Adopter à l'étranger : quelles sont les démarches ?

Adopter à l'étranger : quelles sont les démarches ?

L'adoption internationale en France permet à quelques centaines d'adoptants chaque année d'exaucer enfin leur souhait de parentalité. Cependant, cette aventure humaine oblige les candidats à franchir de nombreuses étapes avant d'atteindre le résultat souhaité, aussi beau soit-il. Retour sur les étapes clés de l'adoption à l'étranger.

Adopter à l'étranger : un parcours complexe

Comme l'adoption d'un enfant en France, l'adoption internationale met souvent les adoptants à l'épreuve d'un véritable parcours du combattant administratif. S'il est généralement plus court qu'en France (4 ans au lieu de 5 en moyenne), ce dernier est généralement aussi parfois complexe.

En effet, d'un point de vue purement pratique, l'adoption internationale confronte les adoptants à des démarches (et des coûts supplémentaires) : déplacement dans le pays d'adoption, traduction officielle de documents, assistance juridique par un avocat, etc.

L'adoption internationale est également compliquée par le contexte juridique dans lequel elle a lieu. Ainsi, les adoptants français doivent non seulement s'assurer que leurs procédures sont conformes à la loi française, mais également à la législation locale en vigueur dans le pays d'adoption et à la Convention relative à la protection des enfants et à la coopération en matière d'adoption internationale à La Haye, si le l'État adoptant est signataire.

Les 5 étapes de l'adoption à l'étranger

Le processus d'adoption internationale en France se déroule toujours en 5 étapes principales :

Obtenir une accréditation

 Que les futurs parents adoptifs aient décidé d'essayer d'adopter en France ou à l'étranger, la procédure initiale reste la même. L'obtention de l'agrément est une condition sine qua non pour la poursuite de la procédure. Cependant, cette dernière peut varier considérablement si les adoptants sont :

  • Français et vivant en France,
  • Français et résidant à l'étranger,
  • étrangers résidant en France.

 A ce titre, il peut être intéressant de se renseigner auprès de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) de votre département.

La constitution du dossier en France

Cette démarche repose sur une décision préalable fondamentale : le choix du pays d'adoption. En effet, selon le pays choisi, non seulement les procédures locales ne sont pas identiques, mais les instances habilitées à traiter les demandes d'adoption ne sont pas les mêmes.

 Ainsi, il existe deux cas :

  • Si le pays d'adoption est signataire de la Convention de La Haye (CHL 1993), les adoptants devront faire appel à un opérateur français agréé, soit :

    – une association de droit privé reconnue par l'Etat en matière d'adoption ou OAA (Organisme Autorisé pour l'Adoption),

    – l'Agence française d'adoption.

  • Si le pays d'adoption n'est pas signataire de la CHL 1993, les adoptants peuvent choisir de recourir à l'un de ces deux types de structure ou de mener une démarche d'adoption individuelle qui n'est pas sans risques (corruption, fraude documentaire, absence de garanties sur l'adoptabilité des enfants, suspension des procédures d'adoption par l'Etat souverain.)

Inscription auprès de la Mission Adoption Internationale :

La Mission Adoption Internationale (MAI) est l'autorité centrale française en matière d'adoption à l'étranger. Toute démarche d'adoption internationale doit donc lui être notifiée, par l'intermédiaire de l'organisme d'adoption ou par les adoptants eux-mêmes s'ils ont engagé une démarche individuelle. Ils doivent ensuite communiquer non seulement tous les documents relatifs à l'agrément mais également remplir le formulaire d'information MIA (lien accessible ci-dessous).

La procédure à l'étranger

 Les procédures dans le pays d'adoption peuvent varier dans le temps et les formalités en fonction de la législation locale, mais elles comportent toujours les mêmes principales étapes :

  • Apparence ou correspondance permet de mettre en relation la famille adoptive et l'enfant à adopter. Cependant, il ne constitue pas une garantie d'adoption.
  • la délivrance d'une autorisation de poursuivre la procédure d'adoption,
  • le jugement d'adoption, judiciaire ou administrative, confirmant l'adoption simple ou plénière,
  • délivrance du certificat de conformité permettant à la justice française de reconnaître le jugement étranger,
  • délivrance du passeport de l'enfant dans son pays d'origine.

Si la procédure d'adoption est effectuée dans l'un des pays signataires de la Convention de La Haye de 1993, ces démarches sont supervisées par l'organisme agréé. En revanche, une démarche individuelle dans un pays d'adoption non signataire est plus risquée car elle manque de ces garants procéduraux !

Le retour en France

 Une fois le passeport de l'enfant délivré, la procédure administrative d'adoption internationale se poursuit, dans le pays d'adoption, puis en France. Les adoptants doivent alors :

  • demander un visa : le retour en France d'un enfant adopté à l'étranger doit toujours être précédé d'une demande de visa d'adoption de long séjour auprès des autorités consulaires du pays d'adoption. Il servira également de titre de séjour pendant les 12 premiers mois de la présence de l'enfant en France.
  • obtenir la reconnaissance du jugement : les démarches pour faire reconnaître en France le jugement d'adoption prononcé à l'étranger dépendent à la fois du type et du pays d'adoption.

