Clowns à l'hôpital

Clowns à l'hôpital

A l'hôpital Louis Mourier de Colombes (92), les clowns du « docteur Rire » viennent animer le quotidien des enfants malades. Et plus. En apportant leur bonne humeur à ce service pédiatrique, ils facilitent les soins et apportent le sourire aux petits comme aux grands. Rapports.

Une parenthèse enchantée pour l'enfant

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C'est l'heure de la visite. Dans un ballet bien ordonné, les blouses blanches se succèdent de pièce en pièce. Mais au bout du couloir, une autre tournée a commencé. Avec leurs tenues colorées, leurs grimaces et leurs faux nez rouges, Patafix et Margarhita, les clowns du « Docteur qui rit », inoculent aux enfants une dose de bonne humeur. Comme une potion magique, avec des ingrédients et un dosage sur mesure pour chacun.

Ce matin, avant d'entrer en scène, Maria Monedero Higuero, alias Margarhita, et Marine Benech, alias Patafix, ont en effet rencontré le personnel soignant pour prendre la "température" de chaque petit patient : son état psychologique et médical. Dans la chambre 654 du service de pédiatrie de l'hôpital Louis Mourier de Colombes, une petite fille fatiguée regarde des dessins animés à la télévision. Margarhita ouvre doucement la porte, Patafix sur ses talons. « Ooooh, pousse-toi un peu, Patafix ! Tu es ma petite amie, d'accord. Mais qu'est-ce que tu collants… » « Normal. Je suis du FBI ! Mon travail est donc de rassembler les gens ! Les répliques fusent. D'abord un peu déconcertée, la petite se laisse vite prendre au jeu. Margarhita a dessiné son ukulélé, tandis que Patafix chante en dansant : « Pee on the grass… ». Salma, enfin sortie de sa torpeur, se glisse hors de son lit pour esquisser en riant quelques pas de danse avec les clowns. Deux pièces plus loin, c'est un enfant assis dans son lit qui ricane, sa tétine à la bouche. Sa mère ne viendra qu'en fin d'après-midi. Ici, pas d'arrivée en fanfare. Lentement, avec des bulles de savon, Margarhita et Patafix vont l'apprivoiser, puis en déployant la force des mimiques, finiront par le faire sourire. Deux fois par semaine, ces comédiens professionnels viennent animer le quotidien d'enfants malades, histoire de les faire sortir un instant des murs de l'hôpital. « Par le jeu, la stimulation de l'imaginaire, la mise en scène des émotions, les clowns permettent aux enfants de rejoindre leur monde, de se ressourcer », explique Caroline Simonds, fondatrice de Rire Médecin. Mais aussi pour reprendre un peu de contrôle sur sa propre vie.

Rire contre la douleur

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Au fond du couloir, alors qu'ils ont à peine passé la tête dans la pièce, un « Sortez ! » Un son retentissant les salue. Les deux clowns n'insistent pas. « À l'hôpital, les enfants obéissent tout le temps. Difficile de refuser une bouchée ou de changer de menu sur son plateau-repas… Là, en disant non, c'est une manière de retrouver simplement un peu de liberté », explique Marine-Patafix d'une voix douce.

Cependant, il n'est pas question ici d'opposer le bon et le mauvais. Les clowns et le personnel soignant travaillent main dans la main. Une infirmière vient les appeler pour les aider. C'est pour le petit Tasnim, 5 ans et demi. Elle souffre de pneumonie et a peur des injections. En improvisant des sketchs avec les nombreuses peluches alignées sur son lit, les deux nez rouges vont progressivement gagner sa confiance. Et bientôt les premiers éclats de rire fusent autour d'une belle vinaigrette « fraise ». L'angoisse de la petite fille s'apaisa, elle sentit à peine la piqûre. Les clowns ne sont ni des thérapeutes ni des psys, mais des études ont montré que le rire, en détournant l'attention de la douleur, peut altérer la perception de la douleur. Mieux encore, des chercheurs ont montré qu'il peut libérer des bêta-endorphines, sortes d'analgésiques naturels dans le cerveau. Un quart d'heure de « vrai » rire augmenterait de 10 % notre seuil de tolérance à la douleur. Au poste de soins, Rosalie, l'infirmière, confirme à sa manière : « C'est plus facile de s'occuper d'un enfant heureux. "

Le personnel et les parents bénéficient également

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Dans les couloirs, l'ambiance n'est pas la même. Ce nez rouge au milieu du visage réussit à faire tomber les barrières, à casser les codes. Les blouses blanches, peu à peu conquises par l'ambiance joyeuse, rivalisent de blagues. « Pour les soignants, c'est une vraie bouffée d'oxygène, avoue Chloé, une jeune stagiaire. Et pour les parents, c'est aussi retrouver le droit de rire. Parfois même plus. Maria raconte cette brève rencontre, dans une pièce du service : « C'était une fillette de 6 ans, arrivée la veille aux urgences. Son papa nous a expliqué qu'elle avait eu une crise et qu'elle ne se souvenait de rien depuis. Il ne le reconnaissait même plus… Il nous supplia de l'aider à la stimuler. Dans notre jeu avec elle, je lui ai demandé : « Et mon nez ? De quelle couleur est mon nez ? » Elle répondit sans hésiter : « Rouge ! « Et la fleur sur mon chapeau ? » "Jaune !" Son papa a commencé à pleurer doucement alors qu'il nous serrait dans ses bras. Émue, Maria marque une pause. « Les parents sont forts. Ils savent quand mettre le stress et l'anxiété de côté. Mais parfois, quand ils voient leur enfant malade jouer et rire comme tous les autres petits de leur âge, ils craquent. "

Un métier qui ne s'improvise pas

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Cachés derrière leur déguisement, les clowns de Laughing Doctor doivent aussi rester forts. Le clown à l'hôpital ne s'improvise pas. Ils sont donc spécialement formés et travaillent toujours en binôme pour s'entraider. Avec ses 87 comédiens professionnels, « Le Rire Médecin » est aujourd'hui impliqué dans près de 40 services de pédiatrie, à Paris et en région. L'an dernier, plus de 68 visites ont été proposées à des enfants hospitalisés. Mais dehors, la nuit tombe déjà. Margarhita et Patafix ont enlevé leur nez rouge. Franfreluches et ukulélé ont été rangés au fond d'un sac. Marine et Maria s'échappent incognito du service. Les enfants attendent avec impatience la prochaine prescription.

Pour faire un don et offrir le sourire aux enfants : Le Rire Médecin, 18, rue Geoffroy-l'Asnier, 75004 Paris, ou sur le web : leriremedecin.asso.fr

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