Mamans du monde : Brenda, 27 ans, colombienne

« J'arrête, je n'en peux plus ! », je dis ça à ma mère et ma grand-mère qui me regardent émerveillées. Gabriela a 2 mois, les deux aînés courent dans la maison, j'ai mal aux seins et je n'ai plus la force d'allaiter. « Elle attrapera des maladies, elle n'aura plus d'immunité ! », me disent-ils en chœur. Je me sens alors coupable et je repense aux femmes colombiennes de ma petite ville de Pereira qui allaitent pendant deux ans, mettent leur vie en veilleuse dès qu'elles savent qu'elles sont enceintes et ne retourneront au travail que lorsque leur petit sera sevré. Je me dis qu'il est facile de me juger quand je n'habite pas dans la même maison ou le même quartier que ma famille comme là-bas. En France, j'ai l'impression que tout s'accélère. Je n'arrive pas à me demander. Nous vivons à cent à l'heure et l'horaire est chronométré.

" J'arrive ! », m'a dit maman en apprenant que je»attendait mon premier enfant. En Colombie, la mère et la grand-mère vous prennent sous leur aile et vous observent à la loupe pendant neuf mois. Mais à peine commencent-ils à m'expliquer ce qui est permis et interdit quand je leur demande d'arrêter. j'étouffe ! En France, les femmes enceintes ont le droit de faire leurs choix et la grossesse n'est pas un drame. J'aimais cette liberté, et si au début ma mère se fâchait, elle finissait par l'accepter. Pour lui faire plaisir, j'ai quand même essayé d'avaler de la cervelle grillée, le plat traditionnellement servi aux femmes enceintes pour booster leur apport en fer, mais j'ai tout vomi et je n'ai pas retenté l'expérience. En Colombie, les jeunes mères s'obligent à manger des abats, mais à mon avis la majorité d'entre elles détestent ça. Parfois mes amies font des smoothies aux fruits frais car c’est aussi recommandé enceinte, mais elles le mélangent avec les tripes pour passer le goût. Après l'accouchement, pour récupérer nos forces, nous mangeons de la « sopa de morcilla » qui est une soupe de boudin noir avec du riz dans un jus de sang noir.

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© A. Pamula et D. Envoyer

Les femmes de ma famille ont accouché accroupies. En Colombie, cette position est considérée comme la plus naturelle.J'ai demandé à la sage-femme ici si je pouvais continuer cette tradition, mais elle m'a répondu que ce n'était pas fait. Même en Colombie, on le fait moins – les césariennes sont en plein essor. Les médecins parviennent à convaincre les femmes que c'est plus pratique et moins douloureux, car cela leur convient financièrement. La société les met en garde tout le temps et les femmes colombiennes ont peur de tout. A leur retour de la maternité, elles restent 40 jours à la maison sans pouvoir sortir. C'est la "cuarentena". On dit que si durant cette période, la jeune maman tombe malade, ces maux ne la quitteront plus jamais. Alors elle se lave rapidement, sauf pour les cheveux et met des cotons dans ses oreilles pour empêcher le froid d'entrer. J'ai accouché en France, mais j'ai décidé de suivre la « cuarantena ». Au bout d'une semaine, j'ai craqué et me suis procuré un bon shampoing et une sortie, mais je portais des chapeaux et même des cagoules. La famille de mon père est originaire de la forêt amazonienne et traditionnellement, les femmes doivent aussi vivre le rite « sahumerio ». Elle est assise sur une chaise placée au centre de sa chambre et la grand-mère tourne autour d'elle avec de l'encens à la myrrhe, au santal, à la lavande ou à l'eucalyptus. On dit que c'est pour chasser le froid du corps de la nouvelle maman.

Esteban a goûté ses premiers aliments à 2 mois comme n'importe quel enfant colombien. J'avais préparé la « tinta de frijoles », des haricots rouges cuits dans l'eau dont je lui ai donné le jus. Nous voulons que nos petits s'habituent très tôt à notre nourriture très salée. Les nourrissons sont même autorisés à téter de la viande. A la crèche, on m'a regardé bizarrement quand j'ai dit que mon fils mangeait déjà des petits morceaux à 8 mois. Puis j'ai vu un documentaire sur les allergies. Alors, pour mes deux autres enfants, je n'osais plus déroger aux règles françaises.

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Conseils et remèdes

  • Pour faire monter le lait, nous vous recommandons de boire des infusions d'ortie tout au long de la journée.
  • Contre les coliques, nous préparons une tisane de céleri tiède que nous donnons au bébé une fois par jour.
  • Quand le cordon du bébé tombe, vous devez bander votre ventre avec des tissus appelés « ombligueros » pour que votre nombril ne dépasse pas. En France, on n'en trouve pas, alors je l'ai fait avec un coton et du sparadrap.

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