Une poupée pour rejouer le quotidien

La poupée, l'objet indispensable pour rejouer le quotidien

Alors qu'elle rentrait chez elle avec sa mère, c'est exprès que Lorine, 2 ans et demi, a laissé sa poupée sur un banc de la place. « Lorsque je suis revenu sur mes pas pour récupérer le jouet, ma fille est intervenue. Elle attrapa la poupée, la reposa sur le banc et s'exclama fermement : – Toute seule ! Cela semblait signifier beaucoup pour lui. La scène s'était déjà produite la veille. Pour désamorcer la crise de larmes que je sentais naître, j'ai essayé d'en savoir plus. Lorine a fini par me dire : – Tout seul, comme avec Tata. » Cet événement a mis Erika et son mari en état d'alerte, qui ont découvert ce qu'ils ne pouvaient imaginer : pendant la journée, la personne qui s'occupait de leur fille depuis plusieurs mois à leur domicile s'absentait régulièrement, la laissant seule, le temps d'une course ou d'un café. Un témoignage qui souligne que jouer avec des poupées n'est pas vain.

N'interrompez pas son jeu !

Pour un enfant, jouer à la poupée ne prépare pas son futur métier de papa ou de maman. C'est l'occasion de rejouer des scènes de son quotidien pour mieux les comprendre, les questionner, les apprivoiser, les mettre en scène. Cependant, ne prenez pas tout au premier degré : ne paniquez pas si votre enfant fait boire la tasse à son baigneur lorsqu'il la savonne dans son bain ou s'il prend la salière de sa mini-cuisine pour lui cracher les fesses. Le jeu est gratuit, les gestes sont parfois un peu maladroits, et l'imagination règne en maître même si elle s'inspire de la réalité. Tout en étant attentif à votre enfant, laissez-le jouer à sa guise pour qu'il exprime et met en scène ce qu'il veut. Laissez-le transformer le faux tube de ketchup en faux tube de liniment, ne l'interrompez pas et n'intervenez que s'il vous le demande. Le jeu de poupée symbolique est une affaire sérieuse qui requiert de la concentration, de la créativité et de l'intimité. Souvent à ces moments-là, votre petit aura juste besoin de savoir que vous n'êtes pas loin, et de croiser votre regard de temps en temps pour se sentir rassuré et « autorisé » à jouer. Votre présence discrète est d'autant plus importante s'il a besoin de se décharger émotionnellement en mettant en scène des sentiments de colère, de peur, de jalousie ou d'inconfort qu'il a déjà personnellement vécus ou témoins : « Tu n'étais pas une gentille poupée, je suis en colère. Très très en colère ! " En l'écoutant, avez-vous l'impression qu'il crie dix fois plus fort que vous quand vous vous emballez ? Il jette sa poupée par terre alors que tu n'as visiblement jamais fait ça avec lui ? Ce que vous ressentez en tant qu'adulte et ce que vous vivez en tant qu'enfant sont deux choses très différentes. Demandez-vous si vous le trouvez utile, mais ne vous demandez pas ce qu'il a besoin d'extérioriser et de verbaliser. Ne lui demandez pas d'arrêter. Ne lui dites pas qu'il exagère. Encore moins qu'il soit méchant. Il joue juste un rôle. S'il comprend qu'il doit avoir une attitude irréprochable avec sa poupée, que vous dirigez certaines de ses actions, qu'il se sent intrusif ou désapprobateur, son jeu sera limité et il finira par l'abandonner. Alors respectez simplement votre enfant et faites-lui confiance : en réinterprétant les choses à sa manière sous forme de jeu, il régule certaines émotions, prend du recul, dépasse parfois des situations qui, jusque-là, pouvaient lui poser problème. Un enfant qui joue avec des poupées est un petit peu qui mûrit et grandit, qui agit et réagit.

