Phénoxyéthanol : focus sur ce conservateur en cosmétique

Phénoxyéthanol : focus sur ce conservateur en cosmétique

Les fabricants de cosmétiques (mais pas seulement eux) utilisent une substance synthétique comme solvant (qui dissout les substances entrant dans la composition du produit) et comme antimicrobien (qui empêche l'infection de la peau par des bactéries, des virus ou un champignon). Il a mauvaise réputation mais il ne la mérite pas.

Qu'est-ce que le phénoxyéthanol ?

Le 2-phénoxyéthanol est un conservateur antibactérien et antimicrobien également utilisé comme solvant fixateur et stabilisant de parfum. Elle existe à l'état naturel (dans le thé vert, la chicorée notamment), mais c'est toujours sa version synthétique que l'on retrouve dans les cosmétiques classiques. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un éther de glycol contenant du phénol, deux substances fortement critiquées.

Son seul bienfait unanimement vanté est son pouvoir de protéger la peau contre toutes les infections microbiennes. Ses méfaits sont innombrables, mais toutes les organisations officielles ne parlent pas d'une seule voix. Certains sites, particulièrement virulents, voient tous les dangers, d'autres sont plus modérés.

Qui sont ces organismes officiels ?

Plusieurs experts ont donné leur avis à travers le monde.

  • La FEBEA est l'unique association professionnelle de la filière cosmétique en France (Fédération des Entreprises de Beauté), elle existe depuis 1235 ans et compte 300 adhérents (95% du chiffre d'affaires de la filière) ;
  • L'ANSM est l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, dont les 900 collaborateurs s'appuient sur un réseau d'expertise et de veille national, européen et mondial ;
  • La FDA (Food and Drug Administration) est l'organisme américain, créé en 1906, chargé de l'alimentation et des médicaments. Elle autorise la commercialisation de médicaments aux États-Unis ;
  • Le CSSC (Scientific Committee for Consumer Safety) est une entité européenne chargée de donner son avis sur les risques pour la santé et la sécurité des produits non alimentaires (cosmétiques, jouets, textiles, vêtements, produits d'hygiène personnelle et produits à usage domestique) ;
  • INCI est une organisation internationale (International Cosmetics nomenclature Ingredients) qui établit la liste des produits cosmétiques et de leurs composants. Il est né aux États-Unis en 1973 et propose une application gratuite ;
  • COSING est la base européenne des ingrédients cosmétiques.

Quels sont les différents avis ?

Alors concernant ce phénoxyéthanol, les avis divergent :

  • La FEBEA nous assure que "le phénoxyéthanol est un conservateur efficace et sûr pour tous les groupes d'âge". En décembre 2019, elle persiste et signe, malgré l'avis de l'ANSM ;
  • L'ANSM accuse le phénoxyéthanol de provoquer "une irritation oculaire modérée à sévère". Il ne semble pas présenter de potentiel génotoxique mais est suspecté d'être toxique pour la reproduction et le développement à fortes doses chez l'animal. Selon l'agence, si la marge de sécurité est acceptable pour les adultes, elle est insuffisante pour les tout-petits de moins de 3 ans. S'appuyant sur les résultats d'études toxicologiques, l'ANSM n'a cessé depuis d'exiger l'interdiction du « phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège, à rinçage ou non ; une restriction jusqu'à 0,4 % (au lieu de 1 % actuellement) pour tous les autres produits destinés aux enfants de moins de 3 ans et l'étiquetage des produits contenant du phénoxyéthanol pour les bébés. "

Outre les accusations de l'ANSM, certaines personnes tolèrent mal l'ingrédient, c'est pourquoi il est suspecté d'être irritant pour la peau, d'être allergène (pourtant seulement 1 utilisateur sur 1 million). Des études suggèrent également des effets toxiques sur le sang et le foie et la substance est régulièrement suspectée d'être un perturbateur endocrinien.

  • La FDA a émis des avertissements concernant une ingestion possible qui pourrait être toxique et nocive pour les nourrissons. L'ingestion accidentelle peut entraîner des diarrhées et des vomissements. L'agence américaine recommande aux mères allaitantes de ne pas appliquer de cosmétiques contenant du phénoxyéthanol pour éviter une ingestion accidentelle par le nourrisson ;

Le CSSC a conclu que l'utilisation du phénoxyéthanol comme conservateur à 1 % dans les produits cosmétiques finis est sans danger pour tous les consommateurs. Et dans le cas du mécanisme de perturbation endocrinienne, "aucun effet hormonal n'a été démontré".

Pourquoi éviter ce produit ?

Les plus farouches détracteurs lui reprochent sa nocivité pour :

  • L'environnement. Sa seule fabrication est polluante (nécessite une étoxylation nocive), il est inflammable et explosif. Il serait peu biodégradable en se dispersant dans l'eau, le sol et l'air, ce qui est très contesté ;
  • La peau. Il est irritant (mais surtout pour les peaux sensibles) et censé provoquer eczéma, urticaire et allergies, ce qui est également contesté (il y a eu un cas d'allergie sur un million de consommateurs) ;
  • Santé en général. Il est accusé de se transformer en acide phénoxy-acétique après absorption par la peau et par ce moyen d'être perturbateur endocrinien, neuro et hépatotoxique, toxique pour le sang, responsable d'infertilité masculine, cancérigène.

Habillé pour l'hiver comme on dit.

Dans quels produits le trouve-t-on ?

Les listes sont longues. Il serait encore plus facile de se demander où il ne se trouve pas.

  • Hydratants, crèmes solaires, shampooings, parfums, produits de maquillage, savons, teintures capillaires, vernis à ongles;
  • Lingettes pour bébés, crèmes à raser;
  • Insectifuges, encres, résines, plastiques, médicaments, germicides.

Autant lire les étiquettes avant d'acheter.

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