots à adresser au nouveau-né, notamment si l'accouchement a été difficile. « Il est important de raconter au bébé ce qui s'est passé, pourquoi il a dû être séparé de sa mère, pourquoi cette panique en salle d'accouchement… » Rassuré, l'enfant retrouve ses repères et peut alors commencer une vie tranquille.

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