Materner les bébés selon les cultures

Tour du monde des pratiques maternelles

On ne s'occupe pas de son enfant de la même manière en Afrique qu'en Norvège. Les parents, selon leur culture, ont leurs propres habitudes. Les mères africaines ne laissent pas pleurer leurs bébés la nuit alors qu'en Occident, il est conseillé (moins qu'avant) de ne pas courir au moindre sursaut de leur nouveau-né. Allaiter, porter, s'endormir, emmailloter… Le tour du monde des pratiques en images…

Sources : « À la hauteur des bébés » par Marta Hartmann et « Géographie des pratiques éducatives par pays et continent » par www.oveo.org

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    Emmailloter les bébés

    Très appréciée des mères occidentales ces dernières années, cette pratique du maternage n'a pas été vue d'un bon œil depuis des décennies. Cependant, les bébés en Occident étaient emmaillotés durant les premiers mois de leur vie, dans leurs langes, avec des cordes et des rubans entrecroisés, jusqu'à la fin du 19e siècle. Au XXe siècle, les médecins dénoncent cette méthode jugée pour eux « archaïque », « insalubre et surtout, qui entrave la liberté de mouvement des enfants ». Puis vint le XXIe siècle et le retour des pratiques d'antan. L'anthropologue Suzanne Lallemand et Geneviève Delaisi de Parseval, spécialistes des questions de fertilité et de filiation, ont publié en 21 le livre « L'art d'accueillir les bébés ». Les deux auteurs louent l'emmaillotage, expliquant qu'elle rassure le nouveau-né "en lui rappelant sa vie in utero".

    Dans les sociétés traditionnelles comme l'Arménie, la Mongolie, le Tibet, la Chine… les bébés n'ont jamais cessé d'être chaudement emmaillotés dès la naissance.

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    Bébé se berce et s'endort

    En Afrique, les mères ne se séparent jamais de leur petit, encore moins la nuit. Laisser un bébé pleurer ou le laisser seul dans une pièce n'est pas une chose. A l'inverse, les mères peuvent paraître sèches lorsqu'elles se lavent avec leur enfant. Ils lui frottent vigoureusement le visage et le corps. En Occident, c'est très différent. Les parents prendront au contraire d'infinies précautions pour ne pas « traumatiser » leur enfant par des gestes un peu durs. Pour endormir leur petit, les mamans occidentales pensent qu'il faut l'isoler dans une pièce calme, dans le noir, pour lui permettre de mieux s'endormir. Ils le berceront en lui fredonnant des chansons tout doucement. Dans les tribus africaines, le bruit fort, les chants ou les bercements font partie des méthodes d'endormissement. Pour endormir son bébé, les mères occidentales suivent les recommandations des médecins. Au XIXe siècle, les pédiatres dénoncent leur dévouement excessif. Au 19e siècle, plus de bébés dans les bras. On les laisse pleurer et s'endormir seuls. Drôle d'idée penseraient les mères des sociétés tribales, qui bercent leur petit en permanence, même s'il ne pleure pas.

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    Porter des bébés

    Partout dans le monde, lees bébés ont toujours été portés par leur mère sur le dos. Retenus par des pagnes, des écharpes colorées, des morceaux de tissus, surmontés de liens entrecroisés, les bébés passent de longues heures maintenus contre le corps de la mère, en souvenir de la vie utérine. Les porte-bébés utilisés par les familles dans les sociétés traditionnelles sont souvent sculptés dans de la peau d'animal et parfumés au safran ou au curcuma. Ces odeurs ont également une fonction bénéfique sur les voies respiratoires des enfants. Dans les Andes par exemple, où les températures peuvent chuter rapidement, l'enfant est souvent enseveli sous plusieurs couches de couverture. La mère l'emmène partout où elle va, du marché aux champs.

    En Occident, les foulards de portage font fureur depuis une dizaine d'années et s'inspirent directement de ces habitudes traditionnelles.

