Violences conjugales, à qui s'adresser ?

Dans son rapport de juillet 2019, la Délégation d'Assistance aux Victimes (DAV) a rendu publics les chiffres des homicides au sein du couple pour l'année 2018. 149 homicides ont ainsi eu lieu au sein des couples, dont 121 femmes et 28 hommes. Les femmes sont les principales victimes des violences conjugales : 78 % des victimes de violences conjugales recensées par les services de police et de gendarmerie sont des femmes, selon les chiffres de l'Observatoire des violences faites aux femmes.

On estime ainsi qu'en France tous les 2,8 jours, une femme meurt des coups de son partenaire violent. 225 femmes par an en moyenne sont victimes de violences physiques ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire. 3 femmes victimes sur 4 déclarent avoir subi des actes répétés, et 8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également subi des agressions psychologiques ou des agressions verbales.

D'où l'importance de mettre en place des mesures concrètes pour protéger les victimes de violences conjugales et les aider à briser le cercle vicieux, avant qu'il ne soit trop tard.

Violences conjugales : des contextes particulièrement favorables

Si des violences au sein du couple peuvent malheureusement survenir à tout moment, sans qu'il y ait forcément signes avant-coureurs, il a été observé que certains contextes, certaines situations augmentent le risque pour une femme de subir des actes de violence, et pour un homme de commettre de tels actes. Voici quelques-uns :

  • -les conflits ou l'insatisfaction dans le couple ;
  • – domination masculine dans la famille ;
  • -grossesse et arrivée d'un enfant;
  • -annonce d'une séparation effective ou séparation ;
  • – union forcée ;
  • -isolation sociale ;
  • -stress et situations stressantes (problèmes économiques, tensions dans le couple, etc.) ;
  • – hommes à partenaires multiples ;
  • – écart d'âge au sein du couple, notamment lorsque la victime est dans la tranche d'âge inférieure à celle du conjoint ;
  • -différence entre les niveaux d'instruction, lorsque la femme est plus instruite que son partenaire masculin.

La consommation d'alcool est également un facteur de risque de violence domestique, chez 22 à 55 % des auteurs et 8 à 25 % des victimes. Elle est associée à des conséquences plus graves de la violence, mais est souvent associée à d'autres facteurs ou situations de risque.

Quelles protections sont possibles pour les victimes de violences conjugales ?

Si vous avez un Depot de plainte, des mesures de protection immédiates peuvent être prises par le juge pénal, telles que l'interdiction pour l'agresseur de s'approcher de la victime, de fréquenter certains lieux, la dissimulation de l'adresse de la victime, l'obligation d'un suivi pour l'auteur ou encore son placement en détention provisoire et l'octroi d'un téléphone de protection, dit "téléphone grave danger», ou TGD.

Le téléphone danger grave dispose d'une touche dédiée, permettant à la victime de rejoindre, en cas de danger grave, le service de téléassistance accessible 7j/7 et XNUMXh/XNUMX. Si la situation l'exige, ce service alerte immédiatement la police. Ce dispositif permet également la géolocalisation du bénéficiaire.

Inconnu et encore trop peu utilisé, un autre système peut être mis en place avant ou après le dépôt d'une plainte pour violence domestique. Il est l'ordonnance de protection, rendue par le juge des affaires familiales. Mesure d'urgence hautement protectrice, l'ordonnance de protection peut être mise en œuvre rapidement, car les délais de procédure sont assez rapides (environ 1 mois). Pour ce faire, il faut saisir le juge aux affaires familiales par une requête délivrée ou adressée au greffe, avec les copies des documents démontrant le danger auquel on est exposé (certificats médicaux, manuels ou plaintes, copies de SMS, enregistrements, etc.) . Il existe des modèles de demandes sur internet, mais on peut aussi se faire assister pour cela par une association ou un avocat.

Il est également possible, sur demande, de bénéficier temporairement de l'aide juridique pour couvrir les frais juridiques et les éventuels frais d'huissier et d'interprète.

Le juge peut alors, si l'ordonnance de protection est prononcée, mettre en place un certain nombre de mesures de protection pour la victime, mais aussi pour les enfants du couple s'il y en a. il pourra revoir les termes de l'autorité parentale, la contribution aux charges du ménage et la contribution à l'entretien et à l'éducation des enfants. Il est également possible d'obtenir une interdiction de quitter le pays pour les enfants.

Le non-respect des mesures imposées par l'ordonnance de protection constitue une infraction passible de deux ans d'emprisonnement ainsi que 15 € d'amende. Il est donc possible de porter plainte si l'agresseur ne respecte pas ces mesures.

Violences conjugales : structures et associations à contacter

Bien conçu, le site stop-violences-femmes.gouv.fr répertorie toutes les structures et associations présentes en France pour venir en aide aux victimes de violences, qu'il s'agisse de violences au sein du couple ou d'une autre nature. (agressions, violences physiques ou sexuelles…). Un outil de recherche vous permet de trouver rapidement les associations proches de chez vous. Il existe pas moins de 248 structures en France traitant des violences au sein du couple.

