Couple : comment éviter le baby-clash ?

Parents : Comment expliquer l'augmentation du nombre de séparations après la naissance du premier enfant ? 

Bernard Geberowicz : La naissance du premier enfant, plus tardive qu'avant, met la vie des membres du couple à l'épreuve. Ces bouleversements sont internes à chacun, relationnels (au sein du couple), familiaux et socio-professionnels. La plupart des couples trouvent progressivement un nouvel équilibre. D'autres se rendent compte que leurs plans n'étaient pas compatibles et se séparent. Les modèles que chacun a construits, bien sûr, jouent un rôle dans la décision de se séparer. Est-ce une bonne chose d'envisager rapidement la séparation comme solution à tout conflit relationnel ? Je pense qu'il faut bien réfléchir avant « d'oser » se séparer. L'enfermement en couple obligatoire n'est plus de mise, le couple « Kleenex » n'est pas non plus un modèle à promouvoir, à partir du moment où l'on prend la responsabilité d'avoir un enfant avec quelqu'un.

Les couples qui durent sont-ils ceux qui ont préparé l'accouchement, qui étaient en quelque sorte « mûrs » ? 

BG : Nous pouvons nous préparer à devenir parents. Apprendre à s'écouter, se parler, apprendre à demander et à formuler des besoins autrement que sous forme de reproches. L'arrêt de la contraception, la grossesse, la rêverie sont un bon moment pour faire ce métier et prendre soin de l'autre et de la relation.

Mais un couple n'est jamais « complètement mûr » pour avoir un bébé. C'est aussi en apprenant à connaître l'enfant que l'on apprend à devenir parent et que l'on développe la complémentarité et la complicité de « l'équipe parentale ».

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« Un amour au longue cours », un roman touchant qui sonne juste

Les mots font-ils gagner du temps en passant ? Peut-on contrôler le désir ? Comment un couple peut-il défier la routine ? Dans ce roman épistolaire, Anaïs et Franck s'interrogent et se répondent, évoquant leurs souvenirs, leurs combats, leurs doutes. Leur histoire ressemble à tant d'autres : une rencontre, un mariage, des enfants qui naissent et grandissent. Puis les premières ondes négatives, la difficulté à se comprendre, la tentation d'infidélité… Mais Anaïs et Franck ont ​​une arme : une croyance absolue et implacable en leur amour. Ils ont même écrit une « Constitution du couple », placardée sur le frigo, qui fait sourire leurs amis, et dont les articles résonnent comme une to-do list du 1er janvier : Article 1, ne pas critiquer l'autre quand il est assis. s'occuper du bébé – Article 5, ne pas tout se dire – Article 7, se réunir un soir par semaine, un week-end par mois, une semaine par an. Ainsi que le généreux article 10 : accepter les faiblesses de l'autre, le soutenir en tout.

Guidés par ces mantras bienveillants épelés au fil des pages, Anaïs et Franck évoquent le quotidien, l'épreuve du réel, leurs filles qui grandissent, tout ce qu'on appelle « la vie de famille » et qui est la courte vie. Avec son lot d'improbables, de fous, de "hors de contrôle". Et qui saura faire naître, nue et heureuse, l'envie de recommencer ensemble. F. Payen

« Un amour de longue date », de Jean-Sébastien Hongre, éd. Anne Carrière, 17 €.

Les couples qui tiennent le coup ont-ils plus ou moins le même profil ? 

BG : Je ne pense pas qu'il existe de critères permettant de prédire la durée de vie d'une relation. Ceux qui se choisissent en énumérant les points communs nécessaires ne sont pas sûrs du succès. Ceux qui ont vécu longtemps de manière très « fusionnelle » avant de devenir parents risquent d'être dépaysés par l'éclatement de la bulle et le passage de deux à trois. Les couples « trop » différents ont aussi parfois du mal à tenir.

Quels que soient les origines et les parcours des parents, chacun doit être prêt à considérer que « plus rien ne sera plus pareil, et tant mieux ! De plus, plus le couple se sent solide (à leurs yeux et à ceux de leurs proches et familles respectives), plus le risque de conflit diminue.

L'infidélité est souvent la cause de la rupture. Les couples en dernier lieu ne sont-ils pas touchés ? Ou acceptent-ils mieux ces « lacunes » ? 

BG : Les mensonges blessent plus que les infidélités. Elles conduisent à la perte de confiance en l'autre, mais aussi en soi, et donc dans la solidité du lien. Les couples qui durent, après cela, sont ceux qui parviennent à « vivre avec » ces traumatismes, et qui parviennent à se retrouver dans une confiance et une envie commune de réinvestir dans la relation. Bref, il s'agit d'assumer la responsabilité de ses choix, de savoir demander et accorder le pardon, de ne pas faire porter aux autres la responsabilité de leurs propres actes.

Si la situation se dégrade, comment trouver un équilibre ? 

BG : Avant même la dégradation, les couples ont intérêt à prendre le temps de se parler, de s'expliquer, de s'écouter, de chercher à se comprendre. Après la naissance d'un enfant, recréer de l'intimité à deux est essentiel. Il ne faut pas attendre la semaine de vacances ensemble (qu'on prend rarement au début) mais essayer, chez soi, de se protéger quelques soirs, quand l'enfant dort, de couper les écrans et d'être ensemble. Attention, si chacun des membres du couple travaille beaucoup, avec des trajets fatiguants, et des « bracelets électroniques » qui les relient au monde professionnel le soir et le week-end, cela diminue la disponibilité l'un pour l'autre (et avec enfant). A savoir aussi, la sexualité ne peut pas revenir au top dans les semaines qui suivent l'arrivée d'un enfant. En cause, la fatigue de chacun, les émotions tournées vers le bébé, les conséquences de l'accouchement, les modifications hormonales. Mais la complicité, la tendre proximité, le désir de se retrouver entretiennent le désir vivant. Pas la recherche de la performance, ni le besoin d'être « au top » ou l'idée pernicieuse de revenir « comme avant » !

Que devons-nous vouloir pour pouvoir rester ensemble ? Une sorte d'idéal ? Un lien plus fort que la routine ? Ne mettez pas le couple avant tout ?

BG : La routine n'est pas un obstacle, tant que l'on sait que la vie quotidienne contient une part de choses répétitives. A chacun d'arriver à ponctuer cette vie de moments intenses, de moments de fusion, d'intimité partagée. Ne pas avoir des idéaux inaccessibles, mais savoir être exigeant avec soi-même et avec les autres. La complicité et la connivence sont importantes. Mais aussi la capacité de mettre en évidence les bons moments, ce qui va bien et pas seulement les défauts et les reproches.

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