    – En cas d’adoption plénière, une demande de transcription du jugement doit être adressée au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Nantes. Si le jugement a été rendu par un tribunal (ou une administration) compétent dans un État signataire de la CHL de 1993, la transcription est automatique. Si le pays d'origine de l'enfant n'est pas signataire, le jugement est vérifié avant toute transcription qui n'est cependant pas automatique.

    – En cas d'adoption simple ; les parents doivent demander l'exécution du jugement au TGI dont dépend leur domicile. Toujours menée avec l'aide d'un avocat, cette procédure vise à rendre exécutoire en France une décision officielle rendue à l'étranger. Ensuite, une demande d'adoption simple peut être faite au TGI et ce n'est qu'une fois cette demande acceptée que les adoptants peuvent demander une transformation du jugement d'adoption simple en adoption plénière.

Attention : compte tenu de la complexité, de l'ampleur et de la lenteur (parfois plus d'un an pour l'exequatur) de ces démarches, le préfet compétent peut décider de délivrer à l'enfant un titre de circulation pour étranger mineur (DCEM) lui permettant de séjourner en France pendant la durée de la procédure.

Une fois le jugement reconnu, les parents peuvent alors entreprendre les formalités nécessaires pour permettre à l'adopté d'acquérir la nationalité française et de bénéficier des prestations sociales.

Adoption à l'étranger : préparez-vous et préparez l'enfant !

Au-delà de la procédure administrative proprement dite, l'accueil d'un enfant adopté à l'étranger nécessite une certaine préparation (psychologique, pratique, etc.). L'objectif : lui offrir un environnement adapté à ses besoins et s'assurer que l'enfant et les adoptants sont prêts à former ensemble une famille.

Première étape indispensable : le projet d'adoption.

Si les futurs parents sont forcément amenés à y penser lors de leur demande d'agrément, ce projet doit être mûri dès le désir d'adoption et tout au long de la procédure. Son intérêt : permettre aux adoptants de formaliser leurs attentes, leurs aptitudes, leurs limites, etc.

Egalement cruciale : la préparation de l'enfant à sa nouvelle famille.

Au-delà des difficultés très concrètes que l'on peut aisément imaginer pour l'enfant à son arrivée dans un nouveau pays (apprentissage d'une langue étrangère, choc culturel, etc.), il doit non seulement pouvoir être en paix avec sa propre histoire (avant l'adoption), mais aussi d'être accompagné dans la création d'une nouvelle histoire familiale (celle qu'il construira avec les adoptants). Dès que le match est fait, il est donc essentiel pour les adoptants d'augmenter leurs séjours, ou du moins le contact avec l'enfant, si possible, et de créer des liens et des passerelles entre ces différentes étapes de la vie. Produire un livre de vie qui permettra à l'enfant de comprendre ses origines, multiplier les vidéos, vidéos, photographies, musiques est donc tout aussi important que la préparation des parents eux-mêmes à l'adoption.

Suivi de la santé des enfants

Ce suivi de l'enfant en voie d'adoption fait également partie des préparatifs indispensables à une adoption réussie. Pour cela, les adoptants disposent de plusieurs outils :

  • le dossier de l'enfant : obligatoire selon les articles 16-1 et 30-1 de la Convention de La Haye, il contient des informations sur son identité, son adoptabilité, son milieu social, son évolution personnelle et familiale, son passé médical et celui de sa famille biologique, notamment.
  • la visite médicale vise à permettre à la famille d'accueillir l'enfant dans les meilleures conditions, en tenant compte de ses particularités. Ce n'est pas seulement l'état de santé de l'enfant qui doit être touché, mais aussi son hérédité et ses conditions de vie préalables, très variables d'un pays à l'autre. Fourni par un médecin local, il doit être « supervisé » par les parents (voir les conseils de l'AFA sur les questions à se poser sur la santé des enfants dans leur pays).

A noter : les organismes officiels conseillent également fortement aux adoptants de se renseigner sur les principaux risques pathologiques pour les enfants selon leur origine et ceux qu'ils sont prêts (ou non) à accepter lorsqu'ils proposent un appariement (handicaps, viroses, etc.)

Adoption internationale en France : stop aux idées reçues !

Les candidats à l'adoption ont parfois l'impression, au vu des procédures d'adoption en France des pupilles de l'Etat, que l'adoption internationale peut être, faute de solution de facilité, le moyen d'aboutir à une adoption plus conforme à leur « idéal adoptif ». » (très jeune enfant, mixité culturelle, etc.). En effet, les instances officielles martèlent systématiquement aux adoptants la réalité actuelle de l'adoption à l'étranger :

  • Le processus reste long : même s'il est un peu plus court que dans le cas de l'adoption en France, le délai avant d'obtenir une adoption internationale reste en moyenne de 4 ans, avec des variations possibles selon le pays d'adoption.
  • l'adoption internationale est en forte baisse depuis le début des années 2000. Ainsi en 2016, seuls 956 visas pour « adoption internationale » ont été délivrés à des enfants. Malgré une légère augmentation par rapport à l'année précédente en raison de la levée de la suspension des adoptions internationales en RDC, l'évolution réelle est en baisse de 11%.
  • Comme en France, les enfants pouvant bénéficier d'une adoption à l'étranger sont de plus en plus issus de la fratrie, plus âgés ou présentant des difficultés (handicaps…). Cependant, plus d'une adoption internationale sur 2 en 2016 (53 %) concernait un enfant âgé de 0 à 3 ans.

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