Psychologie

Nous croyons que les relations nous rendront heureux, et en même temps nous sommes prêts à supporter la souffrance qu'elles apportent. D'où vient ce paradoxe ? Le philosophe Alain de Botton explique que ce que nous recherchons inconsciemment dans les relations n'est pas du tout le bonheur.

« Tout était si bien : il était doux, attentionné, derrière lui j'avais l'impression d'être derrière un mur de pierre. Quand a-t-il réussi à se transformer en un monstre qui ne me laisse pas vivre, est jaloux à cause de tout et ferme sa gueule ?

De telles plaintes peuvent souvent être entendues lors d'une conversation avec un ami ou un thérapeute, lues sur les forums. Mais est-il utile de se reprocher la cécité ou la myopie ? Nous faisons le mauvais choix, non pas parce que nous nous trompons sur une personne, mais parce que nous sommes inconsciemment attirés précisément par ces qualités qui causent la souffrance.

Répétition traversée

Tolstoï écrivait : « Toutes les familles sont heureuses de la même manière, mais chaque famille est malheureuse à sa manière. » Il avait peut-être raison, mais les relations malheureuses ont aussi quelque chose en commun. Repensez à certaines de vos relations passées. Vous remarquerez peut-être des fonctionnalités récurrentes.

Dans les relations, nous nous appuyons sur le familier, ce que nous avons déjà rencontré dans la famille. On ne cherche pas le bonheur, mais des sensations familières

Par exemple, vous tombez dans les mêmes manipulations encore et encore, pardonnez les trahisons, essayez de tendre la main à votre partenaire, mais il semble être derrière un mur de verre insonorisé. Pour beaucoup, c'est le sentiment de désespoir qui devient la raison de la rupture définitive. Et il y a une explication à cela.

Dans notre vie, beaucoup est déterminé par des habitudes, dont certaines que nous développons par nous-mêmes, d'autres surgissent spontanément, parce que c'est si pratique. Les habitudes protègent contre l'anxiété, vous obligeant à rechercher le familier. Quel est le rapport avec les relations ? En eux, nous nous appuyons aussi sur le familier, ce que nous avons déjà rencontré dans la famille. Selon le philosophe Alain de Botton, nous ne recherchons pas le bonheur dans les relations, mais des sensations familières.

Des compagnons d'amour inconfortables

Nos premiers attachements - à nos parents ou à une autre figure d'autorité - ont préparé le terrain pour de futures relations avec d'autres personnes. Nous espérons recréer dans les relations adultes ces sentiments qui nous sont familiers. De plus, en regardant la mère et le père, nous apprenons comment les relations fonctionnent (ou devraient fonctionner).

Mais le problème est que l'amour pour les parents s'avère étroitement lié à d'autres sentiments douloureux : insécurité et peur de perdre leurs faveurs, maladresse face à nos désirs "étranges". En conséquence, nous sommes incapables de reconnaître l'amour sans ses compagnons éternels - la souffrance, la honte ou la culpabilité.

En tant qu'adultes, nous rejetons les candidats pour notre amour, non pas parce que nous voyons quelque chose de mauvais en eux, mais parce qu'ils sont trop bons pour nous. Nous avons l'impression de ne pas le mériter. Nous recherchons des émotions violentes non pas parce qu'elles rendront nos vies meilleures et plus lumineuses, mais parce qu'elles sont cohérentes avec un scénario familier.

Nous vivons par des habitudes, mais elles n'ont de pouvoir sur nous que tant que nous n'en sommes pas conscients.

Ayant rencontré «la même», «notre» personne, il est peu probable que nous pensions que nous sommes tombés amoureux de sa grossièreté, de son insensibilité ou de son obsession de soi. Nous admirerons son esprit de décision et son sang-froid, et nous considérerons son narcissisme comme un signe de réussite. Mais l'inconscient met en lumière quelque chose de familier et donc d'attirant dans l'apparence de l'élu. Ce n'est pas si important pour lui que nous souffrions ou nous réjouissions, l'essentiel est que nous retournions «chez nous», où tout est prévisible.

En conséquence, nous ne choisissons pas seulement une personne comme partenaire en fonction de l'expérience relationnelle passée, mais continuons à jouer avec elle selon les règles qui ont été établies dans notre famille. Peut-être que nos parents nous ont accordé peu d'attention et que nous permettons à notre partenaire de négliger nos besoins. Les parents nous ont reproché leurs ennuis - nous subissons les mêmes reproches de la part d'un partenaire.

Le chemin de la libération

Le tableau semble sombre. Si nous n'avons pas grandi dans une famille de personnes infiniment aimantes, heureuses et sûres d'elles, pouvons-nous espérer rencontrer de tels compagnons dans nos vies ? Après tout, même s'ils se profilent à l'horizon, nous ne pourrons pas les évaluer.

Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous vivons des habitudes, mais elles n'ont de pouvoir sur nous que tant que nous n'en sommes pas conscients. Essayez d'observer vos réactions et de trouver des similitudes entre elles avec vos expériences d'enfance. Comment vous sentez-vous (ou avez-vous ressenti dans une relation passée) lorsque votre partenaire ignore vos sentiments ? Quand vous entendez de lui que vous devez le soutenir en tout, même s'il vous semble qu'il a tort ? Quand vous accuse-t-il de trahison si vous critiquez son mode de vie ?

Créez maintenant dans votre esprit l'image d'une personne forte et mature avec une haute estime de soi. Écrivez comment vous le voyez et essayez ce rôle sur vous-même. Essayez de jouer vos situations problématiques. Vous ne devez rien à personne, et personne ne vous doit rien, vous n'avez pas à sauver qui que ce soit ou à sacrifier quoi que ce soit pour le bien des autres. Comment allez-vous vous comporter maintenant ?

Vous ne pourrez peut-être pas vous libérer tout de suite de la captivité des habitudes de l'enfance. Vous aurez peut-être besoin d'un soutien spécialisé. Mais avec le temps, vous apprendrez à reconnaître les signes dangereux dans votre comportement. Dans le processus de travail sur vous-même, il peut sembler que la relation actuelle mène à une impasse. Peut-être que le résultat sera une rupture. Vous pouvez également ressentir un désir général d'aller de l'avant, ce qui sera le fondement d'une nouvelle relation saine.


À propos de l'auteur : Alain de Botton est écrivain, philosophe, auteur de livres et d'essais sur l'amour et fondateur de l'École de la vie, qui promeut une nouvelle approche de l'éducation dans la lignée de la philosophie des écoles de la Grèce antique.

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