De l'observateur à l'enfant acteur

Le manque d'autonomie, les frustrations et la soumission aux consignes et au rythme de vie des adultes rythment le quotidien d'un bambin. Qu'il vive plutôt bien ou plutôt mal votre autorité, il dépend de vous pour tout. Dans ce contexte, jouer à la poupée, c'est aussi prendre un peu de pouvoir, sortir de l'observation ou de la passivité pour s'impliquer pleinement dans toutes ces choses réservées aux adultes ou aux plus grands que soi. Ainsi, un pitchoun de 18 mois qui n'a jamais embrassé son petit frère sera ravi de porter sa baigneuse aux quatre coins de la maison ou de faire semblant de l'allaiter. Un enfant de 2 ans qui est encore posé sur la table à langer cinq ou six fois par jour aura un grand plaisir à inverser les rôles et à offrir à son nourrisson une couche très propre : « Tu as fait pipi ? Allez! " Maîtriser ou avoir l'impression de maîtriser la fermeture de la couche, l'application de la crème pour les fesses et la rime qui va avec, quel bonheur pour un bambin. Vers 3 ou 4 ans, à l'école du matin au soir, il se fera un plaisir de recréer une partie de la classe à la maison et de rappeler à ses petits élèves les règles du vivre ensemble. Y compris, et surtout, ceux qu'il a du mal à s'intégrer : « Se donner la main pour aller à la cantine ; Ne frappez pas vos camarades ; Ne déchirez pas le dessin de Kevin ! » Les scénarios évolueront donc en fonction de l'âge, de l'environnement et de la maturité.

Une poupée ni triste ni souriante

A partir de 15-18 mois, pour que votre enfant puisse s'épanouir librement dans ce type de jeu, mettez un bébé à sa disposition. Ni au fond de son coffre à jouets (il doit pouvoir le trouver facilement), ni directement dans ses bras : il n'en a peut-être pas envie, pas besoin tout de suite, pas tout le temps. Portrait du nourrisson ou de la poupée idéale pour les moins de 5-6 ans : un « bébé » ou un jeune enfant qui lui ressemble, ni trop léger ni trop lourd, ni trop petit ni trop grand, facile à transporter et à manipuler. C'est-à-dire pas de poupée géante qui pourrait l'impressionner ou qu'il aurait du mal à porter seul, pas de figurines Barbie à talons, One Piece ou Ever After High, sans parler de Monster Highs qui sont destinés aux préadolescents. Le nourrisson ou la poupée idéale ne doit pas non plus avoir d'expression faciale marquée : il ne doit pas être triste ou souriant, afin que l'enfant puisse projeter sur lui les sentiments et émotions de son choix. Et tout comme l'adulte ne doit pas diriger le jeu de l'enfant, la poupée ne doit pas dicter au petit : « Fais-moi un câlin ; donnez-moi une bouteille; J'ai sommeil, où est mon lit ? « Le temps de jeu serait raccourci et appauvri. Optez plutôt pour des valeurs sûres comme les poupées Waldorf à fabriquer vous-même ou à acheter en cliquant sur fabrique-moi-une-poupee.com, www.demoisellenature.fr, www.happytoseeyou.fr. Dans le catalogue de marques largement diffusées comme Corolle, choisissez des modèles simples comme Bébé Câlin et sa combinaison pilote d'hiver à scratch (dès 18 mois) ou My classic baby (dès 3 ans), cette liste n'est évidemment pas exhaustive.

Vêtements et accessoires adaptés à ses capacités

A partir de 15 mois et pour de très longues années, optez également pour des modèles comme les Rubens Babies de la marque Rubens Barn les yeux fermés, qui ne laissent personne indifférent avec leur nez retroussé, leurs jambes cambrées et leurs cuisses rebondies. Admirez-les ou détestez-les notamment sur la boutique en ligne d'Oxybul, où elles viennent de faire leurs débuts fin 2014. Chez les plus petits, elles ont remporté tous les suffrages : 45 cm de hauteur pour un poids minimum de 700 g, des couches pour être griffé et indemne sans difficulté par les petites mains des enfants et une cape de bain dans laquelle envelopper le tissu bébé en un clin d'oeil, quand d'autres marques continuent de commercialiser des vêtements cousus au corps de jouets ou trop compliqués à enfiler par le plus jeune. Les vêtements doivent en effet être adaptés aux capacités de l'enfant afin qu'il ne rencontre pas de difficulté majeure en jouant, et puisse ainsi se consacrer pleinement au jeu de « faire semblant ». Les cardigans à dix boutons demandent une grande dextérité, ce sera pour plus tard. Côté accessoires, idem : jusqu'à 3-4 ans environ, les enfants ont besoin de choses très basiques et peu miniaturisées. Moins il sera figuratif et sophistiqué, plus le jeu et l'imaginaire qu'il génère sont riches ! Pas besoin de dépenser une fortune : une vasque en plastique achetée au supermarché sera parfaite pour le bain. Un vrai matelas pour couffin ou lit bébé posé à même le sol sera idéal pour que le jeune enfant puisse dormir sa poupée sans difficulté. Vous l'avez compris : le jeu de poupée pour tout-petits ne devrait jamais être un test insurmontable de motricité fine, encore moins une leçon de mode ou un cours de garde d'enfants. Juste un espace de liberté pour rejouer le quotidien, inventer des possibilités et aller toujours plus loin.

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