Contraception naturelle : lesquelles sont efficaces après la naissance du bébé ?

Les méthodes contraceptives naturelles ont le vent en poupe. Suite aux différents scandales sanitaires des pilules de 3e et 4e génération, par rejet du produit chimique ou du stérilet, de nombreuses femmes se tournent vers la contraception dite « naturelle ». On parle de « méthodes naturelles » pour désigner le fait de repérer les périodes fertiles et d'éviter d'avoir des rapports sexuels à ces moments-là. L'engouement est tel que la Fédération nationale des facultés de gynécologie médicale s'en est inquiétée l'an dernier. Dans un communiqué, la fédération prévient que "ces méthodes, mal appliquées, ont un taux d'échec compris entre 17 et 20%". Cette inquiétude est largement alimentée par le fait que les applications smartphones et les « méthodes à domicile » se multiplient sur les réseaux sociaux pour proposer des alternatives à la contraception traditionnelle. Il faut savoir que certaines de ces techniques ne sont pas fiables. D'autres le sont, mais ne conviennent pas à la contraception post-bébé. On fait le point avec Audrey Guillemaud, formatrice en contraception naturelle et auteur d'un livre sur le sujet*

Moniteurs de fertilité : on oublie !

Première méthode qui ne conviendra pas après un accouchement : les moniteurs électroniques de fertilité : « La plupart ne conviennent pas aux cycles irréguliers (ce qui est caractéristique des cycles post-partum), car leur logiciel n'analyse souvent que la température. et ne constate pas le retour des pertes fertiles et sanguines, qui à elles seules signifient l'ouverture de la fenêtre de fertilité ». Si l'on a utilisé ces logiciels avant d'avoir un bébé, ils peuvent inclure un calcul de calendrier pronostique sur les cycles précédents. Comme tout change après la grossesse, ils ne peuvent pas être applicables après l'accouchement. Normalement, cette information apparaît sur leur brochure.

Seule la méthode de la température : non !

Autre variante : la méthode « température seule » (prise chaque jour de votre température corporelle au réveil). Il ne convient pas à l'allaitement. Audrey Guillemaud explique : « On ne peut pas observer une élévation de température pendant l'allaitement car l'allaitement bloque l'ovulation (c'est le cas de beaucoup de femmes). La femme pourrait alors prendre sa température « pour rien » tous les matins pendant des semaines sans qu'elle augmente (et faire une grosse erreur : penser qu'elle ne sera fertile que lorsque sa température aura augmenté). Ce serait une erreur car vous pouvez redevenir fertile à tout moment pendant l'allaitement : dès la réapparition du liquide cervical pré-ovulatoire (quel que soit son aspect) ou dès l'apparition d'un saignement, quel qu'il soit. Les pertes – vues ou ressenties – sont donc le signe d'un retour à la fertilité et surviennent toujours AVANT la montée thermique. La perte de sang ou de mucus est alors un signe que la femme peut enfin recommencer à prendre sa température. Parce que la fertilité redémarre ! "

Méthode du calendrier : non recommandée

Chez les mauvaises élèves de la contraception, on retrouve aussi, (sans surprise) « la méthode du calendrier ou méthode Ogino ». En effet, cette méthode ne peut fonctionner que sur des cycles parfaitement réguliers, puisqu'il s'agit d'un calcul sur la base des cycles précédents, et non d'une auto-observation de ses cycles en cours, dans le présent. Pourtant, après un bébé, on est sur des cycles 100% irréguliers et imprévisibles… Même en dehors de la période post-partum, cette méthode de calcul sur calendrier est « déconseillée car peu fiable » selon Audrey Guillemaud.

En savoir plus sur les méthodes contraceptives naturelles

Des formations aux méthodes naturelles sont possibles partout en France avec plusieurs organismes : Billings, Fondation SymptoTherm, CLER Amour et Famille, Sensiplan, Séréna, etc… Des collectifs comme « Thomas Boulou », de leur côté, transmettent des informations sur les slips chauffants thermiques ou « boulocho » .

Retrait : ça ne marche pas !

