Être mère en Bulgarie : le témoignage de Tsvetelina

Avec nos Tsvetelina, 46 ans, mère d'Helena et Max. Elle est mariée à un Français et vit en France.

« J'ai élevé mes enfants comme je me sentais, à ma façon »

« Si tu manques les vingt premiers jours, c'est la merde », m'a dit ma mère avant la naissance d'Helena. Même si j'ai élevé mes enfants à ma façon, cette petite phrase m'a fait rire, mais elle est aussi restée dans ma tête… Je m'étais aussi fixé l'objectif que mes enfants fassent leurs nuits à un mois. Et j'ai réussi. J'ai accouché en France, mon mari et ma belle-famille sont d'ici. Pour une femme expatriée, les petites voix donnant différents conseils sur l'éducation se sont un peu heurtées dans ma tête… Mais pour mon deuxième enfant, mon fils Max, j'ai fait ce que je ressentais, sans me mettre la pression pour bien faire.

 

Pour la mère bulgare, le respect des aînés est important

Les traditions de mon village me surprennent parfois. Mes copines ont eu leur premier bébé à 18 ans, et respectaient la fameuse « règle de la belle-famille » : quand on se marie, on emménage avec sa belle-famille (chacun à son étage). A la naissance, la jeune maman se repose 40 jours pendant que sa belle-mère s'occupe du bébé. D'ailleurs, elle est la seule à se baigner ces jours-là car c'est l'aînée, celle qui sait ! J'ai dit à l'une de mes tantes que je n'aurais jamais suivi cette coutume. Elle m'a répondu que nous ne faisions pas exception au respect des aînés. Certaines traditions sont très profondes. Parfois, je fais des choses parce que ma mère m'en a parlé ! Par exemple, elle m'a expliqué que le repassage des vêtements d'enfants est essentiel car la chaleur désinfecte le tissu. Là, les femmes s'occupent de la maternité ensemble, j'étais toute seule.

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© Ania Pamula et Dorothée Saada

 

 

Le yaourt bulgare, une institution !

Yaourt bulgare, je le regrette beaucoup. Nous cultivons notre « Lactobacillus bulgaricus », le ferment lactique qui donne ce goût si particulier et inimitable. Enfant, ma mère m'a allaité, puis m'a sevré en me donnant des biberons de yaourt bulgare dilués dans de l'eau. Malheureusement, l'industrie alimentaire, les yaourts aux conservateurs et le lait en poudre disparaissent peu à peu de notre patrimoine bulgare. Moi, j'ai acheté une machine pour faire du yaourt car malgré tout, il doit être présent dans les gènes de mes enfants. Ce sont de gros mangeurs de yaourts ! D'un autre côté, j'ai suivi l'introduction à la cuisine française, et lors d'un repas en Bulgarie, mon mari a donné à notre fille alors âgée de 11 mois une côtelette d'agneau à sucer… J'étais paniqué et je la regardais, mais il a dit : « Don Ne pensez pas qu'elle pourrait s'étouffer ou avaler de travers, regardez simplement le bonheur dans ses yeux ! » "

 

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© Ania Pamula et Dorothée Saada

En Bulgarie, la société change, surtout depuis la fin du communisme

Les femmes à la naissance ont vraiment besoin de se reposer et de se protéger le plus possible de l'extérieur. A la maternité, on peut difficilement approcher la jeune maman. Récemment, les papas ont été autorisés à rester. Dans les villages, je sens un vrai décalage avec la France. J'ai même envoyé à une amie qui venait d'accoucher (au 15e étage de la maternité) un panier suspendu à une corde avec de la nourriture ! Je me suis dit que c'était un peu la prison… Ou encore, quand j'ai appris que j'étais enceinte d'Helena, j'étais en Bulgarie et j'ai vu un gynécologue qui m'a fait comprendre que je devais arrêter le sexe parce que ce n'était pas bon pour mon bébé. Mais la société change, surtout depuis la fin du communisme. Les femmes travaillent et ne restent plus trois ans à la maison pour élever leurs enfants. Même notre fameux respect disparaît un peu… Nous aussi, nous avons nos enfants rois !

Congé de maternité en Bulgarie :

58 semaines si la mère a travaillé les 12 derniers mois (rémunéré à 90 % du salaire).

Taux d'enfants par femme : 1,54

Taux d'allaitement : 4% des bébés sont exclusivement allaités à 6 mois

Propos recueillis par Ania Pamula et Dorothée Saada

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