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    Masser son bébé à la naissance

    Des mères d'ethnies éloignées prennent en charge leur petit être, toutes recroquevillées, dès la naissance. En Afrique, en Inde ou au Népal, les bébés sont longuement massés et étirés pour les lisser, les fortifier et les modeler selon les traits de beauté de leur tribu. Ces pratiques ancestrales sont aujourd'hui remises au goût du jour par bon nombre de mères des pays occidentaux adeptes du massage dès les premiers mois de leur enfant. 

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    Être gaga pour ton bébé

    Dans nos cultures occidentales, les parents sont béats devant leurs petits dès qu'ils font quelque chose de nouveau : cris, babillages, mouvements des pieds, des mains, se lever, etc. Les jeunes parents vont jusqu'à poster sur les réseaux sociaux le moindre acte et geste de leur enfant au fil du temps pour que tout le monde puisse le voir. Inconcevable dans les familles des sociétés traditionnelles. Ils pensent, au contraire, que cela pourrait apporter le mauvais œil en eux, voire des prédateurs. C'est la raison pour laquelle on ne laisse pas pleurer un bébé, surtout la nuit, de peur d'attirer les créatures animales. De nombreuses ethnies préfèrent même « cacher » leur enfant dans la maison et son nom est le plus souvent gardé secret. Les bébés sont maquillés, voire noircis à la cire, ce qui susciterait moins la convoitise des esprits. Au Nigeria, par exemple, vous n'admirez pas votre enfant. Au contraire, il est amorti. Un grand-père peut même s'amuser à dire en riant : « Salut coquine ! Oh comme tu es méchant ! », à l'enfant qui rit, sans forcément comprendre.

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    L'allaitement maternel

    En Afrique, le sein des femmes est toujours accessible, à tout moment, aux enfants non sevrés. Elles peuvent ainsi téter selon leur envie ou simplement jouer avec le sein maternel. En Europe, l'allaitement a connu des hauts et des bas. Vers le 19ème siècle, un nouveau-né ne devait plus être autorisé à réclamer le sein à tout moment, mais être obligé de manger à heures fixes. Autre changement radical et sans précédent : le placement d'enfants de parents aristocratiques ou d'épouses d'artisans urbains. Puis à la fin du XIXe siècle, dans de riches familles bourgeoises, des nounous sont engagées à domicile pour s'occuper des enfants dans une « nurserie » à l'anglaise. Les mamans d'aujourd'hui sont très divisées sur l'allaitement. Il y a ceux qui le pratiquent sur plusieurs mois, de la naissance jusqu'à plus d'un an. Il y a celles qui ne peuvent donner leur sein que quelques mois, pour différentes raisons : seins engorgés, reprise du travail… Le sujet fait débat et suscite de nombreuses réactions de la part des mamans.

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    Diversification alimentaire

    Dans les sociétés traditionnelles, les mères introduisent assez rapidement des aliments autres que le lait maternel pour nourrir leurs nourrissons. Millet, sorgho, bouillie de manioc, petits morceaux de viande ou larves riches en protéines, les mères mâchent elles-mêmes les bouchées avant de les donner à leurs petits. Ces petites « bouchées » sont pratiquées partout dans le monde, des Inuits aux Papous. En Occident, le robot mixeur a remplacé ces pratiques ancestrales.

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    Pères poulets et couvée

    Dans les sociétés traditionnelles, le bébé est souvent caché dans les premières semaines après la naissance pour le protéger des mauvais esprits. Le père ne le touche d'ailleurs pas tout de suite, car il possède une énergie vitale « trop puissante » pour le nouveau-né. Dans certaines tribus amazoniennes, les pères « élèvent » leurs petits. Même s'il ne doit pas le prendre trop tôt dans les bras, il suit le rituel du couvent. Il reste allongé dans son hamac, suit un jeûne complet quelques jours après la naissance de son enfant. Chez les Wayapi, en Guyane, ce rituel observé par le père permet de transmettre beaucoup d'énergie au corps de l'enfant. Cela rappelle les convades d'hommes en Occident, qui prennent du poids, tombent malades ou, dans les cas extrêmes, restent alités pendant la grossesse de leur femme.

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