Autre méthode encore plus désastreuse : le « retrait », qui consiste à ce que le partenaire interrompe le coït avant la fin des rapports sexuels. En effet, le « liquide séminal, qui contient déjà du sperme, est produit bien avant l'éjaculation. Ces spermatozoïdes sont fertiles et peuvent provoquer une grossesse à tout moment. Une méthode qui selon Audrey Guillemaud, est plutôt « roulette russe » et qui conviendrait davantage à « un couple potentiellement ouvert à une nouvelle naissance » ou à un couple qui « accepte ce qui vient ».

Les diaphragmes : attention à la taille

Concernant les méthodes barrières, pour l'accouchement post-partum, Audrey Guillemaud déconseille la majorité des diaphragmes dans les 3 mois qui suivent l'accouchement. « Chez certaines femmes, le vagin s'élargit et le tonus musculaire de ce dernier est moins bon. Dans ce cas, le diaphragme tient parfois moins bien. Dans d'autres, un espace trop petit ou trop grand au niveau du col apparaît : si un certain type de diaphragme était utilisé auparavant, il peut ne plus correspondre à la bonne mesure. » Le conseil d'Audrey Guillemaud ? « Six semaines après l'accouchement, il est bon de « remesurer » avec la sage-femme l'espace autour du col de l'utérus pour voir si le diaphragme est toujours de la bonne taille. » Remarque : s'il y a eu une descente d'organes lors de l'accouchement, il peut appuyer sur le diaphragme, ou le déplacer, d'où l'importance d'un examen et d'un bon suivi avec la sage-femme.

Quelles méthodes fiables après l'accouchement?

Si aucune contraception chimique ni mécanique n'est souhaitée, Audrey Guillemaud recommande d'appliquer la « méthode symptothermique adaptée au post-partum ». C'est-à-dire une observation de glaire cervicale vue et ressentie, et une perte de sang. Ou la méthode Billings (détaillée ici). « Les protocoles de symptothermie adaptés au post-partum sont très pratiques pour détecter tous les signes indiquant le retour réel de la fertilité. Notamment parce que le fameux « retour de l'accouchement » peut avoir eu lieu avec ou sans ovulation préalable. Les signes de mucus et de saignements sont alors précieux. "

Le préservatif : efficace comme méthode barrière

Enfin, selon elle, il vaut mieux revenir aux méthodes barrières traditionnelles comme l'utilisation du préservatif – être strict sur les réconciliations amoureuses avant de mettre le préservatif (!). Certaines marques proposent des « préservatifs écologiques », avec des gels lubrifiants bio ou écologiques pour éviter les produits chimiques nocifs qui pourraient perturber la flore vaginale. Ils sont largement recommandés. Recherchez les labels RSFU et bio et lisez attentivement les compositions, en évitant l'ajout de produits chimiques.

Pour toutes ces méthodes, il est important pour inclure le conjoint. Pour éviter que la charge mentale de la contraception ne repose uniquement sur la femme, elle doit être un projet de couple.

Boulocho : kezako ?

À cet égard, Audrey Guillemaud propose également d'explorer une autre méthode naturelle, spéciale pour les hommes : le slip chauffant thermique, le « testicule lift » ou le « boulocho ». « Les slips eux-mêmes ne chauffent pas. Les testicules sont simplement rapprochés du corps et c'est la chaleur corporelle qui agit. Placer les testicules contre l'abdomen élève leur température à 37°C, ce qui bloque la spermatogenèse. Cet appareil se conserve plusieurs heures par jour pour être efficace et se place sous les sous-vêtements habituels.

Témoignage : « Je ne veux plus prendre d'hormones »

« Avant d'avoir des enfants, j'ai pris la pilule pendant près de 20 ans. J'avais commencé tôt pour des problèmes d'acné. J'ai eu un premier bébé en retard et le deuxième 20 mois plus tard. Ma deuxième a moins d'un an et je l'allaite encore très souvent : toute la nuit et plusieurs fois par jour. Je tire aussi mon lait quand je suis au travail. Cela fonctionne bien car je n'ai pas encore eu mes règles. Côté contraceptif, même si je sais que ce n'est pas très fiable, on combine ça avec la méthode de retrait. Depuis des mois, j'ai la prescription pour la pose d'un stérilet mais je n'arrive pas à me motiver pour me le faire poser. J'aurais l'impression d'avoir quelque chose d'étranger dans mon corps, ça me dérange. Et une chose est sûre, je ne veux plus prendre d'hormones. Résultat, je ne sais pas vers qui me tourner. » Léa, 42 ans.

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