Enfants tyrans

Attitude de l'enfant roi

Sous son petit air de Saint, votre bambin vous manipule par chantage affectif et sent qu'il a pris le dessus ! Il n'obéit plus aux règles de la vie à la maison, s'énerve à la moindre contrariété. Pire, toutes les situations du quotidien se terminent par des drames, des punitions et vous culpabilisez tout le temps. Pas de panique, dis-toi ça les enfants ont besoin de limites et de règles clairement définies pour grandir en harmonie. C'est pour leur bien et leur future vie d'adulte. C'est entre 3 et 6 ans que l'enfant se rend compte qu'il n'est pas tout-puissant et qu'il y a des règles de vie à la maison, à l'école, au parc, bref en société, dans le respect.

Qu'est-ce qu'un enfant tyran domestique?

Pour le psychologue Didier Pleux, auteur de « De l'enfant roi à l'enfant tyran », l'enfant roi correspond à l'enfant des familles actuelles, l'enfant « normalisé » : il a tout au niveau matériel et il est aimé et choyé.

L'enfant tyran manifeste une domination sur les autres et, en particulier, sur ses parents. Il ne se soumet à aucune règle de vie et obtient ce qu'il veut de maman et papa.

Profil type : égocentrique, profite de privilèges, ne supporte pas les frustrations, recherche le plaisir immédiat, ne respecte pas les autres, ne se remet pas en question, n'aide pas à la maison…

Enfant roi, futur dictateur ?

Reprise

Les enfants tyrans ne commettent généralement pas d'actes graves. Ce sont plutôt les petites victoires sur l'autorité parentale accumulées au quotidien qui signent leur pouvoir absolu. Et quand ils réussissent à prendre le pouvoir à la maison, les parents ne cessent de se demander comment corriger la situation ? Ils peuvent expliquer, discuter, rien n'y fait !

Éduquer sans culpabiliser

Les études sur le sujet par des psychologues indiquent souvent une déficit d'éducationf au sein de la cellule familiale très tôt. Des situations simples, où les parents n'ont pas réagi par manque de temps ou en se disant « il est trop petit, il ne comprend pas », laissent l'enfant avec un sentiment de « tout est permis » ! Il se sent dans la même toute-puissance des tout-petits, où il veut contrôler ses parents pour qu'ils fassent n'importe quoi !

Comme le rappelle le psychologue Didier Pleux, Si un enfant de 9 ou 10 ans casse son jouet préféré après un moment de colère, il doit pouvoir faire face à une réponse appropriée de ses parents. Si le jouet est remplacé par le même ou réparé, aucune sanction n'est associée à son comportement excessif.

Une réponse plus appropriée serait que le parent le responsabilise en lui expliquant qu'il doit participer au remplacement du jouet, par exemple. L'enfant comprend qu'il a dépassé une limite, il y a une réaction et une sanction de l'adulte.

Syndrome de l'enfant tyran : il vous teste !

Dans ses actions, l'enfant tyran ne fait qu'éprouver et chercher des limites en provoquant ses parents ! Il attend qu'une interdiction tombe pour le rassurer. Il a l'idée que ce qu'il vient de faire n'est pas autorisé… Et là, si vous ratez l'occasion de la reprendre, non seulement il sortira vainqueur, mais un cercle infernal risque de s'installer lentement. Et c'est de l'escalade !

Mais ne vous en faites pas trop, rien n'est définitif. Il suffit de s'en rendre compte à temps pour réajuster le tir. A vous de réintroduire une dose d'autorité avec un cadre précis : votre enfant doit pouvoir se « soumettre » petit à petit à certaines contraintes lorsqu'il dépasse vos limites éducatives.

S'adapter à la réalité

Gérer le comportement de l'enfant tyrannique au quotidien

Souvent, avant d'envisager de consulter une pédopsie, il est bon de réajuster les petits comportements défaillants du quotidien. L'arrivée d'un petit frère, situation inédite où l'enfant peut se sentir abandonné, favorise parfois ce genre de comportement soudain. Il peut l'exprimer autrement qu'en attirant votre attention sur lui, en se mettant dans tous ses états, en s'opposant à longueur de journée ! C'est en répétant les mêmes réponses et en s'y tenant que l'enfant apprend à se confronter à un cadre rassurant, la loi de l'adulte nécessaire à son autonomie.

Personnage en construction

N'oubliez pas que vous êtes en première ligne dans son rapport aux adultes et aux règles de la vie sociale. L'enfant est en processus de développement affectif et social, il est aussi plongé dans un environnement où il a besoin de repères pour bien le comprendre et vérifier ce qu'il peut ou ne peut pas faire.

Il doit pouvoir faire face à un cadre précis dans son cocon familial, le premier lieu expérimental servant de référence pour l'apprentissage des interdits et des possibles. Il est possible de se sentir aimé en affrontant un interdit ! Même si vous avez peur d'être encore en conflit, au début, tenez bon ! Petit à petit, votre enfant va acquérir la notion de limite et ça ira beaucoup mieux si les sanctions sont récurrentes, elles seront alors échelonnées dans le temps.

