Tout sur le redoublement

« Si vous continuez comme ça, vous vous répéterez ! » Cette menace, nous l'avons peut-être entendue un jour ou l'autre dans la bouche de nos parents, après résultats scolaires peu glorieux. Aujourd'hui les rôles ont changé, et c'est votre enfant qui peine en classe. Que ce soit au primaire, au collège ou au lycée, la question du redoublement peut se poser en cours de scolarité… Mon enfant peut-il redoubler ? Ai-je mon mot à dire ? Quel pourrait être l'impact psychologique de cette décision ? On fait le point avec Florence Millot, pédopsychiatre, auteur du livre « Apprendre à se concentrer : comprendre son enfant, le motiver et jouer avec lui ». 

Primaire, collège, lycée : des chiffres en baisse en France, selon les études

« Contrairement aux dernières décennies, redoubler une année est une qui se fait de plus en plus rare dans les écoles », souligne Florence Millot, pédopsychiatre. Les chiffres montrent en effet une baisse significative du redoublement en France. D'après l'enquête de « Repères et Références Statistiques de l'Éducation Nationale », le taux de redoublement en CP pour l'année 2018 est de 1,9% dans les écoles publiques, contre 3,4% en 2011. Cette baisse est similaire dans les différentes classes du cours élémentaire, le taux le plus bas étant de 0,4% pour les classes CM1 et CM2. Cependant, si ces chiffres sont en baisse, ils n'en restent pas moins élevés pour l'ensemble de l'éducation, si l'on compare avec les classes des pays voisins. Dans une étude publiée en 2012 par le Programme international pour le suivi des résultats des élèves (PISA), 28 % des français de 15 ans déclarent avoir redoublé au moins une fois. La France était à cette date classée 5e pays où le redoublement est le plus élevé parmi les pays de l'OCDE. 

Quelle classe est la plus répétée ?

Il est souvent la deuxième classe, au lycée, qui est le plus redoublement, avec 15 % des lycéens concernés. La raison principale de ce taux élevé étant le choix de cours en fin d'année. Souvent, les recommandations des enseignants se heurtent à l'ambition des familles. Ils demandent alors aux enseignants de laisser leur enfant redoubler, pour lui permettre, peut-être, d'accéder ensuite au cours souhaité.

Selon la loi, quand le redoublement est-il obligatoire ? Est-il encore possible de redoubler l'année ?

En France, depuis le décret mis en œuvre en 2014, le redoublement est devenu une procédure beaucoup plus exceptionnelle, en raison notamment de contestations sur les effets positifs potentiels. Attention : c'est interdit en maternelle. Cependant, les enseignants peuvent toujours exprimer cette possibilité dans d'autres classes. En revanche, ce ne sont pas les mauvais résultats scolaires qui en seront la cause principale. La répétition est principalement considérée dans le cas où l'élève a manqué une partie importante de son année scolaire. Plus tard, au collège ou au lycée, le redoublement peut être dû à un désaccord entre les parents (ou représentants légaux) et les enseignants sur l'orientation de l'enfant. 

Débat sur l'efficacité : pourquoi ne pas redoubler l'année ?

Si le redoublement a si peu le vent en poupe, c'est parce qu'il est de plus en plus critiqué dans les écoles, tant auprès des enseignants que des chefs d'établissement. Pour beaucoup, le redoublement n'est pas le meilleur remède pour lutter contre l'échec scolaire et le décrochage scolaire, et ses effets positifs sont très limités. Les cas où cela a permis d'améliorer les performances scolaires des redoublants sont rares au sein des classes. Le redoublement est également perçu comme un coup dur pour les enfants ayant une faible estime de soi. Dans ce cas, cela peut même être contre-productif, laissant l'enfant douter fortement de son potentiel. Si votre enfant est concerné par un redoublement, vous devez lui en parler et lui expliquer les raisons précises de cette décision. Le redoublement ne doit pas être vu comme un échec, qui pourrait le conduire à ne plus fournir d'efforts pour la prochaine rentrée scolaire.

Rétention scolaire : peut-on contester le redoublement ?

La chose la plus importante à savoir à propos du redoublement en tant que parent est que vous aurez toujours votre mot à dire. Dès le deuxième trimestre, vous pouvez décider de faire passer ou non votre enfant au niveau supérieur. Si des difficultés apparaissent déjà, n'hésitez pas à mettre en place rapidement des cours d'accompagnement pour améliorer leurs performances académiques. C'est au dernier trimestre de l'année scolaire que les enseignants émettront leur avis définitif sur le maintien de l'élève dans le niveau, qui pourra être contesté par les parents des élèves dans un délai de quinze jours. Une commission d'appel sera alors mobilisée pour décider du passage de la classe de l'enfant. 

A savoir : à l'école primaire, depuis 2018, redoublement ne peut être prononcé qu'une seule fois par le conseil des enseignants entre le CP et le collège.

Quelles conséquences pour l'enfant qui doit redoubler une année scolaire ?

« Bien que chaque enfant soit évidemment différent, un processus de répétition peut avoir un impact sur son estime de soi. C'est un moment difficile à vivre, qui peut aussi s'avérer totalement inefficace. Nous voyons des enfants qui abandonner complètement après avoir redoublé un an parce qu'ils n'en comprenaient pas la raison. D'où le fait que cette décision se fait de plus en plus rare », explique Florence Millot. Une épreuve difficile pour les enfants mais aussi pour les parents : « Un enfant qui redouble, c'est aussi le cas pour les parents. Il peut y avoir un sentiment d'avoir échoué dans son accompagnement ».

Bien gérer la répétition avec votre enfant

Comment rendre la répétition aussi difficile que possible ? « Avant tout, il faut se poser les bonnes questions. Il peut être pertinent pour consulter un psychologue, car peut-être que votre enfant souffre de troubles du comportement qui n'auraient pas été détectés, comme des troubles de l'attention ou de l'hyperactivité par exemple ou encore de la douance. N'hésitez pas à prendre des cours de soutien scolaire ou de nouvelles activités à travers systèmes de soutien. Le but du redoublement n'est pas pour lui de redoubler le même programme de manière identique et d'entretenir son échec scolaire », conseille Florence Millot. Dans tous les cas, n'hésitez pas à objectifs et dédramatiser cette situation, qui n'a pas que des impacts négatifs, surtout à long terme : « Il ne sert à rien de s'offusquer de « perdre » un an à cause de redoubler. Être un jeune adulte et avoir 19 ans ou plus dans votre vie étudiante n'est absolument pas une grosse affaire. Les parcours scolaires de chacun sont différents, et enfin redoubler est une goutte dans l'océan qu'est la vie de l'enfant ».    

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