La chronique de Julien Blanc-Gras : "Comment le papa explique l'écologie à son enfant"

L'Australie brûle, le Groenland fond, les îles Kiribati coulent et ça ne peut pas

dure plus longtemps. L'éco-anxiété est à son comble. Les générations qui nous précèdent ont fait n'importe quoi avec la planète, nous n'avons d'autre choix que de compter sur les générations futures pour corriger les choses. Mais comment expliquer à nos enfants que nous leur laissons un monde en péril ?

Pendant que je me creusais la tête avec cette question, l'école publique a pris sur elle d'y répondre – en partie. Mon fils est revenu de la maternelle en fredonnant Monsieur Toulmonde, la chanson d'Aldebert qui se demande ce qu'on a fait de la planète bleue. Une manière ludique et légère d'aborder un thème qui n'est ni ludique ni léger. Une fois que l'enfant a compris l'idée que l'environnement était un bien précieux à protéger, les choses se compliquent.

Faut-il commencer une conférence sur le rejet de méthane du pergélisol et les boucles de rétroaction climatique ? Pas sûr qu'on capte l'attention d'un gamin qui passe son temps à collectionner des images de footballeurs.

football. Je procède donc à un test d'évaluation pour adapter ma pédagogie.

– Fils, sais-tu d'où vient la pollution ?

– Oui, c'est parce qu'il y a beaucoup d'usines.

– En effet, quoi d'autre ?

– Il y a trop d'avions et d'embouteillages avec des camions et des voitures polluantes.

C'est juste. Cependant, je n'ai pas le cœur de lui expliquer que l'empreinte carbone de sa toupie Bey Blade fabriquée dans une usine chinoise est déplorable. Doit-on vraiment lui inculquer un sentiment de culpabilité morbide à un âge qui devrait être celui de l'insouciance ? Ne gâtons-nous pas trop tôt la conscience de nos enfants avec des problèmes qui les dépassent ?

« Vous êtes responsable de la fin du monde ! Il est lourd à porter pour un individu de moins de six ans qui mange des particules fines à longueur de journée. Mais il y a urgence, alors je continue mon enquête :

– Et vous, pensez-vous pouvoir faire quelque chose pour la planète ?

– Il faut penser à fermer le robinet quand je me brosse les dents.

– D'accord, quoi d'autre ?

– Alors, on fait un Uno ?

Je vois qu'il commence à être gavé par mon catéchisme écologique ? N'insistons pas pour le moment, ce serait contre-productif. Je me rassure en me disant qu'il n'est pas trop mal renseigné pour son âge : "BIO" est le premier mot qu'il déchiffre (facile, c'est écrit en grand nombre sur tous les produits qui atterrissent sur la table du repas.) Bref , je lui ai donné une raclée à Uno

et nous avons eu une collation (bio). A la fin, il m'a spontanément demandé dans quelle poubelle jeter son trognon de pomme.

C'est un bon début. Ce n'est pas impossible qu'il me crie dessus la prochaine fois que je monte dans un avion. 

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