Paternité contestée : comment rompre le lien de filiation ?

Paternité contestée : comment rompre le lien de filiation ?

Est-il impossible de contester sa paternité ? Oui, au contraire. Même si, bien sûr, ce processus est encadré par de nombreuses règles.

Possession d'état, quésaco ?

Pour pouvoir rompre un lien de filiation, il faut encore qu'il soit reconnu par l'Etat. C'est tout l'objet de la « possession d'État ». Cela montre un lien entre un enfant et son parent présumé, même s'ils n'ont aucun lien biologique. « Elle s'applique lorsque la présomption de paternité du mari est écartée, ou lorsque l'enfant n'a pas été reconnu à la naissance », explique le ministère de la Justice sur le site service-public.fr.

Pour que ce lien soit reconnu, il ne suffit pas de simplement le revendiquer, il faut aussi en apporter la preuve. Notamment :

  • « Le parent présumé et l'enfant se sont comportés comme tels dans la réalité (vie de famille effective)
  • le parent présumé a financé tout ou partie de l'éducation et de l'entretien de l'enfant
  • la société, la famille, les administrations reconnaissent l'enfant comme celui du parent présumé. "

Attention : si l'acte de naissance d'un enfant mentionne l'existence d'un père, il ne peut y avoir de possession d'état vis-à-vis d'un autre père.

L'administration insiste sur le fait que la possession d'Etat doit répondre aux 4 critères suivants :

  1. « Il doit être continu, basé sur des faits usuels, même s'ils ne sont pas permanents. La relation doit être établie dans le temps.
  2. Elle doit être pacifique, c'est-à-dire ne pas être établie de manière violente ou frauduleuse.
  3. Elle doit être publique : le parent présumé et l'enfant sont reconnus comme tels dans la vie de tous les jours (amis, famille, administration, etc.)
  4. Il ne doit pas être ambigu (il ne doit y avoir aucun doute). "

De quoi s'agit-il ?

C'est une action « qui permet à la justice de dire que l'enfant n'a jamais été, en réalité, l'enfant des parents officiels », répond le ministère de la Justice, sur service-public.fr. C'est pour cette raison que le défi de la maternité est extrêmement rare. Pour réussir, il faudrait alors prouver que la mère n'a pas donné naissance à l'enfant.

En revanche, pour contester la paternité, il faut apporter la preuve que le mari ou l'auteur de la reconnaissance n'est pas le vrai père. Une expertise biologique peut notamment apporter cette preuve très clairement. Sa fiabilité est en effet supérieure à 99,99%.

Qui peut contester et dans quel délai ?

La filiation établie par la possession d'État peut être contestée par toute personne qui y a un intérêt : l'enfant, son père, sa mère, toute personne qui prétend être son vrai père.

Par exemple : un homme a reconnu un enfant qu'il croyait être le sien. Quelques années plus tard, lorsqu'il se sépare de la mère de l'enfant, il soupçonne qu'elle lui a menti sur l'identité du père. Il décide alors, pour rétablir la vérité et éventuellement contester sa paternité, de procéder à un test ADN.

Si cette contestation est acceptée, elle annule le lien de filiation, et par conséquent toutes les obligations légales qui s'y rattachent (autorité parentale, obligation alimentaire, etc.).

Le procureur de la République peut contester une filiation légalement établie dans deux cas :

  • « Les indices tirés des actes eux-mêmes le rendent invraisemblable. L'invraisemblance résultant des actes eux-mêmes concernera essentiellement le cas de la reconnaissance d'une personne beaucoup trop jeune pour être le père ou la mère de l'enfant.
  • Il y a eu une fraude à la loi (par exemple, fraude à l'adoption ou grossesse indirecte). "

Lorsque la filiation apparaît sur un acte d'état civil

Il n'est pas possible de contester si la possession d'état a duré plus de 5 ans.

S'il a duré moins de 5 ans, il est possible de contester dans un délai de 5 ans à compter du jour où la possession d'état a cessé.

Un test ADN qui doit être ordonné par un juge français pour être recevable est une preuve souvent utilisée pour contester la paternité. La demande d'expertise génétique pour contester une filiation ne peut être demandée que par l'enfant concerné. Les héritiers, un frère, un parent ou la mère elle-même de l'enfant n'ont pas ce droit.

A défaut de possession d'état, toute personne y ayant un intérêt peut engager une action en contestation dans un délai de 10 ans à compter de la date de naissance ou de reconnaissance. Lorsque c'est l'enfant qui initie cette action, le délai de 10 ans court à compter de la date de ses 18 ans.

Lorsque la filiation a été établie par un juge

« L'action litigieuse peut être intentée dans un délai de 10 ans à compter de la délivrance de l'acte par toute personne y ayant un intérêt », peut-on lire sur service-public.fr.

La procédure

Pour contester la paternité, il faut aller en justice. L'assistance d'un avocat n'est pas négociable.

Si l'enfant est mineur, il doit également être représenté par ce qu'on appelle un « administrateur ad hoc », personne chargée de défendre légalement un mineur non émancipé, « lorsque ses intérêts sont en contradiction avec ceux de ses représentants légaux ».

Les effets de l'action

« Si la filiation contestée est remise en cause par le juge :

  • le lien de filiation est annulé rétroactivement ;
  • les actes d'état civil concernés sont mis à jour dès que la décision devient définitive ;
  • les droits et obligations qui pesaient sur le parent dont la filiation est annulée disparaissent.

La résiliation de la filiation peut entraîner le changement du nom de l'enfant mineur. Mais si l'enfant est majeur, il est indispensable d'obtenir son consentement.

Une fois prononcée, la décision de nullité de filiation entraîne de plein droit et de plein droit une modification des actes de l'état civil. Aucune mesure n'est à prendre. "

Enfin, le juge peut aussi, si l'enfant le souhaite, fixer un cadre pour qu'il puisse continuer à entretenir des liens avec la personne qui l'élevait auparavant.

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