Accoucher dans une maison de naissance : ils en témoignent.

Ils ont accouché dans une maison de naissance

Qu'est-ce qu'une maison de naissance?

C'est une structure gérée par des sages-femmes et située à proximité immédiate d'une maternité partenaire. Seules les femmes avec grossesse non pathologique peut y accoucher. La mère ne doit pas attendre de jumeaux ou avoir eu une césarienne lors d'un accouchement précédent, la grossesse doit être à terme et le bébé doit venir par la tête. Une fois le bébé accouché, la mère peut rentrer chez elle 6 à 12 heures plus tard, et sera médicalement suivi à la maison. Retrouvez la liste des 9 maisons de naissance ouvertes à titre expérimental sur le site de la Haute Autorité de Santé. 

Hélène : « Sur l'échelle de la peur d'accoucher, je suis passée de 10 à 1 !

« Ma propre naissance a mal tourné. Maman a paniqué et s'est sentie agressée par le corps médical. Alors l'hôpital nous a fait un peu peur. Nicolas a cherché une alternative sur le web, et il a trouvé Calm. Ici, le point fort est que notre sage-femme, Marjolaine, se concentre sur notre questionnement. J'avais peur de l'induction, peur d'avoir une césarienne sous anesthésie générale. Avec mon tatouage dans le bas du dos, la péridurale n'était pas garantie. Je ne savais rien, j'ai tout appris ici. En quelques mois, sur l'échelle de la peur d'accoucher, je suis passée de 10 à 1 ! Nicolas était très investi ; il venait à presque toutes les consultations. Marjolaine nous a aidés à retrouver confiance en nous : elle nous a expliqué comment le compagnon peut soulager les contractions avec les massages du bas du dos et les positions sur le ballon. J'ai passé le terme, avec la peur d'être déclenché. Marjolaine a détaillé les moyens naturels pour commencer à travailler : marcher, monter les escaliers, faire l'amour, manger des plats épicés, se masser le ventre avec des huiles essentielles. J'ai tout fait, même une séance d'ostéopathie.

Trois jours après le terme prévu, j'ai eu une échographie aux Bluets. Lors de l'examen, le médecin a perdu l'image. C'était ma première forte contraction. Il était midi. je suis rentré à la maison pour faire le début du travail. Installée sur mon lit dans le noir, j'étais bien, j'accueillais les contractions. Marjolaine m'appelait toutes les heures. En m'écoutant respirer, elle savait où j'étais. A 18h, elle m'a demandé de venir au Calme. Je me suis assis dans la baignoire, pour y rester de 20h30 à 23h30 je suis sorti pour essayer des postures sur le lit, assis, debout, en mouvement, de côté… Nicolas m'accompagnait en permanence, me massant le bas du dos. Le lendemain, il était épuisé ! Toutes les heures, j'avais la surveillance. La sage-femme n'était pas toujours à côté de moi, mais je la sentais très présente. Elle m'a guidé à travers les sensations.

Aujourd'hui, j'ai de bons souvenirs de la naissance

Vers 3 heures du matin, elle m'a vérifié et mon travail stagnait. Mon collier était bloqué, au point que Marjolaine, avec mon accord, a entamé le processus de transfert. Je suis montée à la maternité (qui est juste au dessus), et tout a commencé. J'ai donc pu rester avec mes sages-femmes à Calm. Garance est sorti rapidement, en 30 minutes, à 4h30 du matin le 9 avril. Quand je l'ai sentie venir, j'étais baigné de joie. Nous sommes descendus au Calme pour nous allonger, avec Garance entre nous. Nous avons dormi jusqu'à 9h30 et avons pris un bon petit déjeuner. Maman est venue nous chercher à 12h30. Marjolaine nous a rendu visite le lendemain. elle m'a beaucoup expliqué pour allaiter. J'ai eu peu de soucis, hormis une douleur au coccyx pendant 10 jours. Aujourd'hui, je garde un très bon souvenir de la naissance de Garance. Contractions, c'est moins douloureux qu'on ne l'imagine. C'est comme un vague puissante dans lequel plonger. Avant d'arriver ici, quand j'avais prévu d'accoucher, j'ai pensé à la douleur, à la peur de mourir ! " la

Propos recueillis par Christine Cointe

Julia : « J'ai accouché dans l'eau et presque sans aide… » 

« J'ai accouché à Calm le 27 avril. je voulais un accouchement très naturel. J'avais confiance en mon corps. De manière générale, je n'aime pas la médicalisation du corps. J'avais le projet d'avoir un accouchement très physiologique et le futur papa aussi. C'est ma sœur qui m'a parlé de ce lieu de naissance. Nous nous sommes renseignés sur Internet, puis nous sommes allés aux réunions d'information. Et nous étions rassurés, nous trouvions que c'était un endroit formidable pour donner vie. Vous n'êtes plus maître de votre corps ou de votre projet à partir du moment où vous avez mis les pieds dans un hôpital… J'ai voulu accoucher de la manière la plus naturelle possible. Ma mère aussi avait ce désir d'accoucher dans l'eau, mais n'a jamais réussi à le réaliser. Je crois qu'il y a eu une transmission générationnelle de ce désir. L'eau est un élément qui m'attire. Je n'avais aucune appréhension à l'idée d'accoucher sans péridurale. J'avais lu beaucoup de choses qui m'avaient rassuré… J'avais une vision hyper positive des contractions, j'étais très optimiste. Je pense même maintenant que je n'avais pas assez d'appréhension.

