Homoparentalité : adoption, procréation assistée, GPA… Ce que dit la loi

Selon les chiffres avancés par l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) en 2018, il y aurait 200 à 000 enfants élevés par au moins un parent homosexuel en France. Alors que la plupart de ces familles de même sexe vivent avec un enfant d'une union précédente, d'autres envisagent d'adopter ou de fonder une famille en utilisant la procréation assistée (ART) ou la maternité de substitution (Surrogacy).

Le 25 septembre 2018, l'Ifop a publié les résultats d'une enquête évaluant le désir d'enfant des personnes LGBT (lesbiennes-gay-bisexuelles-transsexuelles), réalisée pour l'Association des familles homoparentales (ADFP). Réalisée auprès de 994 personnes homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles, l'enquête a révélé qu'en France, 52% des personnes LGBT déclarent vouloir avoir des enfants au cours de leur vie. Pour ce faire, les couples de même sexe envisagent à la fois l'adoption et le recours à la procréation assistée ou à la GPA, dont les règles d'accès ont été modifiées par le projet de loi de bioéthique, adopté par l'Assemblée nationale le 29 juin 2021. Qui a accès à ces moyens pour Fonder une famille? Comment ces approches se traduisent-elles en termes de parentalité et de statut juridique des parents homosexuels ? Nos réponses détaillées.

Adoption pour les couples de même sexe : délicate en pratique

Selon l'article 346 du Code civil français, «nul ne peut être adopté par plus d'une personne, sauf par deux époux”. Depuis l'ouverture du mariage civil aux couples de même sexe, loi adoptée et publiée au Journal officiel le 18 mai 2013, les couples mariés de même sexe ont donc le droit de recourir à l'adoption.

Avant la réforme, ou en l'absence de mariage, il leur était possible d'adopter en tant que célibataire, mais pas en tant que couple reconnu comme tel.

Un enfant adopté par un couple marié de même sexe est donc légalement deux pères ou deux mères, avec une filiation clairement établie, et l'autorité parentale partagée.

Malheureusement, dans la réalité, il reste difficile pour les couples de même sexe d'adopter un enfant, ne serait-ce qu'à cause du refus de nombreux pays de leur permettre d'adopter.

Si un couple homosexuel n'est pas marié, l'un des deux partenaires peut demander l'adoption en tant que célibataire. Il sera alors le seul reconnu comme parent adoptif et donc titulaire duautorité parentale. Une fois marié, le conjoint pourra demander l'adoption de l'enfant de son conjoint.

Notons que le « mariage pour tous » n'a pas effacé la réalité biologique : lorsqu'un enfant a déjà une filiation maternelle ou paternelle établie, aucun autre lien de maternité ou de paternité ne peut être établi que par l'adoption.

Sur le plan juridique, il existe deux types d'adoption :

  • adoption plénière, qui confère à l'enfant une filiation qui se substitue à sa filiation d'origine, sa filiation biologique ;
  • l'adoption simple, qui n'efface pas les parents biologiques de l'enfant.

Homoparentalité et procréation assistée : avancées de la loi de bioéthique de juin 2021

La PMA pour tous, c'est-à-dire non plus uniquement réservé aux femmes hétérosexuelles mais étendu aux femmes célibataires ou en couple avec une femme, était une promesse de campagne du candidat Macron, et a été adoptée le mardi 29 juin 2021 à l'Assemblée nationale. Après vingt-deux mois de discussions, femmes célibataires et couples de femmes ont donc accès à la procréation assistée.

La PMA sera remboursée par la Sécurité sociale aux femmes célibataires et aux couples féminins au même titre que les couples hétérosexuels et les mêmes critères d'âge devraient être appliqués. Un mécanisme de filiation spécifique pour les femmes célibataires a été mis en place : il s'agit de reconnaissance conjointe précoce, qui doit être faite devant notaire en même temps que le consentement à la donation requis pour tous les couples.

Mais dans les faits, des lesbiennes s'ajouteront aux listes d'attente, estimées en 2021 à déjà plus d'un an pour obtenir un don de gamètes, et continueront donc certainement à recours à la procréation assistée à l'étranger, notamment dans les pays voisins (Espagne, Belgique, etc.). Une fois que l'un des deux membres du couple est enceinte grâce au don de sperme et à la procréation assistée à l'étranger, la jeune maman peut consentir à l'adoption de son enfant par sa femme, possible puisque l'enfant n'a qu'un seul parent légal. Ce genre de situation s'est déjà produite à plusieurs reprises en France et n'est pas considérée comme une fraude contre la loi et un obstacle à l'adoption au sein d'un couple homosexuel.

Alors les couples de lesbiennes qui veulent fonder une famille par l'intermédiaire du PAM font leur propre truc projet parental en deux étapes, la procréation assistée en premier lieu, l'adoption de l'enfant du conjoint ensuite.

Homoparentalité et GPA : une situation encore très complexe

La GPA (GPA), c'est-à-dire le recours à une mère porteuse, reste interdite en France, à tous les couples. Les couples de même sexe utilisant la GPA à l'étranger sont donc proscrits.

Dans le cas d'un couple homosexuel, seul le conjoint qui est le parent biologique de l'enfant (c'est-à-dire celui qui a fait don de son sperme pour la fécondation in vitro) est reconnu comme parent biologique et légal de l'enfant.

Notez que la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la France en 2014 pour rejet de la demande de transcription des actes de naissance des bébés conçus par GPA à l'étranger. Elle considère que ce refus porte atteinte aux droits de l'enfant, ce qui pourrait conduire la France à revoir la situation.

Une distinction entre parent légal et parent social

Selon la loi française, seuls parents biologiques ou adoptifs sont reconnus comme les parents légaux de l'enfant. On distingue ainsi les parent légal, c'est-à-dire celui qui a un lien biologique ou adoptif avec l'enfant, et le social des parentsou futur parent, qui n'a aucun statut juridique vis-à-vis de l'enfant.

Dans un couple féminin, le parent social est le conjoint qui n'a pas porté l'enfant en cas d'AMP et n'a pas procédé à la procédure de filiation spécifique.

Dans un couple masculin ayant eu une GPA, le parent social est le conjoint qui n'est pas le père biologique de l'enfant.

Même s'il a pleinement participé au projet parental, lele parent social n'est pas légitime aux yeux de la loi. Il n'a aucun droit ni devoir sur l'enfant et ne détient pas l'autorité parentale. Un vide juridique qui peut poser problème en cas de décès du parent légal, voire de séparation du couple de même sexe. Le parent social ne léguera rien à cet enfant en cas de décès, puisqu'il n'est pas légalement reconnu comme son parent.

Au quotidien, ce parent social rencontre aussi des obstacles très concrets, comme celui de ne pas pouvoir réaliser le démarches administratives pour l'enfant (inscription à la crèche, à l'école, actes médicaux, etc.).

En vidéo : La procréation assistée est-elle un facteur de risque pendant la grossesse ?

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