Harcèlement à l'école : lui donner les clés pour se défendre

Comment faire face au harcèlement en maternelle ?

Moqueries, isolement, griffures, bousculades, arrachages de cheveux… le phénomène du harcèlement moral n'est pas nouveau, mais il prend de l'ampleur et inquiète de plus en plus parents et enseignants. Même la maternelle n'est pas épargnée, et comme le souligne la thérapeute Emmanuelle Piquet : « Sans aller jusqu'à parler d'enfants harcelés à cet âge, on voit que ce sont souvent les mêmes qui sont poussés, piquent leurs jouets, posés par terre, tirent les cheveux, voire mordre. Bref, il y a des bambins qui ont parfois problèmes de relation fréquent. Et s'ils ne sont pas aidés, cela peut se reproduire à l'élémentaire ou au collège. "

Pourquoi mon enfant est-il harcelé ?


Contrairement à la croyance populaire, cela peut arriver à n'importe quel enfant, il n'y a pas de profil type, pas de victime pré-désignée. La stigmatisation n'est pas liée à des critères physiques, mais plutôt à une certaine vulnérabilité. Les autres enfants voient vite qu'ils peuvent exercer leur pouvoir sur celui-ci.

Comment reconnaître le harcèlement scolaire ?

Contrairement aux enfants plus âgés, les tout-petits se confient facilement à leurs parents. Quand ils rentrent de l'école, ils racontent leur journée. Le tien vous dit qu'on le dérange à la récréation ?N'esquivez pas le problème en lui disant que tout va bien, qu'il en verra plus, qu'il n'est pas en sucre, qu'il est assez grand pour se débrouiller tout seul. Un enfant que les autres agacent est affaibli. Écoutez-le, montrez-lui que vous vous intéressez à lui et que vous êtes prêt à l'aider s'il a besoin de vous. S'il constate que vous minimisez son problème, il se peut qu'il ne vous dise plus rien, même si la situation empire pour lui. Demandez des détails pour avoir une idée claire de ce qui se passe : Qui vous a dérangé ? Comment cela a-t-il commencé? Qu'est-ce que nous vous avons fait? Et vous ? Peut-être que votre enfant est passé à l'offensive en premier ? C'est peut-être un à cette querelle lié à un incident spécifique ?

La maternelle : la cour de récréation, lieu de disputes

La cour de récréation est un défouler où les tout-petits doivent apprendre à ne pas se faire piétiner. Les disputes, les bagarres et les affrontements physiques sont inévitables et utiles, car ils permettent à chaque enfant de trouver sa place dans le groupe, d'apprendre respecter les autres et d'être respecté à l'extérieur de la maison. A condition bien sûr que ce ne soient pas toujours les plus grands et les plus forts qui dominent et les plus petits et sensibles qui souffrent. Si votre enfant se plaint plusieurs jours de suite d'avoir été brutalisé, s'il vous dit que personne ne veut jouer avec lui, s'il change de caractère, s'il hésite à aller à l'école, soyez extrêmement vigilant. 'imposé. Et si le professeur vous confirme que votre trésor est un peu isolé, qu'il n'a pas beaucoup d'amis et qu'il a du mal à créer des liens et à jouer avec les autres enfants, vous n'êtes plus confronté à une difficulté. , mais à un problème qui devra être résolu.

Harcèlement scolaire : évitez de le surprotéger

Évidemment, le premier réflexe des parents désireux de bien faire est de venir en aide à leur enfant en difficulté. Ils vont se disputer avec le vilain garçon qui lance la balle dans la tête de leur chérubin, attendent la méchante fille qui tire les beaux cheveux de leur princesse à la sortie de l'école pour lui faire la leçon. Cela n'empêchera pas les coupables de recommencer dès le lendemain. Dans la foulée, ils s'en prennent aussi aux parents de l'agresseur qui le prennent mal et refusent d'admettre que leur petit ange est violent. Bref, en intervenant pour régler le problème pour l'enfant, au lieu de réparer les choses, ils prennent le risque de les aggraver et perpétuer la situation. Selon Emmanuelle Piquet : « En désignant l'agresseur, ils font de leur propre enfant une victime. C'est comme s'ils disaient à l'enfant violent : « Vas-y, tu peux continuer à lui voler ses jouets quand on n'est pas là, il ne sait pas se défendre ! « L'enfant agressé reprend tout seul son statut de victime. Vas-y, continue de me pousser, je ne peux pas me défendre toute seule ! "

Rapport à la maîtresse? Pas forcément la meilleure idée !

Le deuxième réflexe fréquent des parents protecteurs est de conseiller à l'enfant de se plaindre immédiatement à un adulte : « Dès qu'un enfant te dérange, tu cours prévenir le professeur ! « Là encore, cette attitude a un impact négatif, précise le psy : » Cela donne à l'enfant affaibli une identité de reporter, et tout le monde sait que cette étiquette est très mauvaise pour les relations sociales ! Ceux qui rendent compte à l'enseignant sont mal vus, quiconque déroge à cette règle perd considérablement sa « popularité » et ce, bien avant le CM1. "

Harcèlement : ne vous précipitez pas directement vers le professeur

 

La troisième réaction habituelle des parents, persuadés d'agir dans le meilleur intérêt de leur enfant maltraité, est de signaler le problème à l'enseignant : « Certains enfants sont violents et pas gentils avec mon petit en classe et/ou à la récréation. . Il est timide et n'ose pas réagir. Regardez ce qui se passe. » Bien sûr la maîtresse interviendra, mais du coup, elle confirmera aussi l'étiquette de « petite chose fragile qui ne sait pas se défendre toute seule et qui se plaint tout le temps » aux yeux des autres élèves. Il arrive même que les plaintes et sollicitations répétées l'agacent énormément et qu'elle finisse par dire : « Arrête de toujours te plaindre, prends soin de toi ! Et même si la situation se calme un moment parce que les enfants agressifs ont été punis et craignent une autre punition, les attaques reprennent souvent dès que l'attention de l'enseignant diminue.