Finalement, c'était plus douloureux que je ne le pensais. J'ai eu deux jours complets de pré-travail, deux nuits blanches avec des contractions répétées. Je suis arrivée à la maison de naissance un peu dilatée. La sage-femme m'a dit que je n'étais pas encore en travail réel et m'a conseillé de faire une «randonnée» de deux heures pour faciliter les choses. Je suis allé faire une promenade. L'aller s'est bien passé, mais au retour, c'était affreux, j'ai crié à ma mort. De retour à la maternité, la sage-femme m'a mise dans la baignoire pour me détendre. Elle m'a fait un toucher vaginal, le seul durant tout l'accouchement. Mon col était dilaté à 2 cm. « Soit tu rentres chez toi et tu reviens quand tu n'es plus au travail, soit tu restes là-bas et on voit comment ça se passe », m'a-t-elle dit. Je suis remonté dans la voiture, mais la douleur était trop forte : je pleurais constamment. Et enfin, le travail a été fait rapidement, car le pré-travail avait été très long. On ne m'a pas fait pousser, on m'a dit de le faire quand j'en avais envie. Sur la dernière phase, comme je sentais mon bébé avancer, j'ai demandé à aller dans la baignoire. Et à 1h55, j'ai accouché d'une petite fille, dans l'eau et presque sans aide.

Si je pouvais le refaire, je le ferais !

La femme sage n'est intervenu à aucun moment, elle vient de mesurer le rythme cardiaque de mon bébé toutes les heures. Mon partenaire était très proche de moi, il me massait et me réconfortait. Ce qui est génial avec la maison de naissance, c'est qu'une fois votre projet choisi, vous ne pouvez plus changer d'avis, sauf en cas d'urgence. Soit dit en passant, à un moment donné, j'ai dit que je voulais une péridurale, mais la sage-femme m'a rassuré, car elle a vu que j'avais encore beaucoup de ressources. j'ai accouché vers 2h du matin nous avons passé la nuit tous les trois dans la chambre, nous avons mangé à midi et à 15h nous sommes partis. J'ai découvert cette version très tôt… Mais je suis heureuse d'avoir accouché ainsi. Et si c’était à refaire, je le referais. " le

Propos recueillis par Hélène Bour

Marie-Laure : « Juste après la naissance, je me sentais invincible.

 « J'ai accouché à 2h45 du matin, accroupi dans la baignoire, lundi 16 mai, entouré de Marjolaine, ma sage-femme et mon mari. Elvia, 3,7 kg à la naissance, n'a pas crié. Il n'a fallu que quatre contractions pour la faire sortir. Et à midi, nous étions à la maison. Cela s'est passé comme je l'imaginais. Au moment de l'expulsion, la force du corps est impressionnante ! J'ai beaucoup lu sur la montée d'adrénaline lorsque le bébé pousse ; en fait, il brûle surtout. Juste après la naissance j'ai ressenti invincible, comme un guerrier. Je suis tellement contente de l'avoir vécu, ça avait du sens. La douleur est supportable lorsque vous êtes préparé.

Je voulais un accouchement moins médicalisé

J'ai un mauvais souvenir de mon premier accouchement… Cette fois, j'ai agi pour ne pas revivre un déclencheur médicalisé. À mesure que le terme approche, j'ai marché pas mal et j'ai fait de l'acupuncture pour la maturation cervicale. Résultats ? Elvia est née la veille du terme théorique. Je ne connaissais personne qui avait accouché ici. Je me suis renseigné sur le net. En 2011, j'ai assisté à une réunion d'information à Calm (1). Ce jour-là, je me suis dit : le lieu de rêve existe ! Ici il y a une vraie relation de confiance. Marjolaine m'a tout de suite demandé si j'étais d'accord ou non pour un toucher vaginal par exemple. Ici, on apprend que l'accouchement est un processus physiologique, qu'il est possible d'être actif en ce moment. Hormis les échographies, réalisées en cabinet privé, je n'ai pas vu de médecin pendant ma grossesse. Avec les sages-femmes de Calme, les consultations ne sont pas plus rapprochées mais plus longues, 1h30 à 2h ! J'ai apprécié cette personnalisation. A chaque consultation, on se sent bien accueilli, dans une ambiance familiale. Lors de l'accouchement, Marjolaine était très présente. elle écoutait rythme cardiaque régulier, elle me massait juste au dessus du bassin, elle s'adaptait tout le temps. Plus le travail avançait, plus je sentais que j'avais besoin d'elle. Je me suis aidé en supprimant les sons pour détendre la région du bassin. En vocalisant, je montais trop dans les aigus et elle me ramenait aux sons graves. J'étais en admiration devant son sang-froid, comme j'étais submergé par la force des contractions utérin. Quand chacun est arrivé, mon mari m'a attrapé la main ! Je parlais à Elvia, l'encourageant à descendre. Sur le moment, on ne réfléchit pas, on est dans une bulle, c'est très animal. Si on a soif, on peut boire, si on veut sortir de l'eau, on le fait. À un moment donné, je n'en pouvais plus de l'eau ! Je suis sorti pour faire des suspensions. J'ai alterné plusieurs postes. Pendant le travail, je n'ai pas posé de questions sur la dilatation. Marjolaine regarda une fois. Lors d'une visite postnatale, elle m'a dit que trois quarts d'heure avant l'accouchement, je n'étais qu'à 6 heures. Le lendemain de l'accouchement, j'ai eu la visite de Marjolaine, puis jeudi et samedi. Je me sens moins fatiguée que lors du premier accouchement. On récupère bien mieux sans produits chimiques dans le corps ! " le

Propos recueillis par Christine Cointe

(1) Pour plus d'informations : http://www.mdncalm.org

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