Comprendre son bébé pour accompagner son développement psychomoteur

Depuis la seconde moitié du XNUMXe siècle, de nombreux chercheurs se sont penchés sur le développement psychomoteur des jeunes enfants. Certaines constantes se dégagent de ces différentes études : si les bébés ont beaucoup plus de compétences qu'on ne le croyait auparavant, ils ont aussi des limitations physiologiques et psychologiques. Leur développement s'inscrit dans ce cadre. Il ne s'agit en aucun cas d'un carcan, mais d'une base sur laquelle la personnalité de chaque enfant se développera à son rythme.

Réflexes du nouveau-né

Tous les bébés (sauf en cas de handicap) naissent avec le même potentiel de départ, ce qui est très prometteur. Et les mêmes limites, transitoires. Un nouveau-né ne peut pas tenir la tête droite ou rester assis, son tonus musculaire étant très faible dans la tête et le tronc. Pour la même raison, en position couchée, il reprend la position fœtale, jambes et bras repliés. Sa musculation sera renforcée de la tête aux pieds (direction céphalo-caudale). Cela ne l'empêche pas de bouger, dès la naissance. Oui, mais sans l'intervention de sa volonté. Son corps réagit spontanément à la stimulation par des mouvements involontaires. Ces mouvements procurent de nouvelles sensations auxquelles le corps réagit. Les débuts du développement psychomoteur (entre 3 et 6 mois) se joueront sur le passage des réflexes dits archaïques, acquis lors de la naissance, aux mouvements volontaires.

Certains réflexes du nouveau-né sont vitaux. Le réflexe de succion, déclenché par un simple effleurement des contours de la bouche ; le réflexe d'enracinement, qui complète le précédent en tournant la tête du côté demandé ; le réflexe de déglutition, déclenché par le contact de la langue avec la paroi du pharynx ; refoulement de la langue qui, jusqu'à 3 mois, lui permet de rejeter les aliments solides dans la partie antérieure de la bouche ; et enfin, celles du hoquet, des bâillements et des éternuements.

D'autres témoignent de ses émotions. Dans des situations stressantes, par exemple lorsque le bébé est soulevé et qu'il sent sa tête reculer, le réflexe de Moro (ou étreinte) se déclenche : les bras et les doigts s'écartent, le corps se tend et se raidit, puis revient à sa position initiale. Le réflexe de Galant (ou courbure du tronc) le fait se cambrer en réaction à une excitation de la peau du dos, près de la colonne vertébrale.

D'autres réflexes préfigurent ses mouvements contrôlés ultérieurs. Dès qu'il est en position verticale, la marche automatique fait esquisser des pas au nouveau-né (sur la plante des pieds s'il est né à terme, sur leur pointe s'il est prématuré). Le réflexe d'enjambement lui permet de lever le pied dès que l'arrière de celui-ci touche un obstacle. Le réflexe de nage provoque des mouvements de nage automatiques, alors qu'il bloque sa respiration dès qu'il est immergé. Le réflexe de préhension (ou réflexe de préhension) rapproche votre main si vous vous frottez la paume, l'empêchant temporairement de saisir quoi que ce soit.

Côté cerveau, la sélection et la connexion des cellules ne sont pas complètes… L'opération dure au total quatre ans ! Le réseau de relais d'information du système nerveux fonctionne à un rythme encore lent. La mémoire d'un bébé n'a pas de grandes capacités de stockage, mais ses sens sont en éveil ! Et le nouveau-né, positif par nature, utilise pleinement ceux qui fonctionnent déjà très bien : l'ouïe, le toucher et le goût. Sa vue lui permet d'abord de distinguer seulement la lumière des ténèbres ; il s'améliorera dès ses premiers jours et, vers 4 mois, il verra les détails.

C'est ainsi qu'il reçoit des informations, à travers les sens. Mais, il ne tarde pas à les soigner, puisque, dès ses 2 mois, il peut envoyer des sourires conscients, signe qu'il entre en communication avec son entourage.

Le besoin de faire l'expérience des bébés

Les jeunes enfants s'améliorent constamment. Non linéairement : il y a des bonds en avant, des stagnations, des reculs… Mais tous s'orientent vers l'acquisition de compétences fondamentales qui ouvrent la voie à l'autonomie. Quels que soient leur rythme et leur « style », ils procèdent selon la même méthode.

L'enfant s'appuie sur ce qu'il a appris pour progresser. Il attend d'avoir assimilé une nouveauté pour passer à l'étape suivante. Sage précaution ! Mais qui n'a rien de réfléchi. Une fois lancé, les difficultés ne l'arrêtent plus. Ses réalisations s'accumulent. Il délaisse parfois un domaine au profit d'un autre qui l'accapare (la langue au profit de la marche, dessin au profit du langage, etc.) car il ne peut pas se concentrer sur tout en même temps. Mais ce qu'il sait, il l'a, et le moment venu, il repartira sur les bases préalablement assimilées.

