Tests de paternité en pharmacie : pourquoi sont-ils interdits ?

Tests de paternité en pharmacie : pourquoi sont-ils interdits ?

Aux États-Unis, si vous poussez la porte d'une pharmacie, il y a de fortes chances que vous trouviez des tests de paternité dans les rayons. Outre les tests de grossesse, les analgésiques, les sirops contre la toux, les médicaments contre l'arthrose, la migraine ou la diarrhée.

Au Royaume-Uni, la chaîne de pharmacies Boots a été la première à pénétrer ce marché. Des kits prêts à l'emploi y sont vendus, aussi simples d'utilisation qu'un test de grossesse. L'échantillon prélevé à domicile doit être retourné au laboratoire pour analyse. Et les résultats arrivent généralement 5 jours plus tard. En France ? C'est strictement interdit. Pourquoi ? En quoi consistent ces tests ? Existe-t-il des alternatives légales ? Éléments de réponse.

Qu'est-ce qu'un test de paternité ?

Un test de paternité consiste à déterminer si un individu est bien le père de son fils/fille (ou non). Elle repose le plus souvent sur un test ADN : l'ADN du père présumé et de l'enfant sont comparés. Ce test est fiable à plus de 99%. Plus rarement, c'est une prise de sang comparative qui apportera la réponse. Une prise de sang permet dans ce cas de déterminer les groupes sanguins de la mère, du père et de l'enfant, pour voir s'ils correspondent. Par exemple, un homme et une femme du groupe A ne peuvent pas avoir d'enfants du groupe B ou AB.

Pourquoi les tests sont-ils interdits en pharmacie ?

A ce sujet, la France se démarque de nombreux autres pays, notamment anglo-saxons. Plus que les liens du sang, notre pays choisit de privilégier les liens du cœur, créés entre un père et son enfant, même si le premier n'est pas le père.

Un accès facile aux tests dans les pharmacies permettrait à de nombreux hommes de voir que leur enfant n'est en fait pas le leur, et ferait probablement sauter de nombreuses familles dans le processus.

Certaines études estiment qu'entre 7 et 10 % des pères ne sont pas des pères biologiques, et l'ignorent. S'ils l'ont découvert ? Cela pourrait remettre en cause des liens d'amour. Et conduire au divorce, à la dépression, au procès… C'est pourquoi, jusqu'à présent, la réalisation de ces tests reste strictement encadrée par la loi. Seuls une dizaine de laboratoires à travers le pays ont reçu un agrément leur permettant de réaliser ces tests, uniquement dans le cadre d'une décision judiciaire.

Que dit la loi

En France, il est impératif qu'une décision judiciaire soit prise pour pouvoir effectuer un test de paternité. « Elle n'est autorisée que dans le cadre de procédures judiciaires visant à :

  • soit pour établir ou contester un lien de filiation ;
  • soit de recevoir ou de retirer une aide financière appelée subvention ;
  • ou pour établir l'identité des personnes décédées, dans le cadre d'une enquête de police », indique le ministère de la Justice sur le site service-public.fr.

Si vous souhaitez en faire la demande, vous aurez d'abord besoin de la porte d'un cabinet d'avocat. Il peut alors à son tour saisir le juge avec votre demande. Il y a plusieurs raisons de le demander. Il peut s'agir de lever le doute sur sa paternité dans le cadre d'un divorce, de vouloir une part d'héritage, etc.

A l'inverse, un enfant peut en faire la demande pour obtenir des subventions de son père présumé. L'accord de ce dernier est alors requis. Mais s'il refuse de se soumettre à l'épreuve, le juge peut interpréter ce refus comme un aveu de paternité.

Ceux qui enfreignent la loi encourent de lourdes peines, pouvant aller jusqu'à un an de prison et/ou une amende de 15 € (article 000-226 du code pénal).

L'art de contourner la loi

Alors si vous ne trouverez pas de test de paternité en pharmacie, il n'en est pas de même sur Internet. Pour la raison très simple que beaucoup de nos voisins autorisent ces tests.

Les moteurs de recherche feront défiler un choix infini de sites si vous tapez « test de paternité ». Une banalisation à laquelle beaucoup cèdent. Pour un prix souvent assez bas - bien moins en tout cas que de passer par une décision de justice -, vous envoyez un peu de salive prélevée à l'intérieur de votre joue et de celle de votre enfant présumé, et quelques jours ou semaines plus tard, vous recevrez le résultat dans une enveloppe confidentielle.

Attention : avec ces laboratoires pas ou peu contrôlés, il y a un risque d'erreur. De plus, le résultat est donné de manière brute, évidemment sans soutien psychologique, ce qui, selon certains, n'est pas sans risques. Découvrir que l'enfant que vous avez élevé, parfois pendant de très longues années, n'est pas réellement le vôtre, peut faire beaucoup de mal et bouleverser de nombreuses vies en un clin d'œil. Ces tests n'ont pas de valeur juridique devant les tribunaux. Or, 10 à 000 tests seraient commandés illégalement sur Internet chaque année… contre seulement 20 autorisés, dans le même temps, par les tribunaux.

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