A quoi pense le papa quand il découvre le sexe du bébé ?

« Je reproduis ce que mon père a vécu… » : Franco, papa de Nina, 4 ans, et Tom, 2 ans.

« Pour mon premier enfant, j'ai préféré un garçon. Je me voyais jouer au foot avec lui. Quand on a su que c'était une fille, j'ai eu un peu peur. J'imaginais que je ne pourrais pas nettoyer sa chienne ou que nous aurions une relation plus distante. Et puis Nina est née. Tout était si facile en fait! Pour notre deuxième enfant, on nous a annoncé un garçon. Tout le monde nous félicitait « d'avoir le choix du roi ». Mais j'ai été presque déçu ! J'ai préféré une deuxième fille, au moins je savais m'y prendre ! Mon père a eu une fille puis des garçons. Je reproduis ce qu'il a vécu : moi aussi je vis une belle relation avec ma fille aînée. "

 

« Le côté viril m'a gonflé ! » : Bruno, papa d'Aurélien, 1 an.

« J'avais une préférence pour une fille. Je suis institutrice et les petits garçons sont souvent plus tapageurs. Moi, je suis intellectuel, sensible, le côté viril, genre « ambiance de mecs » me gonfle vite. Donc, j'avais surtout des prénoms de filles en tête, aucun garçon. Et puis, vu les mauvais résultats au tri-test, il a fallu faire une amniocentèse. Quelques jours angoissants se sont écoulés. Au dossier, les médecins ont indiqué son caryotype : un garçon. Mais nous étions tellement soulagés et heureux d'avoir un bébé en bonne santé que cela a balayé mes inquiétudes concernant le sexe qui sont devenues mineures. "

En vidéo : Et si je suis déçue du sexe de mon bébé ?

« Je voulais avoir au moins une fille » : Alexandre, papa de Mila, 5 ans, et June, 6 mois.

« Quand j'ai appris le sexe de mon futur enfant au 2e écho, je me souviens avoir ressenti de la joie et du soulagement. Je voulais au moins une fille ! Une fille, pour moi, un homme, c'est plus exotique, c'est l'inconnu, comparé à un garçon. Du coup, cela m'a aidé à me projeter, à imaginer ma future petite fille et à me sentir déjà un peu plus papa. Pour la seconde, on n'a rien demandé, on s'attendait à « un bébé » ! J'étais moins désireux d'apprendre sur le sexe. Quand on a découvert son sexe à la naissance, il y a eu un effet de surprise et beaucoup de joie. Mais nous sommes déjà dans autre chose : nous découvrons notre enfant ! "

105 bébés garçons naissent chaque année en France pour 100 filles. C'est le « sex-ratio ».

L'avis de l'expert : Daniel Coum*, psychologue clinicien et psychanalyste

« Désirer et attendre un enfant est l'affaire de deux personnes qui ensemble « fantasment » un enfant imaginaire. Avec le père, avoir un garçon est souvent du côté du « like ». Alors qu'une fille est plus une confrontation avec l'autre, avec l'idée que cet homme se fait d'une fille. Mais chaque cours est unique. Pour Franco, c'est l'anticipation anxieuse ou pour Alexandre, plutôt heureux. L'épreuve de la naissance du vrai enfant, avec son propre genre, bascule dans la réalité. Que nous soyons déçus ou ravis, au moment de la naissance, nous rencontrerons un vrai enfant. La plupart des pères investiront cet enfant. Franco est aidé par la continuité qu'il perçoit vis-à-vis de son propre père. Dans un premier temps, Bruno s'éloigne de son bébé car il n'envisage pas de transmettre sa sensibilité à son petit garçon… et puis la peur pour sa santé l'aide à construire sa paternité. Pour les autres pères, ceux qui resteraient très déçus de ne pas avoir le sexe qu'ils souhaitaient, la mère peut servir de point d'appui. C'est elle qui peut aider le père à investir l'enfant une fois né. "

* Auteur de « Paternités », Presses de l'EHESP, 2016

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