En vidéo : Harcèlement scolaire : entretien avec Lise Bartoli, psychologue

Comment aider un enfant victime de harcèlement à l'école ?

 

Heureusement, pour les plus petits qui agacent les autres, la bonne attitude pour résoudre définitivement le problème existe. Comme l'explique Emmanuelle Piquet : « Contrairement à ce que pensent beaucoup de parents, si vous évitez de stresser vos poussins, vous les rendez encore plus vulnérables. Plus on les protège, moins on les protège ! Il faut se mettre à leurs côtés, mais pas entre eux et le monde, les aider à se défendre, à se débarrasser une fois pour toutes de leur posture de victime ! Les codes de la cour de récré sont clairs, les problèmes sont d'abord résolus entre les enfants et ceux qui ne veulent plus être dérangés doivent s'imposer et dire stop. Pour cela, il a besoin d'un outil pour parer l'agresseur. Emmanuelle Piquet conseille aux parents de construire « une flèche verbale » avec leur enfant, une phrase, un geste, une attitude, qui l'aideront à reprendre le contrôle de la situation et à sortir de la position de « recroquevillé / plaintif ». La règle est d'utiliser ce que fait l'autre, de changer de posture pour le surprendre. C'est pourquoi cette technique est appelée « judo verbal ».

Harcèlement : l'exemple de Gabriel

Le cas du très joufflu Gabriel (3 ans et demi) en est un parfait exemple. Salomé, son amie de la crèche, n'a pu s'empêcher de pincer très fort ses belles joues rondes. Les assistantes maternelles lui ont expliqué que c'était mal, qu'elle lui faisait du mal, elles l'ont punie. A la maison, les parents de Salomé l'ont également réprimandée pour son comportement agressif envers Gabriel. Rien n'a aidé et l'équipe a même envisagé de changer sa pépinière. La solution ne pouvait pas venir de Salomé, mais de Gabriel lui-même, c'est lui qui a dû changer d'attitude ! Avant même qu'elle ne le pince, il commençait à avoir peur, puis il pleurait. On lui remet le marché entre les mains : « Gabriel, soit tu restes une guimauve qu'on pince, soit tu te transformes en tigre et tu rugis fort ! Il a choisi le tigre, il a rugi au lieu de gémir quand Salomé s'est jetée sur lui, et elle a été tellement surprise qu'elle s'est arrêtée net. Elle a compris qu'elle n'est pas toute-puissante et n'a plus jamais pincé Gabriel le Tigre.

En cas de harcèlement, il faut aider l'enfant maltraité à inverser les rôles en créant un risque. Tant que l'enfant maltraité n'a pas peur de l'enfant maltraité, la situation ne change pas.

Le témoignage de Diane, maman de Melvil (4 ans et demi)

« Au début, Melvil était content de son retour à l'école. Il est en double section, il faisait partie des moyens et était fier d'être avec les grands. Au fil des jours, son enthousiasme a nettement diminué. Je l'ai trouvé éteint, beaucoup moins heureux. Il a fini par me dire que les autres garçons de sa classe ne voulaient pas jouer avec lui à la récréation. J'ai interrogé sa maîtresse qui m'a confirmé qu'il était un peu isolé et qu'il venait souvent se réfugier chez elle, car les autres l'agaçaient ! Mon sang a seulement tourné. J'ai parlé à Thomas, son père, qui m'a dit qu'il avait lui aussi été harcelé quand il était en CMXNUMX, qu'il était devenu le malheureux d'une bande de gamins coriaces qui l'appelaient Tomate en se moquant de lui et que sa mère avait changé d'école ! Il ne m'en avait jamais parlé et ça m'a énervé car je comptais sur son père pour apprendre à Melvil à se défendre. Alors, j'ai suggéré que Melvil prenne des cours de sports de combat. Il a immédiatement accepté parce qu'il était fatigué d'être bousculé et appelé les moins. Il a testé le judo et ça lui a plu. C'est un ami qui m'a donné ce bon conseil. Melvil a rapidement pris confiance en lui et bien qu'il ait une carrure de crevette, le judo lui a donné confiance en sa capacité à se défendre. Le professeur lui a appris à faire face à son agresseur éventuel, bien ancré sur ses jambes, à le regarder droit dans les yeux. Il lui a appris qu'il n'est pas nécessaire de frapper pour prendre le dessus, qu'il suffit que les autres sentent que vous n'avez pas peur. De plus, il s'est fait de nouveaux amis très sympas qu'il invite à venir jouer chez lui après les cours. Cela l'a sorti de son seul. Aujourd'hui, Melvil retourne à l'école avec plaisir, il se sent bien dans sa peau, il n'est plus embêtant et joue avec les autres à la récréation. Et quand il voit que les grands en lâchent un petit ou lui tirent les cheveux, il intervient car il ne supporte pas la violence. Je suis très fier de mon grand garçon ! "

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