Repenser les villes pour une vie saine

Repenser les villes pour une vie saine

Repenser les villes pour une vie saine

9 mai 2008 – Choisir son lieu de résidence n'est pas anodin. Ce choix a des conséquences sur notre santé, selon les experts qui ont discuté d'écosanté lors du récent congrès de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS), tenu à Québec du 5 au 9 mai 2008.

L'écosanté est un nouveau concept qui intègre deux pôles : l'écologie et la santé. Pour plusieurs experts, il s'agit de concevoir la ville et la banlieue en fonction de la santé de ses habitants et de celle de l'environnement. Ils se sont également concentrés sur deux aspects étroitement liés de l'écosanté : le moyen de transport et le lieu de résidence.

« Les déplacements augmentent plus vite que la population, souligne Louis Drouin, médecin spécialiste en santé publique et responsable du secteur environnement urbain et santé à l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. « Il y a eu environ 40 véhicules de plus par an dans la région métropolitaine au cours des cinq dernières années », ajoute-t-il, rappelant dans le même souffle que l'utilisation des transports en commun a diminué de 000% de 7 à 1987.

Effets directs sur la santé

Écosanté

Ce nouveau concept prend en compte les interactions entre les organismes vivants et l'environnement biophysique d'une part, et les systèmes sociaux organisés selon les croyances, les modes de développement économique et les décisions politiques d'autre part, explique Marie Pierre Chevier, anthropologue. à l'Université de Montréal. Comme l'écosystème dont fait partie une fleur ou un animal, l'homme interagit avec son environnement. Dans son cas, la ville, écosystème « bâti », remplace l'écosystème naturel.

« L'augmentation du trafic routier augmente les accidents de la route et les maladies cardiorespiratoires dues à la pollution de l'air. Les transports motorisés diminuent la mobilité active, avec des conséquences sur l'obésité. Ils augmentent les gaz à effet de serre et le bruit », précise Louis Drouin. De plus, le phénomène des îlots de chaleur – zones urbaines où la température est plus élevée qu'ailleurs durant l'été – s'accentue alors que la superficie des zones boisées a diminué de 18 %, de 1998 à 2005, dans la région de Montréal. Et les zones boisées deviennent des parkings, des routes et des centres commerciaux, déplore-t-il.

Condamnant la norme rarement remise en cause du développement urbain centré sur l'automobile depuis 50 ans, Louis Drouin réclame un moratoire sur la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Afin de réduire le nombre de véhicules sur la route, il appelle à la création de transports en commun « ponctuels, sûrs, accessibles, rapides, avec des voies réservées comme à Paris et Strasbourg. "

« Il est temps de redensifier les quartiers pour localiser les destinations prisées à distance de marche », dit Louis Drouin. Il propose de profiter du fait qu'il faudra renouveler les infrastructures vieillissantes pour repenser la ville et la banlieue.

Le quartier des Bois-Francs : des résultats décevants

La réussite d'un quartier dense qui favorise les déplacements actifs (vélo et marche) et les transports en commun n'est pas si simple, rapporte l'architecte Carole Després, professeure à l'Université Laval et cofondatrice du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les banlieues. Le quartier des Bois-Francs, dans l'arrondissement montréalais de Saint-Laurent, conçu selon ces nouvelles règles d'urbanisme, en est une bonne illustration. Ses 6 habitants bénéficient d'un accès facile à une piste cyclable, au métro, au train de banlieue et aux autobus. Un grand parc occupe 000% de la superficie du quartier, dont la densité est de 20 logements par hectare.

Même si ce quartier est reconnu par l'organisation américaine Congress for the New Urbanism, les résultats d'une étude récente1 réalisés par un chercheur de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) ne sont pas roses, concède Carole Després. « On aurait aimé dire que les résidents du quartier des Bois-Francs marchent plus et qu'ils prennent moins la voiture que ceux du reste de l'arrondissement, mais c'est le contraire. Pire encore, ils surpassent l'utilisation moyenne de la voiture par les résidents de la région métropolitaine pour les déplacements à des fins récréatives et éducatives.

Comment expliquer ces résultats ? Gestion du temps, elle prend le risque. « Peut-être avons-nous un enfant qui est inscrit dans un programme sport-études sur un rivage et que nous avons un parent malade à prendre en charge, ou que nous venons de changer de travail qui ne sont plus loin… Il y a une foule de raisons pour lesquelles les gens vivent maintenant non pas au niveau du quartier, mais à l'échelle métropolitaine. « Les concepts d'urbanisme nouveau sont, selon elle, » basés sur une sorte de nostalgie du quartier d'antan où l'on marchait pour aller à l'école. Le comportement des gens aujourd'hui est plus complexe. "

C'est pas mieux en banlieue

La transformation des banlieues est nécessaire pour une meilleure santé, selon l'urbaniste Gérard Beaudet, directeur de l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal. « Plus de la moitié des Américains vivent aujourd'hui en banlieue », rapporte-t-il. Cependant, c'est l'une des sociétés parmi les pays développés qui présente les problèmes de santé les plus importants. Alors, on voit bien que les banlieues n'étaient pas cette solution miracle à laquelle tout le monde a cru longtemps ». Nous cherchons des solutions non seulement pour la qualité de vie et les problèmes de mobilité des personnes, mais aussi pour la santé, poursuit Gérard Beaudet. « Plusieurs indicateurs montrent que, si vivre dans un quartier pauvre n'est pas un avantage, vivre dans des quartiers plus riches n'est pas forcément la solution ultime », argumente-t-il.

 

Mélanie Robitaille – PasseportSanté.net

1. Barbonne Rémy, Nouvel urbanisme, gentrification et mobilité quotidienne : enseignements tirés du quartier des Bois-Francs et du Plateau Mont-Royal, en La métropolisation vue de l'intérieur, édité par Senecal G. & Behrer L. Publication à paraître aux Presses de l'Université du Québec.

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