Témoignages : ces papas qui ont pris un congé parental

Julien, papa de Léna, 7 mois : « C'était important de passer plus de temps avec ma fille qu'avec mes collègues les premiers mois. "

« Nous avons eu une petite fille prénommée Léna le 8 octobre. Ma compagne, fonctionnaire, a utilisé son congé maternité jusqu'à fin décembre, puis congé pour le mois de janvier. Pour être avec eux, j'ai d'abord pris un congé paternité de 11 jours. C'était notre premier mois à trois ans. Et puis j'ai continué avec un congé parental de 6 mois, jusqu'à fin août avec mes vacances. Nous avons pris la décision d'un commun accord. Après son congé maternité, ma compagne a été ravie de reprendre son travail, qui est à deux pas de chez nous. Compte tenu de notre contexte, c'est-à-dire l'absence de crèche avant la rentrée prochaine et mes 4h30 de transports par jour, c'était une décision cohérente. Et puis, on allait pouvoir se voir plus souvent qu'avant. Du coup, je me suis découvert papa au quotidien, moi qui ne connaissais rien aux enfants. J'apprends à cuisiner, je m'occupe des tâches ménagères, je change beaucoup de couches… Je fais la sieste en même temps que ma fille pour être en forme quand elle l'est. J'aime me promener avec elle 2 ou 3 heures par jour en poussette, redécouvrir ma ville en faisant le plein de souvenirs - pour elle et pour moi - en prenant de nombreuses photos. Il y a quelque chose d'émouvant à partager ces six mois qu'elle oubliera forcément… Mais au final, j'ai beaucoup moins de temps que prévu pour des choses plus personnelles. Dommage, il ne poussera qu'une seule fois ! Il était important de passer plus de temps avec ma fille qu'avec mes collègues pendant les premiers mois de sa vie. Cela me permet de profiter un peu d'elle, car à mon retour au travail, vu mes horaires, je ne la reverrai presque plus. Le congé parental est une rupture monumentale dans la routine « pré-enfant », dans la routine du travail. Une autre routine s'installe, avec des couches à changer, des biberons à donner, du linge à jeter, des plats à préparer, mais aussi des moments de plaisir rares, profonds et inattendus.

6 mois, ça passe vite

Tout le monde le dit et je le confirme, six mois c'est vite. C'est comme une série télé qu'on adore et qui ne dure qu'une saison : on savoure chaque épisode. Parfois, le manque de vie sociale pèse un peu. Le fait de ne pas parler aux autres adultes… La nostalgie de la « vie d'avant » surgit parfois. Celui où l'on pouvait sortir en un clin d'œil, sans passer une heure à tout préparer, sans avoir à anticiper les heures de repas, etc. Mais je ne m'en plains pas, car tout va bientôt revenir. Et à ce moment-là, je vais avoir la nostalgie de ces moments privilégiés passés avec ma fille… Je redoute la fin du congé, comme on redoute la fin d'une parenthèse enchantée. Ce sera dur, mais c'est le cours normal des choses. Et cela nous fera du bien à tous les deux. A la crèche, Léna sera prête à commencer à se tenir debout, voire à marcher avec ses petites pattes ! " 

« J'ai les bras forts à force de porter ma fille et des sacs pleins de bouteilles d'eau minérale pour les biberons ! Je me lève la nuit pour remplacer une tutute perdue et j'étouffe des cris. "

Ludovic, 38 ans, père de Jeanne, 4 mois et demi : « La première semaine, j'ai trouvé ça bien plus fatiguant que le travail ! "

« J'ai commencé mon congé parental de 6 mois en mars pour mon premier enfant, une petite fille née en janvier. Ma femme et moi n'avons pas de famille en région parisienne. Du coup, ça limitait les choix. Et comme c'était notre premier enfant, nous n'avons pas eu le cœur de la mettre en crèche à 3 mois. Nous sommes tous les deux fonctionnaires, elle dans la fonction publique territoriale, moi dans la fonction publique de l'Etat. Elle travaille en mairie, dans un poste à responsabilité. C'était compliqué pour elle de s'absenter trop longtemps, d'autant plus qu'elle gagne plus que moi. Du coup, le critère financier a joué. Pendant six mois, nous devons vivre d'un seul salaire, avec la CAF qui nous paie entre 500 et 600 €. Nous étions prêts à le prendre en charge, mais nous n'aurions peut-être pas pu le faire si c'était ma femme qui avait pris le congé. Financièrement, il faut être plus prudent. Nous avons anticipé et économisé, resserré le budget vacances. Je suis conseillère pénitentiaire, dans un milieu à prédominance féminine. L'entreprise est habituée aux congés parentaux des femmes. C'était quand même un peu surpris que je parte, mais je n'ai eu aucune réaction négative. La première semaine, j'ai trouvé ça bien plus fatiguant que le travail !

Il était temps d'accélérer le rythme. Je suis content qu'elle puisse vivre et partager ses premières fois avec moi, par exemple quand je lui ai fait goûter une glace au bout d'une cuillère… Et ça me fait plaisir de voir que parfois, quand je l'entends pleurer et si elle me voit ou m'entend, elle se calme.

