Psychologie

Le mari d'une amie la trompe, son fils adolescent fume en cachette, elle-même s'est sensiblement rétablie récemment... Nous sommes nombreux à essayer de dire toute la vérité à des amis proches et sommes absolument convaincus que nous le faisons "pour leur propre bien". ” Mais cette vérité est-elle toujours vraiment bonne ? Et est-ce si noblement que nous agissons en informant ses amis ?

« Un jour, lors d'une soirée, le copain de ma meilleure amie a commencé à me draguer. Je lui en ai parlé dès le lendemain - après tout, nous ne devrions pas avoir de secrets l'un pour l'autre, surtout dans des choses aussi importantes. Cette nouvelle la stupéfia. Elle m'a remercié d'avoir ouvert les yeux… Et le lendemain, elle a appelé et m'a dit de ne pas m'approcher de son petit ami. Pendant la nuit, j'ai réussi à me transformer en une tentatrice insidieuse pour elle et je suis devenue une ennemie jurée », raconte Marina, 28 ans.

Cette situation assez typique amène à se demander : vaut-il vraiment la peine de dire à des amis tout ce que l'on sait ? Veulent-ils que nous « leur ouvrions les yeux » ? Allons-nous ruiner notre relation avec eux ? Et que se cache-t-il réellement derrière une noblesse amicale ?

Nous décrivons les « libérateurs »

« Chacune de nos paroles, même celles prononcées en toute sincérité, vise avant tout à résoudre nos problèmes personnels », explique la psychothérapeute Catherine Emle-Perissol. — Raconter à une amie l'infidélité de son partenaire, on peut partir du fait qu'à sa place on préférerait le savoir. De plus, c'est comme si on se dotait de pouvoir, on apparaissait dans le rôle d'un « libérateur ». Dans tous les cas, celui qui ose dire la vérité en assume la responsabilité.

Avant de dire à un ami une vérité qui lui est désagréable, demandez-vous s'il est prêt à l'accepter. L'amitié doit respecter la liberté de chacun. Et la liberté peut également résider dans le refus de connaître l'infidélité d'un partenaire, les mensonges des enfants ou leur propre excès de poids.

Nous imposons la vérité

Même l'éthique de l'amour, comme l'a dit le philosophe russe Semyon Frank, faisant écho aux paroles du poète allemand Rilke, est fondée sur «la protection de la solitude d'un être cher». Cela est particulièrement vrai pour l'amitié.

En déversant trop d'informations sur nous-mêmes sur l'autre, nous faisons de lui un otage de nos émotions.

Notre principal devoir envers un ami est précisément de le protéger, et non d'affronter une réalité qu'il ignore délibérément. Vous pouvez l'aider à découvrir la vérité par lui-même en posant des questions et en étant prêt à écouter.

Demander à une amie si son mari est trop souvent en retard au travail ces derniers temps et déclarer directement qu'elle est trompée sont deux choses différentes.

De plus, nous pouvons nous-mêmes créer une certaine distance dans une relation avec un ami afin de l'amener à se demander ce qui s'est passé. Ainsi, non seulement nous nous soulageons du fardeau de la responsabilité des informations dont il n'a pas connaissance, mais nous l'aidons également à découvrir lui-même la vérité, s'il le souhaite.

Nous disons la vérité pour nous-mêmes

Dans l'amitié, nous recherchons la confiance et l'échange affectif, et utilisons parfois un ami comme psychanalyste, ce qui peut ne pas être particulièrement facile ou agréable pour lui.

"En déversant trop d'informations sur nous-mêmes sur l'autre, on le rend otage de nos émotions", explique Catherine Emle-Perissol, conseillant à chacun de se poser la question : qu'attend-on vraiment des amitiés.


À propos de l'expert : Catherine Emle-Perissol est psychothérapeute.

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