Peut-on considérer le sexe comme un sport ?

Peut-on considérer le sexe comme un sport ?

Peut-on considérer le sexe comme un sport ?
L'acte sexuel mérite-t-il vraiment son titre de « sport en salle » ? ? Des études très sérieuses se sont penchées sur la question. Les moins de 18 ans doivent s'abstenir.

Le sexe, une vraie activité physique ?

Pour les sportifs, la réponse est simple : faire l'amour n'est pas une compétition donc ce n'est pas un sport. Mais pour ceux d'entre nous qui hésitent à chausser nos baskets pour courir un semi-marathon, est-il possible d'allier l'utile à l'agréable ?

Si l'on en croit l'OMS (Organisation mondiale de la santé), l'activité physique comprend les activités de loisirs, les déplacements à vélo ou à pied… mais aussi les « activités ludiques ». Pour rester en bonne santé, l'institution recommande également de pratiquer l'équivalent de 2h30 d'activité d'endurance modérée ou 1h15 d'activité intense par période d'au moins 10 minutes chaque semaine.

Quand on sait queun rapport moyen dure 7,3 minutes1 (étude réalisée montre en main) et que les Français s'y consacrent un peu plus d'une fois par semaine2 (6 fois par mois), on est encore loin du compte. Mais ça ne coûte rien d'essayer.

Sexe : un exercice de cardio-training comme un autre ?

Il va sans dire que la science tarde à s'intéresser à l'exercice qui nous ravit depuis des millénaires. Le modeste voile de la moralité n'a été levé qu'en 1956 aux États-Unis, par le Dr Bartlett3. Avec un certain sens de l'observation, le scientifique a noté « Un parallélisme saisissant » entre la réponse physiologique de l'homme et de la femme pendant les rapports sexuels. Le cœur des deux partenaires battait plus vite et leur respiration s'accélérait, surtout au moment de l'orgasme. 

Mais les fans de la série américaine Masters of Sex (Showtime, 2013) sachez que les conclusions scientifiques ne s'arrêtent pas là. Loin d'être des personnages de fiction, les sexologues William Masters et Virginia Johnson ont bel et bien existé. En 1966, ils rapportaient les résultats de 11 années d'études incluant près de 700 femmes et hommes, âgés de 18 à 89 ans.4. Selon leurs observations, la fréquence respiratoire augmente progressivement pendant les rapports sexuels jusqu'à atteindre 40 cycles par minute (fréquence normale : 12 à 20 cycles/min) et la fréquence cardiaque peut grimper jusqu'à 110 à 180 battements par minute, avec une pic pendant l'orgasme. Nous avons là un premier élément de comparaison avec le sport. Mais c'est sans compter sur l'ingrédient mystère… le passion ! Les deux chercheurs sont clairs : l'intensité de la réponse physiologique est proportionnelle à la degré de tension sexuelle.

Quel degré d'intensité peut-on attendre d'un coeur ? Pour le savoir, une équipe de recherche a soumis 32 volontaires à un test de résistance.5. Après les avoir fait grimper sur un tapis roulant, ils leur ont laissé carte blanche pour grimper aux rideaux. Résultats : les amoureux peuvent s'attendre à atteindre environ 75 % de leur capacité cardiaque maximale (fréquence cardiaque et tension artérielle) mais se situent généralement autour de 50 %. Autre conclusion de l'étude : plus la résistance à l'effort physique est importante, plus la durée du rapport est important (2,3 minutes de sauts périlleux gagnés par minute de sport à intensité maximale pratiquée). L'entraînement physique n'est donc pas anodin.

Plutôt pêche ou saut de haie ?

Disons qu'une partie de la jambe en l'air est un exercice physique. Est-ce plutôt l'équivalent d'une bonne partie de pêche ou d'un 400 mètres haies ? D'après les magazines féminins, on brûle en moyenne 200 kcal pendant les ébats, 400 kcal pour les plus coquins.

Mais Julie Frappier, anthropologue diplômée de l'Université du Québec à Montréal, ne se contente pas de lire des magazines. Cependant, en 2012, peu d'études ont établi avec précision énergie dépensée sous la couette. Elle décide donc d'équiper 21 jeunes couples hétérosexuels d'un bracelet connecté.6. Leurs consignes sont claires : faire l'amour une semaine pendant un mois en activant l'appareil pendant les préliminaires.  

Le « sexe à 400 kcal » est-il réaliste ? Pas en accord avec les conclusions de l'étude. L'énergie dépensée serait plutôt autour 100 kcal pour les hommes et 70 kcal pour les femmes. Soit l'équivalent de 25 cl de bière pour le monsieur, et une coupe de champagne brut pour sa compagne…

Et d'un point de vue sportif, où en sommes-nous ? L'étude suggère qu'une partie de la jambe en l'air est un activité d'intensité modérée*. Par comparaison, l'intensité de l'exercice serait plus élevée que la marche à 4.8 km/h mais inférieure au jogging à 8 km/h. On parle donc d'une bonne balade en forêt. 

Pour Julie Frappier et ses collègues, l'acte d'amour peut être considéré comme un exercice physique important pour la santé. Si on s'en tient aux recommandations des établissements de santé américains7, il faudrait 30 minutes d'exercice d'intensité modérée 5 fois par semaine pour maintenir une bonne forme physique. Un moment d'intimité dépenserait un tiers de l'énergie et les deux tiers de l'intensité* une séance de 30 minutes. Fait important, les résultats de l'étude soulignent que les participants avaient beaucoup plus amusant se livrer à une activité sexuelle que l'activité physique. N'est-ce pas le principal ?

 

*Exercice physique léger, modéré ou intense ? Pour déterminer l'intensité d'un exercice à partir du nombre de calories dépensées par un individu, les scientifiques calculent l'équivalent métabolique (équivalent métabolique de la tâche, MET) et comparer le résultat aux tableaux de référence. Par exemple, regarder la télévision est une activité de 1 MET (intensité lumineuse), balayage est de 3,4 MET (intensité modérée) et les pompes sont de 10 MET (activité intense). Julie Frappier et ses collègues ont estimé l'intensité des rapports sexuels à 6 MET pour les hommes et à 5,6 MET pour les femmes, ou une activité d'intensité modérée. En 2011, 821 activités quotidiennes avaient leur équivalent métabolique.

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