C'est beaucoup de confort

Je pense que le congé parental est totalement bénéfique pour l'enfant. Nous suivons notre rythme naturel : elle dort quand elle veut dormir, elle joue quand elle veut jouer… C'est beaucoup de confort, nous n'avons pas d'horaires. Ma femme est rassurée que l'enfant est avec moi. Elle sait que je m'en occupe bien et que je suis disponible à 100%, si elle veut avoir une photo, si elle se demande comment ça se passe… Je me suis rendu compte que j'avais un travail où je parlais beaucoup, et que du jour au lendemain, j'ai à peine parlé à personne. Il s'agit de tweeter avec ma fille, et bien sûr de discuter avec ma femme quand elle rentre du travail. C'est encore une parenthèse en termes de vie sociale, mais je me dis que c'est temporaire. C'est pareil pour le sport, j'ai dû y renoncer, car c'est un peu compliqué de s'organiser et de se retrouver un moment. Vous devez essayer de trouver un équilibre entre le temps pour votre enfant, le temps pour votre relation et le temps pour vous-même. Malgré tout, je pense honnêtement que le jour où je dois l'emmener à la crèche, il y aura un petit vide… être impliqué. Et jusqu'à présent, l'expérience est très positive. "

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"Le jour où je dois l'emmener à la crèche, il y aura un petit vide..."

Sébastien, papa d'Anna, 1 an et demi : « J'ai dû me battre pour imposer mon congé à ma femme. "

"Quand ma femme est tombée enceinte de notre deuxième enfant, l'idée du congé parental a commencé à germer dans ma tête. Après la naissance de ma première fille, j'ai eu l'impression d'avoir raté beaucoup de choses. Quand nous avons dû la laisser à la crèche alors qu'elle n'avait que 3 mois, ça a été un vrai déchirement. Ma femme ayant une activité professionnelle très chargée, il a toujours été bien clair que ce serait moi qui récupérerais le petit le soir, qui gérerais le bain, le dîner, etc. J'ai dû me battre pour forcer mon congé sur lui. Elle m'a dit que ce n'était pas nécessaire, qu'on pouvait quand même prendre une nounou de temps en temps, et que financièrement ça allait être compliqué. Malgré tout, j'ai décidé d'arrêter mon activité professionnelle pendant un an. A mon travail – je suis cadre dans le public – ma décision a été très bien accueillie. J'étais certain de trouver un poste équivalent à mon retour. Bien sûr, il y a toujours des gens qui vous regardent d'un air sceptique, qui ne comprennent pas votre choix. Un papa qui arrête de travailler pour s'occuper de ses enfants, on trouve ça louche. Cette année avec mes enfants a été très enrichissante. J'ai pu veiller à leur bien-être, à leur épanouissement. J'ai arrêté de courir chaque matin, chaque soir. Mon grand a repris le chemin de la maternelle sereinement. J'ai pu lui épargner les longues journées avec la garderie le soir, le centre de loisirs le mercredi, la cantine tous les jours. J'ai aussi profité pleinement de mon bébé, j'étais là pour toutes ses premières fois. J'ai aussi pu continuer à lui donner du lait maternel plus longtemps, une vraie satisfaction. Les difficultés, je ne peux pas les éviter, car il y en a eu beaucoup. Nous avions mis de l'argent de côté pour compenser mon manque de salaire, mais ce n'était pas suffisant. Alors on s'est un peu serré la ceinture. Moins de sorties, des vacances sans prétention… Avoir du temps permet de mieux calculer ses dépenses, d'aller au marché, de cuisiner des produits frais. J'ai aussi noué des liens avec beaucoup de parents, je me suis construit une vraie vie sociale et j'ai même créé une association pour donner des conseils aux parents.

Il faut peser le pour et le contre

Ensuite, les contraintes financières ne m'ont pas laissé le choix. J'ai repris le travail à 80 % car je voulais continuer à être là pour mes filles le mercredi. Il y a un côté libérateur à retrouver une vie professionnelle, mais il m'a fallu un mois pour accélérer le rythme, découvrir mes nouvelles fonctions. Aujourd'hui, c'est encore moi qui m'occupe du quotidien. Ma femme n'a pas changé ses habitudes, elle sait qu'elle peut compter sur moi. Nous trouvons notre équilibre. Pour elle, sa carrière est plus importante que les autres. Je ne regrette pas cette expérience. Cependant, ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Il faut peser le pour et le contre, savoir que l'on va forcément perdre en qualité de vie mais gagner du temps. Aux papas qui hésitent, je dirais : réfléchissez bien, anticipez, mais si vous vous sentez prêt, foncez ! "

« Un papa qui arrête de travailler pour s'occuper de ses enfants, on trouve ça louche. Cette année avec mes enfants a été très enrichissante. J'ai pu assurer leur bien-être et leur épanouissement. "

En vidéo : PAR – Allonger le congé parental, pourquoi ?

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