« Comment j'ai adopté un lapin sur Le Bon Coin »

Dit comme ça, je ne peux pas le croire moi-même. Pourtant, lui, elle, puisque c'est un lapin, vient de grignoter ma nouvelle paire d'escarpins dans le salon. Histoire d'un crack que je ne regrette pas (ou peu).

Au départ, il y a une envie pressante et insistante des anciens d'avoir un animal, "steuplait maman !!" " Puis une promesse formulée lors de la grossesse de la troisième, comme pour consoler les grands de la situation qui les ravit autant qu'elle les inquiète : « Ok ok, on achètera un animal après la naissance du petit ». À votre santé.

Ensuite, il y a le choix… Le chat est rapidement éliminé pour cause d'allergie. Le chien manquerait d'espace. La tortue nous semble froide et distante. Les poules pourraient déranger les voisins. À ce stade, les enfants s'emballent pour un cobaye. Oui, un cochon d'inde c'est mignon mais ça manque de folie, on aimerait une punaise qui court dans le jardin et met l'ambiance. Même si à trois enfants, ce n'est pas le bruit et le désordre qui manquent.

Je sais pas trop comment l'idée finit par germer dans mon cerveau tendre et assombri par la fatigue, mais soudain je pense à un lapin. L'expérience racontée par un voisin sans doute conquis. La perspective d'un animal de compagnie qui vit « dans le jardin » je l'admets aussi. Sauf qu'après quelques coups de fil en animalerie, je deviens une experte. Et ceux-ci ne supportent pas le froid, à moins d'investir dans un lapin de ferme de 15 kg. Aucun rapport avec celui de la princesse Sofia...

Mon amant pugnace cherche alors un modèle ni nain ni maous. Les jardineries n'ont rien de tel. Bref, nous décidons de faire comme avec les meubles et regardons le Bon Coin. Bingo. Une liste de lapins est affichée près de chez nous. Après validation de chaque membre de la famille, Caramel fait l'objet d'une négociation par email, puis par téléphone. Nous avons failli passer un entretien d'embauche avant que la vendeuse ne nous donne son adresse. Nous sommes finalement jugés dignes de l'animal, sérieux, avertis, gentils.

Une semaine plus tard, les enfants et leur père vont chercher Caramel.Un collègue nous donne une cage. Nous achetons de la nourriture et de la paille. Le caramel devrait d'abord vivre à l'intérieur. C'est-à-dire. Il fera son caca dans sa litière très rapidement si on le remet dans les premiers jours. C'est-à-dire. Le caramel est une croix de bélier angora. Ses cheveux sont donc ébouriffés comme ceux d'une grand-mère au réveil. C'est-à-dire. Les enfants sautent de bonheur en imitant leur petit ami. L'animal calme même l'ambiance car il faut « faire attention », « faire attention », « observer » mais ne pas rêver, je te vois, aucun animal, même le plus chouette, n'empêche les colères et les caprices.

Très vite on laisse la cage ouverte… On finit même par l'enlever. Le lapin marche. Seuls la cuisine et le bureau sont interdits. Elle nous écoute. Elle mange nos épluchures. Elle rebondit sur le tapis pendant que nous faisons du yoga. Elle grimpe sur le canapé pour se faire des câlins pendant le film. On le peigne, on le caresse, on le sort. Son clapier, fait par papy pour les beaux jours, l'attend. Mais je doute qu'elle y passe la nuit tant nous nous sommes habitués à sa présence, les oreilles repliées et les yeux si doux.

C'est sûr que parfois, c'est chiant. Il y a des accidents de pipi, des fientes près de la litière. Il faut acheter sa nourriture, trouver un être cher pour la garder pendant les vacances. Le petit tire ses oreilles ou sa queue de façon sadique. Les billes ou les morceaux de poulet pané ne peuvent pas traîner sur les carreaux. Nos chargeurs sont grignotés, nos fils de chargeur doivent rester cachés, l'aspirateur est rempli de paille…

Comme si nous aimions ajouter des contraintes. A moins que ce ne soit la tendresse, la joliesse, la chaleur qui se dégage de son pelage ? Et nous offre un peu de nature à contempler et à chérir tous ensemble… Et c'est l'effet secondaire du pet : on devient gaga comme avec un nouveau-né.

 

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