Autorité sans tyrannie

Qui décide quoi ?

C'est ton tour ! Votre bambin doit comprendre que ce sont les parents qui décident ! Sauf bien sûr lorsqu'il s'agit de choisir la couleur de votre pull par exemple : il y a une différence entre le forcer à mettre un pull en hiver, pour sa santé et lui tenir tête pour la couleur du pull…

Les enfants ont besoin de sentir qu'ils deviennent indépendants. Ils ont aussi besoin de rêver, de s'épanouir dans un environnement familial qui les aide à être plus indépendants. A vous de trouver le bon compromis entre une autorité nécessaire, sans tomber dans le despotisme.

« Savoir attendre, s'ennuyer, retarder, savoir aider, respecter, savoir lutter et se contraindre pour un résultat sont des atouts pour la construction d'une véritable identité humaine », comme l'explique le psychologue Didier Pleux.

Face aux exigences omniprésentes de leur petit tyran, les parents doivent rester vigilants. Vers 6 ans, l'enfant est encore dans une phase égocentrique où il cherche avant tout à assouvir ses petits désirs. Achats à la demande, menus à la carte, animations et divertissement parental obligatoires, il en veut toujours plus !

Que faire et comment réagir face à un enfant tyran et reprendre le contrôle ?

Les parents ont le droit et le devoir de rappeler simplement un « on ne peut pas tout avoir », et de ne pas hésiter à retirer quelques petits privilèges lorsque les limites sont franchies ! Il ne veut pas se plier à une règle de vie familiale, il est privé d'un loisir ou d'une activité agréable.

Sans culpabiliser, le parent met en place un cadre structuré en lui adressant un message clair : si l'enfant déborde par un acte déviant, la réalité prend le dessus et un acte fort vient confirmer qu'il ne peut pas constamment désobéir.

Après 9 ans, l'enfant tyran est davantage dans une relation aux autres, où il doit abandonner un peu de lui-même pour trouver sa place dans les groupes qu'il rencontre. Dans ses temps libres, à l'école, les amis de ses parents, sa famille, bref tous les adultes qu'il rencontre lui rappellent qu'il ne vit pas que pour lui !

C'est un enfant, pas un adulte !

Les théories "psy"

D'un côté, on trouve des psychanalystes, dans le sillage de Françoise Dolto des années 70, quand l'enfant est enfin vu comme une personne à part entière. Cette théorisation révolutionnaire fait suite au siècle précédent, années durant lesquelles les jeunes avaient peu de droits, travaillaient comme des adultes et n'étaient pas du tout valorisés !

On ne peut que se réjouir de ce progrès !

Mais une autre école de pensée, plus attachée au comportement et à l'éducation, pointe les effets pervers de la précédente. Trop oublié et abusé au siècle précédent, on est passé de l'enfant « sans droits » à l'enfant roi des années 2000...

Des psychologues comme Didier Pleux, Christiane Olivier, Claude Halmos, entre autres, prônent depuis quelques années une autre façon de considérer l'enfant et ses dérives : un retour aux méthodes pédagogiques « à l'ancienne », mais avec une dose d'explication et sans les fameuses négociations illimitées auquel les parents se sont habitués à leur insu !

Comportement à adopter : ce n'est pas lui qui décide !

Le fameux « il en veut toujours plus » est une constante entendue dans les bureaux des « psys ».

La société s'adresse de plus en plus à l'enfant lui-même dans sa communication quotidienne, il suffit de regarder les messages publicitaires ! Les tout-petits deviennent pratiquement les décideurs pour l'achat de tous les équipements de la maison.

Certains professionnels tirent la sonnette d'alarme. Ils reçoivent les parents et leur petit Roi en consultation de plus en plus tôt. Heureusement, il suffit souvent de réajuster quelques mauvais réflexes à la maison pour éviter le coup définitif !

Conseils aux parents : déterminez leur propre place

Alors, quelle place donner à l'enfant dans la famille ? Quelle place les parents doivent-ils reconquérir pour le bonheur quotidien ? La famille idéale n'existe bien sûr pas, pas même l'enfant idéal d'ailleurs. Mais ce qui est sûr, c'est que le parent doit toujours être le pilier, la référence pour le jeune en construction.

L'enfant n'est pas un adulte, c'est un adulte en devenir, et surtout un avenir adolescent ! La période de l'adolescence est souvent une période d'émotion intense, pour les parents comme pour l'enfant. Les règles acquises jusqu'ici seront à nouveau mises à l'épreuve ! Ils ont donc intérêt à être solides et digérés… Les parents doivent pouvoir transmettre à leur enfant autant d'amour et de respect qu'ils ont de règles afin d'aborder cette période de transition avec la vie d'adulte qui les attend.

Alors, oui, on peut le dire : des enfants tyrans, ça suffit maintenant !

Livres

« De l'enfant roi à l'enfant tyran », Didier Pleux (Odile Jacob)

« Enfants royaux, plus jamais ! » , Christiane Olivier (Albin Michel)

« L'autorité expliquée aux parents », par Claude HALMOS (Nil Editions)

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