Mère-bébé : une séduction réciproque

Le nourrisson, un petit être très actif

Lulu a faim, et comme tous les nourrissons qui rencontrent cette sensation inconfortable, il se met à gigoter, à se tortiller et à pleurer bruyamment pour attirer l'attention de la personne la mieux qualifiée pour apaiser ses tensions et lui donner satisfaction : sa maman ! Loin d'être passif, un nouveau-né est immédiatement en communication et en échange. Même s'il est né immature et dépendant de son entourage pour sa survie, même s'il ne peut pas se déplacer de façon autonome, chaque bébé vient au monde avec un grand potentiel d'intelligence. Il reconnaît l'odeur, le lait, la voix, le langage de sa mère et développe des moyens d'action efficaces pour agir sur son monde afin de le transformer selon ses besoins. Le célèbre pédiatre anglais Donald W. Winnicott a toujours insisté sur la bonne activité du nourrisson. Selon lui, c'est le bébé qui fait sa mère, et il suffit de regarder un enfant regarder dans les yeux sa mère pendant qu'il tète, lui sourire lorsqu'elle se penche vers lui, pour comprendre à quel point il peine à lui plaire...

Déjà un grand séducteur !

Mettre l'accent sur l'activité d'un enfant dès les premières semaines de vie ne minimise en rien le rôle essentiel des adultes qui s'occupent d'eux. Il n'y a pas de bébé tout seul ! On ne peut pas parler d'un nouveau-né sans tenir compte de l'environnement dans lequel il naît. Pour grandir et s'épanouir, il a besoin de bras qui le bercent, de mains qui le caressent, d'yeux qui le regardent, d'une voix qui le rassure, d'un sein (ou d'un biberon) qui le nourrit, de lèvres qui le nourrissent. étreinte… Tout cela, il le trouve chez sa mère. Totalement sous le charme de son bébé, elle traverse une période particulière que Winnicott appelle « Préoccupation maternelle primaire ». Cet état psychique particulier, cette « folie » lui permettant de ressentir, deviner, comprendre ce dont son bébé a besoin, débute quelques semaines avant la fin de la grossesse et se poursuit deux ou trois mois après l'accouchement. Connectée à son nourrisson, capable de s'identifier à lui, la jeune naissance peut apporter « à peu près au bon moment » ce qui est nécessaire à son enfant. Ce « à peu près » est fondamental pour Winnicott, qui parle d'une mère « assez bonne » et non d'une mère toute-puissante qui comblerait tous les désirs de son bébé.

Être une mère attentive et « ordinaire »

Pour être une bonne mère, il suffit donc d'être une mère ordinaire, attentive juste ce qu'il faut mais pas plus. C'est rassurant pour tous ceux qui doutent, qui se demandent s'ils y arriveront, qui ont l'impression de ne pas comprendre leur petit. Les pleurs d'un nouveau-né n'ont pas trente-six significations, et vous n'avez pas besoin de parler couramment le « bébé » pour comprendre qu'il dit : « Je suis sale » ou « Je suis chaud » ou « Je » j'ai faim" ou "Je veux un câlin". La réponse la plus immédiate – et la plus évidente – à toutes ses demandes est de le serrer dans ses bras, de vérifier si sa couche est sale, de prendre sa température corporelle, de lui offrir quelque chose à manger. Attention, lui donner le sein ou le biberon ne doit pas devenir une réponse systématique. Un bébé peut pleurer parce qu'il s'ennuie et a besoin de contact. Après quelques semaines, grâce à des interactions répétées, il envoie des signaux que sa mère déchiffre de mieux en mieux. Ceux qui ne le font pas sont parasités par trop d'informations extérieures, trop d'opinions différentes. La solution est simple. Tout d'abord, faites-vous confiance, arrêtez d'intellectualiser, faites ce que vous ressentez même si cela ne correspond pas en tout point aux prescriptions des pédiatres. Les conseils des copines, mères et belles-mères, on oublie aussi !

Les regards, les sourires… indispensables.

Comme un petit humain est tout de suite sensible aux mots et à la musique, sa mère peut le calmer en lui parlant, en chantant. Elle peut également apaiser ses pleurs en plaçant une main sur son dos, en l'enveloppant étroitement. Tout ce qui le retient physiquement le rassure. Cette « tenue », comme l'appelle Winnicott, est autant psychique que physique. Tous les petits gestes qui entourent l'allaitement, le toilettage, le changement, la façon dont une mère manipule le corps de son enfant lors des soins qu'elle lui prodigue, sont significatifs, comme un langage. Les regards, les mots, les sourires échangés lors de ces moments ensemble sont essentiels. Dans ces moments de partage, chacun devient le miroir de l'autre. La routine du jour et de la nuit, la monotonie des repas, des bains, des sorties qui reviennent périodiquement à la fois permettent à l'enfant de trouver des repères et d'être suffisamment en sécurité pour commencer à s'ouvrir au monde qui l'entoure.

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