Psychologie

Il semblerait que quoi de plus naturel que le sexe ? Mais le philosophe Alain de Botton est convaincu que dans la société moderne « le sexe est comparable en complexité aux mathématiques supérieures ».

Possédant une force naturelle puissante, le sexe nous crée beaucoup de problèmes. Nous aspirons secrètement à posséder ceux que nous ne connaissons pas ou que nous n'aimons pas. Certains sont prêts à se livrer à des expériences immorales ou humiliantes pour des raisons de gratification sexuelle. Et la tâche n'est pas facile : dire enfin à ceux qui nous sont vraiment chers ce que nous voulons vraiment au lit.

"On souffre en secret, on ressent l'étrangeté douloureuse du sexe dont on rêve ou qu'on essaie d'éviter", raconte Alain de Botton et répond aux questions les plus brûlantes sur un sujet érotique.

Pourquoi les gens mentent-ils sur leurs vrais désirs ?

Même si le sexe est l'une des activités les plus intimes, il est entouré de nombreuses idées socialement approuvées. Ils définissent ce qu'est la norme sexuelle. En fait, peu d'entre nous relèvent de ce concept, écrit Alain de Botton dans le livre «Comment penser davantage au sexe».

Nous souffrons presque tous de sentiments de culpabilité ou de névroses, de phobies et de désirs destructeurs, d'indifférence et de dégoût. Et nous ne sommes pas prêts à parler de notre vie sexuelle, car nous voulons tous être bien pensés.

Les amoureux s'abstiennent instinctivement de tels aveux, car ils ont peur de provoquer un dégoût irrésistible chez leurs partenaires.

Mais lorsqu'à ce point, où le dégoût pourrait atteindre son maximum, on se sent accepté et approuvé, on éprouve un fort sentiment érotique.

Imaginez deux langues explorant le domaine intime de la bouche, cette caverne sombre et humide où seul un dentiste regarde. Le caractère exclusif de l'union de deux personnes est scellé par un acte qui les terrifierait tous les deux s'il arrivait à quelqu'un d'autre.

Ce qui arrive à un couple dans la chambre est loin des normes et des règles imposées. C'est un acte d'accord mutuel entre deux moi sexuels secrets qui s'ouvrent enfin l'un à l'autre.

Le mariage détruit-il le sexe ?

"La baisse progressive de l'intensité et de la fréquence des rapports sexuels dans un couple marié est un fait inévitable de la biologie et la preuve de notre absolue normalité", rassure Alain de Botton. "Bien que l'industrie de la thérapie sexuelle essaie de nous dire que le mariage devrait être revitalisé par une poussée constante de désir.

L'absence de relations sexuelles dans les relations établies est associée à l'incapacité de passer rapidement de la routine à l'érotisme. Les qualités que le sexe exige de nous s'opposent à la petite comptabilité de la vie quotidienne.

Le sexe nécessite de l'imagination, du jeu et une perte de contrôle, et par conséquent, de par sa nature même, il est perturbateur. Nous évitons les relations sexuelles non pas parce qu'elles ne nous plaisent pas, mais parce que leurs plaisirs compromettent notre capacité à accomplir les tâches ménagères avec mesure.

Il est difficile de passer de la discussion sur le futur robot culinaire et d'inciter votre conjoint à essayer le rôle d'infirmière ou à enfiler des cuissardes. Nous trouverons peut-être plus facile de demander à quelqu'un d'autre de le faire – quelqu'un avec qui nous n'aurons pas à prendre le petit déjeuner pendant les trente prochaines années consécutives.

Pourquoi attachons-nous une telle importance à l'infidélité ?

Malgré la condamnation publique de l'infidélité, l'absence de tout désir sexuel à côté est irrationnelle et contre nature. C'est un déni du pouvoir qui domine notre ego rationnel et influence nos « déclencheurs érotiques » : « talons hauts et jupes pelucheuses, hanches lisses et chevilles musclées »…

Nous éprouvons de la colère face au fait qu'aucun de nous ne peut être tout pour une autre personne. Mais cette vérité est niée par l'idéal du mariage moderne, avec ses ambitions et sa conviction que tous nos besoins peuvent être satisfaits par une seule personne.

Nous recherchons dans le mariage l'accomplissement de nos rêves d'amour et de sexe et sommes déçus.

« Mais il est tout aussi naïf de penser que la trahison peut être un antidote efficace à cette déception. Il est impossible de coucher avec quelqu'un d'autre et en même temps de ne pas nuire à ce qui existe au sein de la famille », explique Alain de Botton.

Quand quelqu'un avec qui nous aimons flirter en ligne nous invite à se rencontrer dans un hôtel, nous sommes tentés. Pour quelques heures de plaisir, nous sommes presque prêts à mettre notre vie de couple en jeu.

Les partisans du mariage d'amour croient que les émotions sont tout. Mais en même temps, ils ferment les yeux sur les déchets qui flottent à la surface de notre kaléidoscope émotionnel. Ils ignorent toutes ces forces contradictoires, sentimentales et hormonales qui essaient de nous séparer dans des centaines de directions différentes.

Nous ne pourrions pas exister si nous ne nous trahissions pas intérieurement, avec un désir fugitif d'étrangler nos propres enfants, d'empoisonner notre conjoint ou de divorcer à cause d'une dispute sur qui changera l'ampoule. Un certain degré de maîtrise de soi est nécessaire à la santé mentale de notre espèce et à l'existence adéquate d'une société normale.

« Nous sommes une collection de réactions chimiques chaotiques. Et il est bon que nous sachions que les circonstances extérieures contredisent souvent nos sentiments. C'est le signe que nous sommes sur la bonne voie », résume Alain de Botton.


A propos de l'auteur : Alain de Botton est un écrivain et philosophe britannique.

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