Odipe : ma fille n'en a que pour son papa !

La relation fille-père

Papa, papa, papa… Lucie, 4 ans, n'a plus que son papa. Depuis quelques mois, elle affiche une superbe indifférence envers sa mère. Seul son papa trouve grâce à ses yeux. Avec lui, elle en fait des tonnes : regards, sourires coquets… Elle ne daigne dîner que si c'est lui qui la met à table et attache sa serviette. Et elle le proclame haut et fort : c'est avec lui qu'elle se mariera. Et tandis que Jade, 3 ans, demande à son papa de s'habiller matin et soir pour le coucher câlin, Emma, ​​5 ans, essaie de son côté chaque soir de se blottir entre ses parents dans le lit conjugal. Et Laïs, 6 ans, répète à volonté "Dis papa, tu m'aimes plus que maman ?" "

Complexe d' Odipe ou d'Electre quelle définition ? Comment appelle-t-on une fille amoureuse de son père ?

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez eux ? Rien que de bien banal : ils traversent la période du complexe d' Odipe. Inspiré du personnage de la mythologie grecque qui tua son père et épousa sa mère, ce concept issu d'un mythe ancien fait référence à la période pendant laquelle l'enfant éprouve un amour inconditionnel pour le parent du sexe opposé, et un sentiment de jalousie envers le parent du même sexe. Dans le cas où le complexe d' Odipe se situe dans une relation père/fille, on l'appelle aussi complexe d'Electre.

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Signification : Pourquoi les petites filles préfèrent-elles leur père ?

Pas besoin de dramatiser. Entre 2 et 6 ans, le complexe Electra est une phase tout à fait normale de développement et de comportement psychique. « Au début de sa vie, la petite fille entretient une relation étroite avec sa mère. Mais petit à petit, elle va s'ouvrir au monde et comprendre qu'il y a, comme son père, un autre sexe pour lequel elle développera alors une véritable curiosité », explique la psychologue Michèle Gaubert, auteur de « La Fille de son père », éd. de l'Homme.

Dès l'âge de 3 ans, la fille affirme son identité sexuelle. Son modèle est sa mère. Elle s'identifie à elle jusqu'à ce qu'elle veuille prendre sa place. Alors séduire son père. Elle voit alors sa mère comme une rivale et tente de la repousser, parfois violemment. Mais en même temps, elle l'aime toujours autant et se sent coupable de ses émotions agressives. Tous les enfants de 3 à 6 ans traversent cette phase orageuse. Les petits garçons jouent à la bagarre avec leur papa et embrassent leur maman. Les petites filles multiplient les manœuvres de séduction vis-à-vis de leur papa. De l'ambivalence de leurs sentiments naît un trouble, une confusion que seuls les parents, par leur attitude ferme mais compréhensive, sauront évacuer.

Crise d' Odipe chez la petite fille : le rôle du père est décisif

"En général, le père se sent plutôt flatté d'être mis sur le devant de la scène", note Alain Braconnier, psychiatre et psychologue au Centre Philippe Paumelle, à Paris. « Mais s'il ne se fixe pas de limites, sa petite fille peut croire que ses désirs sont réalisables, et poursuivre ses tentatives de séduction. " D'où l'importance de le mettre à sa place et lui montrer que le couple existe en dehors d'elle. On n'hésite pas à le recadrer, sans le gronder ni le culpabiliser bien sûr. « En la repoussant sévèrement, vous risquez de la rendre malheureuse et de l'empêcher, à l'âge adulte, d'approcher le masculin », prévient le psychiatre. L'image qu'elle aura d'elle-même, de sa féminité et de son futur pouvoir de séduction dépend du regard admiratif et des compliments que lui adresse son père. Mais surtout, nous ne jouons pas son jeu, nous ne le laissons pas croire par notre attitude que nous pourrions être séduits sur un registre réservé aux adultes.

Comment gérer la relation œdipienne : la relation de rivalité entre mère et fille

Notre fille nous ignore royalement ? Difficile à accepter pour une mère. « Dans un complexe Electra, la mère a souvent tendance, pendant cette période, à se sentir exclu », remarque Alain Braconnier. Il n'est pas question de nous effacer. « Pour se développer harmonieusement, l'enfant a besoin d'évoluer dans une relation triangulaire », souligne le psychiatre. Pour rééquilibrer, on pense à s'épargner des moments privilégiés, seul avec elle. Cela l'aidera à s'identifier à nous dans d'autres domaines. On se souvient aussi que notre petite « rivale » n'est qu'un enfant, le nôtre, qui nous aime et compte sur nous pour la guider. Alors on ne la ridiculise pas, on ne se moque pas de ses efforts maladroits pour plaire à son père. Mais on la rassure, tout en restant ferme : « Moi aussi, quand j'avais ton âge, je rêvais d'épouser mon papa. Mais ce n'est pas possible. Quand je suis devenue une femme, j'ai rencontré ton père, nous sommes tombés amoureux et c'est comme ça que tu es née. "

côté maman

Ses regards sur son père nous agacent ? Surtout, on évite d'entrer en rivalité. On lui rappelle doucement que son père ne lui appartient pas. Mais nous continuons à être aimants… et patients. Odipe ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir.

Complexe d' Odipe : et lors d'un divorce

Durant cette période sensible, « en cas de séparation des parents, il faut éviter à tout prix que le père ou la mère qui a la garde ne vive que pour l'enfant et forme un « petit couple » avec lui. C'est bien que le petit garçon et la petite fille sont en contact régulier avec un tiers – un ami, un oncle – pour rompre la relation fusionnelle. Sinon, cela risque de créer un manque d'autonomie de part et d'autre. » conclut la psychologue Michèle Gaubert.

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