Estérification : quelle est la différence entre une huile estérifiée et une huile végétale ?

Estérification : quelle est la différence entre une huile estérifiée et une huile végétale ?

Il est possible et même courant de modifier les huiles végétales par un procédé appelé estérification. Pourquoi ? Pourquoi pas ? Le débat se poursuivra après la lecture de l'article.

Quelques exemples d'huiles végétales

Une huile végétale est un corps gras liquide à température ambiante extrait d'une plante oléagineuse, c'est-à-dire d'une plante dont les graines, les noix ou les amandes contiennent des lipides (graisses).

Pourquoi s'intéresser au domaine de la cosmétique ? Car la surface de la peau (l'épiderme) est constituée de cellules (kératocytes) scellées par un ciment de phospholipides, de cholestérol végétal et d'acides gras polyinsaturés.

La plupart des huiles végétales contiennent également des acides gras polyinsaturés, d'où leur utilisation pour renforcer les propriétés naturelles de la peau ou les remplacer en cas de carence.

Il existe cependant quelques exceptions comme par exemple l'huile de coco qui est dite « concrète » et qui contient des acides gras saturés (ce n'est pas recommandé).

Il existe plus de 50 plantes oléagineuses dont sont extraits des huiles vierges ou des macérats frais ou biologiques. Les plus utilisées en cosmétique sont :

  • L'arganier, qui pousse au Maroc et sert à diluer les huiles essentielles ;
  • Jojoba, planté dans les déserts d'Amérique du Sud ;
  • Le karité, qui vient d'Afrique (à l'état solide à température ambiante) ;
  • L'amandier, vivant autour du bassin méditerranéen mais célèbre à Malaga, qui sert aussi à diluer les huiles essentielles.

Mais les huiles aux noms merveilleux proviennent de nombreuses plantes merveilleuses qui poussent aux quatre coins du monde, plus ou moins merveilleuses.

Rose Musquée (Amérique du Sud), Castor (Inde), Kamanja (Pongolotte d'Inde), Camélia ou Thé (Inde), Argousier (Tibet), etc., sans oublier les macérats de marguerites ou de monoï (fleurs de tiaré de Tahiti) . Nous devons nous arrêter, mais la liste est longue.

Mais les huiles estérifiées proviennent principalement de palme (zones tropicales et subtropicales, plages et montagnes) et de noix de coco (Asie et Océanie).

Quitter la botanique pour la chimie

Loin de la poésie des plantes, venons-en à l'estérification.

L'estérification relève de la chimie organique, c'est la transformation d'une substance en un ester en faisant réagir un acide avec un alcool ou un phénol.

Dans l'opération qui nous intéresse ici, les acides gras (amandes, noix ou graines des plantes en question) sont estérifiés pour transformer les huiles (liquides) ou les graisses (solides) en esters. A noter que les huiles sont plus riches en acides gras insaturés que les graisses.

Les acides gras d'une huile végétale sont donc mis à réagir avec un alcool gras ou un polyol tel que le glycérol, naturel ou synthétique.

Cette manœuvre peut être effectuée à froid ou à chaud. La réaction à froid permettrait de conserver les propriétés des substances (les « actifs ») recherchées et l'utilisation de solvants naturels permettrait de ne pas réduire leur puissance par dilution.

Remarque : le conditionnel s'est immiscé dans le texte. En effet, formulateurs et décideurs s'y opposent. Les labels bio sont attribués de manière irrégulière. Rappelons que les cosmétiques naturels valorisent les huiles végétales estérifiées, tandis que les cosmétiques conventionnels utilisent des silicones et des huiles minérales.

Les huiles minérales sont issues de la pétrochimie : elles sont bon marché, stables, sûres, avec de forts pouvoirs hydratants et occlusifs, mais sans pouvoir nutritionnel et peu ou pas de biodégradabilité. Quant aux silicones, ils sont entièrement synthétiques, issus de la transformation du quartz.

La guerre du pétrole est lancée

Il faut partir d'une explication apparemment rationnelle qui est débattue et même totalement controversée.

  • Une huile estérifiée est une huile végétale qui a été transformée par une réaction chimique qui la rend plus pénétrante, plus stable et moins chère ;
  • La première polémique est l'exemple des huiles de coco ou de palme qui contiennent des vitamines, des phytostérols (les « actifs » végétaux) et des acides gras essentiels fragiles (oméga 3 et 6) que l'estérification à chaud détruit ;
  • La seconde concerne leur faible coût. Mais la production industrielle d'huile de palme ou de coco est responsable d'une déforestation massive, notamment en Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie) et en Afrique (Cameroun et République Démocratique du Congo) ;
  • Le troisième est leur facilité d'utilisation : les huiles estérifiées s'incorporent facilement aux crèmes sans opération préalable de chauffage. Les crèmes sont ainsi rendues plus stables et se conservent mieux.

Et conclusion

Pour chacune des controverses, des exemples et des contre-exemples sont argumentés. Peut-être que la meilleure façon de se faire une idée n'est pas d'opposer systématiquement les deux classes d'huiles mais de les considérer une à une quant à leur prix, leurs propriétés, leur contexte de fabrication quant à l'environnement et autre dimension écologique.

Les huiles végétales estérifiées sont destinées à apaiser la peau mais pas les esprits. La Sagesse conseille de ne pas les opposer mais de les utiliser chacun pour leurs vertus respectives, voire de les utiliser alternativement selon les besoins de la peau.

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