Autre principe d'acquisition : le tout-petit procède par expérimentation. Il agit d'abord, puis il pense. Jusqu'à 2 ans, seul le présent immédiat existe pour lui. Petit à petit, il apprend de ce qu'il a vécu. Sa pensée est structurée, mais toujours à partir du concret. Sachez-le, il teste inlassablement. Il répète les mêmes gestes, les mêmes mots… et les mêmes bêtises ! Ceci afin de vérifier : d'abord ses observations, ses connaissances, puis, plus tard, les limites que vous lui avez fixées. Même s'il fait preuve d'impatience devant les échecs, rien n'affaiblit sa pugnacité. Conséquence : vous-mêmes êtes condamnés à vous répéter !

Autre caractéristique : il n'évalue pas très clairement ses possibilités. Parfois, votre enfant recule devant un obstacle qu'il pourrait facilement franchir à vos yeux. Parfois il ignore le danger, tout simplement parce qu'il n'en a pas la notion. Jusqu'à l'âge de 2 ans, pour l'encourager comme pour le retenir, misez sur la persuasion du ton de votre voix plutôt que sur des mots dont le sens lui échappe. Puis jusqu'à l'âge de 4 ans environ, réalité et imaginaire se confondent dans son esprit.

Il ne ment pas : il vous communique les productions de son cerveau fertile. A vous de démêler le vrai du faux ! Mais il ne sert à rien de le réprimander.

Son égocentrisme naturel, étape essentielle de son développement psychologique, qui dure jusqu'à 7 ans, le rend insensible aux explications. Il n'envisage tout simplement pas d'être pensé différemment de lui. Pourtant, il reçoit cinq interdictions sur cinq ; il les apprécie même car ils lui signalent que vous veillez sur lui. Il ne faut pas renoncer à expliquer, mais sans en attendre d'autre bénéfice que celui déjà énorme de créer un climat de confiance et de dialogue entre vous.

Très tôt, il s'oriente vers l'autonomie, avant même la « crise d'opposition » qui le fera, vers l'âge de deux ans. (et pendant deux bonnes années !), un rebelle systématique qui mettra votre patience à rude épreuve. A défaut d'avoir la maîtrise des situations, il aime s'y faire croire. Vous êtes donc investi d'une mission impossible : assurer sa protection et son éducation, sans trop afficher votre présence. Autrement dit, l'élever pour qu'il puisse se passer de vous… Cruel, mais inévitable !

Encouragez votre bébé

S'il y a une chose que ce petit être exigeant n'hésite pas à faire, c'est de recevoir votre affection. Il a besoin d'encouragements. Cet aventurier à la curiosité insatiable, qui relève de redoutables défis et ne se laisse jamais détourner de son objectif, qui proteste et rage plus souvent qu'à son tour, ce conquérant est un tendre, extrêmement vulnérable. Comme on peut la « casser » en la traitant durement, on peut aussi lui donner confiance en soi et en la vie, par le simple pouvoir de la tendresse. On ne félicitera jamais trop un enfant, d'ailleurs un petit, pour avoir franchi une nouvelle étape ou vaincu une peur.

Le pouvoir des parents est immense ; tout en prétendant mener le jeu, l'enfant valorise les opinions de ceux qui représentent ses guides et modèles. Leur amour lui importe avant tout. Nous devons veiller à ne pas abuser de ce pouvoir. Un enfant doit progresser tout seul, pas pour plaire à son entourage. Et il serait dommage qu'il bloque ou régresse afin d'attirer l'attention de parents trop distraits à son goût.

Très intuitif, il perçoit l'intention sous les mots. D'abord parce qu'il ne comprend pas le sens des mots. Puis, ayant observé ses parents plus qu'ils ne le soupçonnent, connaissant leur comportement et toujours doué d'une sensibilité très sensible, il capte leurs humeurs. Se considérant comme le centre du monde, il pense vite qu'ils dépendent de son comportement. Parfois avec raison ! Mais il peut aussi s'accuser de soucis ou de peines dont il n'est absolument pas responsable et chercher à y remédier en adaptant son comportement, au pire en étouffant sa personnalité.

Son penchant pour la contradiction n'est qu'une façade. Il cherche avant tout à répondre à la demande, telle qu'il la perçoit. Si vous avez tendance à le surprotéger, il peut freiner ses pulsions pour vous rendre heureux. Si vous le stimulez trop, il peut se voir comme toujours un peu en dessous de vos exigences et soit braver ses limites au détriment de sa sécurité, soit renoncer et se replier sur lui-même.

