Passivité

Passivité

Très souvent, la passivité est définie comme un manque d'énergie, traduisant une certaine inertie. Parfois, la passivité prend la forme de la procrastination : ces affres de toujours remettre à plus tard ce que vous pourriez faire le même jour. Cependant, il est possible d'y remédier ! Et, vue à travers le filtre d'une certaine complexité, l'attitude de passivité révèle aussi des atouts insoupçonnés…

Qu'est-ce que la passivité ?

L'écrivain Emile Zola a ainsi décrit la passivité de Séverine, personnage de La bête humaine : tandis que son mari "la couvrit de baisers»Celui-ci ne le fait pas«n'est pas revenu". Elle était, en fin de compte, une "grand enfant passif, d'une affection filiale, où l'amant ne s'est pas réveillé". Étymologiquement, le terme passivité a été inventé avec le latin passif qui vient de pati, signifiant « souffrir, subir » ; la passivité se caractérise par le fait de subir, d'éprouver. Dans le langage ordinaire, la passivité est synonyme de ne pas agir par soi-même, de ne pas accomplir une action, de subir, voire de manquer d'énergie. Elle peut consister à ne pas réagir, dans une situation donnée. La passivité est également associée aux termes d'inertie ou d'apathie.

Le Dictionnaire de Psychiatrie publié par le CILF (Conseil International de la Langue Française) décrit la passivité comme «l'absence d'initiative, l'activité n'étant provoquée que sur suggestion, injonction, ou par entraînement collectif". Elle peut être pathologique, s'observant parfois chez certaines personnes atteintes de psychasthène, certains schizophrènes ou patients en état dépressif ; elle peut également apparaître à l'occasion de certains traitements neuroleptiques au long cours, ou chez des patients hospitalisés de façon prolongée. Parfois le sujet présente «obéissance automatique aux injonctions d'autrui et/ou faisant écho à ses paroles, mimiques et gestes«.

Changer le comportement passif

Le psychiatre Christophe André a estimé pour le site psychologies.com que «l'inaction est un piège : moins on en fait, plus on se sent incapable de faire"… Et vice versa. Il faut donc, selon lui, mettre «à la place des nouveaux automatismes". La passivité peut être causée par des traits psychologiques tels que le perfectionnisme : nous renonçons à agir parce que nous ne voudrions le faire que de manière parfaite. De plus, un manque d'estime de soi ou de confiance en soi, et même de petites tendances dépressives, quand, par exemple, tout semble trop peser, peuvent aussi en être à l'origine.

Comment changer un comportement passif ? Pour le site Cultivez vos talents, chez quelqu'un qui se dérobe, se dévalorise sans cesse, ou même chez qui tout semble toujours perdu d'avance, très souvent une forme d'angoisse est présente. Un supérieur, un collègue, peut, dès qu'il est conscient de l'inquiétude de son collaborateur, se montrer rassurant. Utilisation "douceur et souplesse". Parfois, c'est suffisant pour une personne "entendre sa valeur ajoutée y croire vraiment". Formatrice, Anne Mangin juge donc essentiel avant tout de «parier sur le lien". Favorisez des relations équilibrées. Prenez confiance en vous, soyez conscient de vos capacités ainsi que de celles des autres.

Passivité ou procrastination : comment s'en sortir ?

«Nous remettons la vie et pendant ce temps elle s'en va« Sénèque a écrit dans une lettre à Lucilius. La procrastination est en effet une forme que peut prendre la passivité. Le docteur Bruno Koeltz le définit ainsi, dans son livre Comment ne pas tout remettre à demain : la tendance à remettre à plus tard ce que nous pouvions et voudrions faire le même jour.

Il développe quelques clés pour s'en sortir, en commençant par évaluer le temps nécessaire à la réalisation d'une tâche, car «la tendance naturelle des procrastinateurs est de sous-estimer le temps nécessaire pour accomplir une tâche", Il écrit. Et si le report d'une tâche est vraiment dû à un manque de temps, le Dr Koeltz estime que «la première chose à faire est de gérer les priorités et d'estimer de manière réaliste le temps dont vous avez besoin«.

Le docteur Koeltz donne cet exemple : «C'est le perfectionnisme qui pousse Estelle à tergiverser. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, Estelle a pris des risques et s'est immédiatement confrontée à la réalité pour voir si son niveau d'exigence personnelle n'était pas irréaliste. Les premiers résultats ont été très positifs. Estelle a pu voir que son travail pouvait être apprécié et reconnu même s'il n'atteignait pas le niveau de perfection extrêmement élevé qu'elle aurait tenté de se fixer.«.

Agissez donc ! Dans les cas extrêmes, les thérapies dites cognitivo-comportementales (TCC) peuvent vous aider à sortir d'une forme de passivité, voire de procrastination exacerbée. Agir. "L'action est finalement considérée comme le véritable moyen de vaincre la mort et la solitude - et, plus que toute autre chose, l'action risquée et aventureuse.», écrit Pierre-Henri Simon dans son livre L'homme en procès, en évoquant Malraux et l'existentialisme… Agir… Et ainsi, se sentir vivant.

Vu dans sa complexité, la passivité a des avantages… comme la disposition à autrui

Et si la passivité avait enfin ses avantages ? C'est du moins l'avis de la critique d'art Vanessa Desclaux. Si elle rejette la passivité dans des situations particulières, comme par exemple dans «formes de domination à travers lesquelles l'individu passif est celui qui est dominé, forcé, contraint », elle considère aussi qu'« il existe des formes de passivités intéressantes, voire importantes«.

Un exemple est celui de l'hypnose ; Vanessa Desclaux cite notamment une performance artistique à laquelle elle a assisté : l'artiste était dans un état hypnotique, donc par définition dans un état paradoxal, ni endormi ni complètement éveillé… questionnant ainsi, comme chez les surréalistes, le rôle de la raison, de la conscience et volonté au cœur de l'expérience artistique. Bernard Bourgeois, historien de la philosophie, écrit d'ailleurs que «l'expérience de la création est celle d'une contradiction» : Joie et souffrance, mais aussi activité et passivité, liberté et déterminisme.

Autre qualité que recèlerait la passivité : celle du rapport à l'autre, aux autres et au monde, comme le croit encore Vanessa Desclaux. En étant bouleversé, en cédant la place à la décentralisation, on serait ainsi dans une certaine disposition. Et ultimement, "la passivité ne serait pas le fait de subir, de ne pas agir, d'être dominé, mais offrirait la possibilité de se rendre disponible à une relation et à une transformation«.

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