Don d'ovules : le témoignage poignant de Jennifer

« Pourquoi j'ai décidé de donner un ovule »

« J'ai 33 ans et j'ai deux enfants. Mes filles sont magiques. Je crois qu'aucun autre mot ne peut mieux les qualifier. Avoir des enfants était pour moi une évidence. Pendant longtemps.

Lorsque j'ai rencontré mon partenaire actuel il y a sept ans maintenant, je savais qu'il serait le père de mes enfants. Et 3 ans et demi plus tard, je suis tombée enceinte. Sans peine. Le gynécologue me dirait alors que je fais partie de ces femmes qui rien que d'y penser très fort tombe enceinte…

 

On croit encore, en voyant ces petits bébés souriants, que tout est simple. Eh bien non, pas toujours. Ma fille aînée, mon mari a déclaré une maladie grave. Pas une petite chose qui peut être guérie avec un traitement, non, une maladie que seul le nom vous fait fuir. Vous combinez cancer + cerveau et vous attrapez la maladie du papa de ma fille. Les questions se bousculent dans la tête et vous vous rendez compte que non, tout n'est pas si simple. Opération, chimio, radiothérapie. On dit qu'il est guéri. Ma fille a deux ans et demi. Je suis de nouveau tombée enceinte, de manière inattendue. Je suis enceinte de sept mois et demi lorsque nous apprenons qu'une récidive très violente est en train de se produire dans le cerveau de mon mari. Opération de chirurgie éveillée. Je suis enceinte de huit mois et je ne sais vraiment pas si j'aurai un père qui attend cette poupée à sa sortie. Il sera enfin là, bandé sur la tête, pour la voir naître.

La vie n'est pas toujours aussi facile qu'on le pense. Nous pensons que nous pouvons avoir un bébé et puis nous apprenons que nous sommes stériles. Ou quand une maladie infantile nous empêche de procréer. Ou que le cancer passé nous a rendus moins prolifiques. Ou bien d'autres raisons. Et là, c'est une vie qui s'effondre car notre rêve le plus cher ne prendra pas forme. Les vies qui s'effondrent, je sais. Alors, après avoir eu mes deux filles, je me suis dit que toutes ces mamans qui ne pouvaient pas avoir d'enfants, c'était terrible. J'ai donc voulu à ma petite échelle offrir cette possibilité à l'un d'eux, à plusieurs d'entre eux. Mon mari ne peut évidemment pas donner de sperme, mais j'ai décidé de donner un ovule. J'ai eu le premier entretien la semaine dernière avec une sage-femme, qui m'a expliqué le déroulement de l'intervention, son fonctionnement, ses conséquences, son mode opératoire, tout ça, tout ça tout ça. "

En accord avec le papa (c'est nécessaire quand on est en couple et avec des enfants), je vais donner des ovocytes très bientôt. Oui, c'est long, oui, c'est contraignant, oui, il y a des piqûres (mais j'ai même pas peur !) la fatalité qui nous dit que nous ne pourrons pas avoir d'enfants. Au cours des dernières années, la demande de dons d'ovocytes était d'environ 1 %. L'attente peut parfois prendre jusqu'à plusieurs années...

J'en parlais il y a quelques jours avec une amie qui se disait qu'elle ne supportait pas l'idée d'avoir une descendance qu'elle ne connaissait pas. Même après y avoir réfléchi, je n'ai pas de problème. La mère est celle qui porte, celle qui élève pour moi. De ce point de vue, ma morale n'appelle pas au secours. De plus, l'anonymat garanti en France est rassurant. Je ne fais pas de don d'ovocytes pour avoir d'autres enfants...

 

Mes filles sont magiques. Je crois qu'aucun autre mot ne peut les qualifier. Et j'espère par cette démarche que d'autres mamans pourront aussi le dire un jour. C'est un don de soi, un don altruiste qui n'attend rien en retour, c'est un don fait du fond du coeur.

Jennifer

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