Elle progresse souvent par bonds… donnant parfois l'impression d'avoir « un métro derrière ». Il appartient aux parents de déployer une grande adaptabilité afin de se tenir au courant. En effet, très vite, rien ne sera plus désagréable au petit que de croire qu'on le traite comme un « bébé ». Il puise ses informations à toutes les sources : à l'école, auprès des adultes de son entourage, dans les jeux, les livres et bien sûr les dessins animés. Il construit un monde à lui, où vous n'êtes plus systématiquement invité. Certes, vous devez rectifier les rumeurs fantaisistes qui circulent dans les cours de récré si elles sont dangereuses. Mais laissez-le penser par lui-même, même différemment de vous !

Le jeu pour réveiller votre bébé

Les vertus éducatives du jeu sont reconnues depuis longtemps par tous les professionnels. En jouant, l'enfant exerce son habileté, son imagination, sa réflexion... Mais cette dimension éducative lui reste totalement étrangère. Une seule chose l'intéresse : s'amuser.

Surtout, restez naturel. Mieux vaut admettre qu'on n'a pas envie de jouer (sur le coup !) que de s'y forcer. Votre enfant sentirait alors votre réticence. Et vous perdriez tous ensemble le principal avantage du jeu : partager un moment de complicité et resserrer les liens. De même, vous avez parfaitement le droit de préférer certains jeux à d'autres et de leur exprimer cette préférence.

Ne gâchez pas le plaisir en vous fixant des objectifs. Vous risqueriez aussi de le mettre en situation d'échec s'il n'atteint pas le résultat souhaité. En revanche, s'il vise lui-même un objectif, encouragez-le à le poursuivre. Ne l'aidez que dans la mesure où il le demande : réussir « tout seul » est fondamental, non seulement pour la satisfaction de son ego, mais aussi pour qu'il repère et assimile les opérations qui l'ont conduit au succès. S'il s'ennuie ou s'énerve, proposez-lui une autre activité. Vouloir terminer un jeu à tout prix ne fait que le déprécier.

Laissez-vous guider par son fantasme. Il aime mener la danse. C'est tout naturel : c'est dans son domaine, le seul où tu ne fais pas la loi. Ne suit-il pas les règles du jeu ou ne les bouleverse-t-il pas en cours de route ? Peu importe. Il ne cherche pas nécessairement à éliminer les difficultés. Il suit sa nouvelle idée du moment.

Abandonner ta logique dans le vestiaire. Vous entrez dans un monde imaginaire qui ne vous appartient pas. Dès 3 ans, votre méconnaissance des codes suivis par ses héros préférés ou votre perplexité face à un jouet transformable lui offre – enfin ! – un avantage sur vous.

Les jeux de société signalent l'heure de l'initiation aux règles. Vers 3 ans aussi. Bien entendu, celles-ci doivent lui rester accessibles. Mais lui demander de les respecter l'aide à accepter, petit à petit, certaines lois de la vie collective : garder son calme, accepter de perdre, attendre son tour…

A qui demander de l'aide ?

Inquiet ne serait-il pas synonyme de parent ? La peur lancinante de mal faire provoque parfois un sentiment de très grande solitude face à tant de responsabilités. La faute ! Des professionnels sont là pour proposer aux parents des solutions à tous les problèmes.

QUOTIDIEN

Les puéricultrices ou les puéricultrices diplômées connaissent bien les principes et toutes les étapes du développement psychomoteur. Vivant aux côtés de votre enfant au quotidien, ils lui apportent également un regard plus serein. Entretenir un dialogue avec eux permet donc souvent de relativiser.

Les enseignants, dès la maternelle, fournissent de précieuses informations sur le comportement de l'enfant lors des activités mais aussi avec ses camarades de classe. Le pédiatre ou le médecin traitant est toujours le premier interlocuteur. S'il y a un problème, il l'identifie, puis, si nécessaire, réfère à un spécialiste.

EN CAS DE DIFFICULTES PROUVEES

Le psychomotricien intervient sur les troubles moteurs, par exemple la latéralisation. Si son travail (basé sur des jeux, des dessins et des mouvements) lui fait découvrir des soucis psychologiques, il en parle aux parents.

Orthophoniste agit sur les troubles du langage. Lui aussi informe les parents de tout problème psychologique qu'il détecte.

Le psychologue utilise la parole pour traiter les problèmes de comportement qui peuvent être résolus de cette manière. L'enfant lui exprime ses peurs et ses inquiétudes. Nous le consultons après avoir constaté des symptômes d'inconfort : agressivité, introversion, pipi au lit… En accord avec les parents, il détermine la durée de son intervention : de deux/trois séances jusqu'à plusieurs mois. Il peut également recommander des séances conjointes en présence des parents et de l'enfant.

Le pédopsychiatre traite les troubles du comportement plus « lourds », comme l'hyperactivité vraie.

Le pédiatre recherche des causes neurologiques d'un retard ou d'un trouble du développement psychomoteur dûment détectés par les différents professionnels qui l'ont précédé. Il propose alors des soins.

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