Être mère en Afrique du Sud : le témoignage de Zentia

Zentia (35 ans), est la maman de Zoe (5 ans) et Harlan (3 ans). Elle vit en France depuis trois ans avec son mari Laurent, qui est français. Elle est née à Pretoria où elle a grandi. Elle est urologue. Elle nous raconte comment les femmes vivent leur maternité en Afrique du Sud, son pays d'origine.

Le témoignage de Zentia, mère sud-africaine de 2 enfants

« Votre enfant ne parle que français ? », Mes copines sud-africaines sont toujours étonnées, quand ils discutent avec nos amis en France. En Afrique du Sud, il existe onze langues nationales et tout le monde en maîtrise au moins deux ou trois. Moi, par exemple, je parlais anglais avec ma mère, allemand avec mon père, afrikaans avec mes amis. Plus tard, en travaillant à l'hôpital, j'ai appris des notions de zoulou et de sotho, les deux langues africaines les plus utilisées. Avec mes enfants, je parle allemand pour garder l'héritage de mon père.

IIl faut dire que l'Afrique du Sud reste, malgré la fin de l'apartheid (régime de discrimination raciale instauré jusqu'en 1994), malheureusement encore très divisé. Les Anglais, les Afrikaners et les Africains vivent séparément, il y a très peu de couples mixtes. La différence entre les riches et les pauvres est énorme, et ce n'est pas comme en Europe où des gens de différents milieux sociaux peuvent se rencontrer dans un même quartier. Quand j'étais petit, les blancs et les noirs vivaient séparés. Dans les quartiers, dans les écoles, dans les hôpitaux – partout. Il était illégal de se mélanger, et une femme noire qui avait un enfant avec un blanc risquait la prison. Tout cela signifie que l'Afrique du Sud connaît une véritable fracture, chacun a sa culture, ses traditions et son histoire. Je me souviens encore du jour où Nelson Mandela a été élu. C'était un vrai bonheur, d'autant plus qu'il n'y avait pas d'école et que je pouvais jouer avec mes Barbies toute la journée ! Les années de violence avant ça m'ont beaucoup marqué, j'ai toujours imaginé qu'on allait se faire attaquer par quelqu'un armé d'une Kalachnikov.

 

Pour soulager les coliques des bébés sud-africains

Les bébés reçoivent du thé rooibos (thé rouge sans théine), qui a des propriétés antioxydantes et peut soulager les coliques. Les bébés boivent cette infusion dès 4 mois.

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© A. Pamula et D. Envoyer

J'ai grandi dans un quartier blanc, entre les Anglais et les Afrikaners. A Pretoria, où je suis né, il fait toujours beau (en hiver il fait 18°C, en été 30°C) et la nature est bien présente. Tous les enfants de mon quartier avaient une grande maison avec un jardin et une piscine, et nous passions beaucoup de temps dehors. Les parents organisaient très peu d'activités pour nous, c'était plutôt les mères qui se réunissaient avec les autres mères pour discuter et les enfants suivaient. C'est toujours comme ça! Les mères sud-africaines sont assez détendues et passent beaucoup de temps avec leurs enfants. Il faut dire que l'école commence à 7 ans, avant, c'est la « maternelle » (maternelle), mais ce n'est pas aussi grave qu'en France. Je suis allé à la maternelle quand j'avais 4 ans, mais seulement deux jours par semaine et seulement le matin. Ma mère n'a pas travaillé pendant les quatre premières années et c'était tout à fait normal, même encouragé par la famille et les amis. Maintenant, de plus en plus de mères retournent au travail plus rapidement, et c'est un énorme changement dans notre culture car la société sud-africaine est assez conservatrice. L'école se termine à 13h, donc si la maman travaille elle doit trouver une nounou, mais en Afrique du Sud c'est très courant et pas cher du tout. La vie des mères est plus facile qu'en France.

Être mère en Afrique du Sud : les chiffres

Taux d'enfants par femme : 1,3

Taux d'allaitement : 32 % d'allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois

Congé maternité : 4 mois

 

Chez nous, le « braai » est une véritable institution !Voici notre fameux barbecue accompagné de « sheba », une sorte de salade tomates-oignons et « pap » ou « mielimiel », sorte de polenta de maïs. Si vous invitez quelqu'un à manger, nous faisons le braai. A Noël, tout le monde vient pour un braai, au Nouvel An, encore le braai. Du coup, les enfants mangent de la viande à partir de 6 mois et ils en raffolent ! Leur plat préféré est les « boerewors », des saucisses traditionnelles afrikaans à la coriandre séchée. Il n'y a pas de maison sans braai, donc les enfants n'ont pas de menu très compliqué. Le premier plat pour bébé est le « pap », qui se mange avec le « braai », ou sucré avec du lait, sous forme de bouillie. Je n'ai pas tapoté les enfants, mais le matin, ils mangent toujours de la polenta ou de la bouillie d'avoine. Les enfants sud-africains mangent quand ils ont faim, il n'y a pas de collations ni d'horaires stricts pour le déjeuner ou le dîner. A l'école, il n'y a pas de cantine, alors quand ils sortent, ils mangent à la maison. Il peut s'agir d'un simple sandwich, pas forcément d'une entrée, d'un plat et d'un dessert comme en France. On grignote aussi beaucoup plus.

Ce que j'ai retenu de l'Afrique du Sud, c'est la façon de parler aux enfants. Ni ma mère ni mon père n'ont jamais utilisé de mots durs, mais ils étaient très stricts. Les Sud-Africains ne disent pas à leurs enfants, comme certains Français, « taisez-vous ! ». Mais en Afrique du Sud, surtout parmi les Afrikaans et les Africains, la discipline et le respect mutuel sont très importants. La culture est très hiérarchisée, il y a une vraie distance entre parents et enfants, chacun à sa place. C'est quelque chose que je n'ai pas du tout gardé ici, j'aime le côté moins cadré et plus spontané. "

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Propos recueillis par Anna Pamula et Dorothée Saada

 

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