Parmi les différentes structures et associations luttant contre les violences faites aux femmes, et en particulier les violences conjugales, on peut en citer deux majeures :

  • Le CIDFF

Le réseau national des 114 Centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF, animé par le CNIDFF), propose des services d'information et d'accompagnement spécialisés aux femmes victimes de violences. Des équipes professionnelles (avocats, psychologues, assistantes sociales, conseillères familiales et conjugales…) sont également présentes pour accompagner les femmes dans leurs démarches, animer des groupes de réflexion… La liste des CIDFF en France et le site généraliste www.infofemmes.com.

  • la FNSF

La Fédération Nationale des Femmes Solidaires est un réseau rassemblant depuis vingt ans, des associations féministes engagées dans la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes, notamment celles qui surviennent au sein du couple et de la famille. La FNSF gère le service national d'écoute depuis 15 ans : 3919. Son site Internet : solidaritefemmes.org.

  • Le 3919, Violences Femmes Info

Le 3919 est un numéro destiné aux femmes victimes de violences, ainsi qu'à leur entourage et aux professionnels concernés. C'est un numéro d'écoute national et anonyme, accessible et gratuit depuis un poste fixe en France métropolitaine et dans les DOM.

Le nombre est ouvert du lundi au samedi de 8h à 22h et jours fériés de 10h à 20h (sauf 1er janvier, 1er mai et 25 décembre). Ce numéro permet d'être à l'écoute, d'informer et, en fonction des demandes, de s'orienter adéquatement vers les dispositifs d'accompagnement et de soins de proximité. Cela dit, ce n'est pas un numéro d'urgence. En cas d'urgence, il est conseillé d'appeler le 15 (Samu), le 17 (Police), le 18 (Pompiers) ou le 112 (numéro d'urgence européen).

Quelles mesures devez-vous prendre si vous êtes victime de violence domestique?

Nous pouvons, dans un premier temps, et si nous ne sommes pas en danger immédiat, appelez le numéro spécifique, 3919, qui nous guidera selon notre situation. Mais d'autres mesures doivent également être prises pour mettre fin à la violence : elles comprennent déposer une plainte.

Que les faits soient anciens ou récents, les policiers et gendarmes ont l'obligation de porter plainte, même si un certificat médical n'est pas disponible. Si vous ne souhaitez pas porter plainte, vous pouvez d'abord signaler les violences en faisant une déclaration sur la main courante (policier) ou un rapport de renseignement judiciaire (gendarmerie). C'est une preuve dans les poursuites ultérieures. Un récépissé de la déclaration doit être remis à la victime, ainsi qu'une copie complète de sa déclaration, sur demande.

Si l'obtention préalable deun certificat médical d'observation avec un médecin généraliste n'est pas obligatoire pour porter plainte pour violences conjugales, cela reste souhaitable. En effet, le certificat médical constitue l'un des éléments de preuve de violences subies dans le cadre d'une procédure judiciaire, même si la victime porte plainte plusieurs mois plus tard. En outre, un examen médical peut être ordonné par la police ou la gendarmerie dans le cadre de l'enquête.

Le juge pénal ne peut prononcer des mesures de protection et n'engager des poursuites judiciaires contre l'auteur que si un signalement a été fait.

Cette dénonciation peut être faite soit à la police ou à la gendarmerie, soit au procureur de la République par la victime elle-même, par un témoin ou une personne ayant connaissance des violences. En cas de doute ou de questions sur les démarches à entreprendre, contactez le 3919, qui vous conseillera.

Que faire au moment même des violences conjugales ?

Appelez-nous

– 17 (police d'urgence) ou 112 depuis un téléphone portable

– le 18 (pompiers)

– le numéro 15 (urgences médicales), ou utilisez le numéro 114 pour les malentendants.

Pour vous abriter, vous avez le droit de sortir de chez vous. Dès que possible, rendez-vous à la police ou à la gendarmerie pour le signaler. Pensez également à consulter un médecin pour faire établir un certificat médical.

Que faire si vous êtes témoin de violences conjugales ?

Si vous êtes témoin de violences conjugales dans votre entourage, ou si vous avez un doute sur un cas de violences conjugales, le signaler par exemple à la police, au service social de votre mairie, aux associations d'aide aux victimes. N'hésitez pas à proposer à la victime de l'accompagner pour porter plainte, ou de lui dire qu'il existe des professionnels et des associations qui peuvent l'aider et à qui elle peut se confier. Appelez également le 17, surtout lorsque la situation représente un danger grave et immédiat pour la victime.

En ce qui concerne la victime de violence domestique, il est conseillé de :

  • – ne pas remettre en cause le récit de la victime, ni réduire la responsabilité de l'agresseur ;
  • - éviter d'avoir une attitude complaisante envers l'agresseur, qui cherche à rejeter la responsabilité sur la victime ;
  • -soutenir la victime après coup, et mettre les vrais mots sur ce qui s'est passé (avec des phrases comme « La loi interdit et punit ces actes et propos », « l'agresseur est seul responsable », « Je peux vous accompagner à la police », « Je peux rédiger pour vous un témoignage dans lequel je décris ce que j'ai vu/entendu »…) ;
  • -respecter la volonté de la victime et ne pas prendre de décision à sa place (sauf en cas de danger grave et immédiat) ;
  • -le sien transmettre toute preuve et un témoignage solide si elle souhaite signaler les faits à la police ;
  • -si la victime ne souhaite pas porter plainte immédiatement, laissez ses coordonnées pour qu'elle sache où chercher de l'aide si elle change d'avis (car prendre la décision de porter plainte peut prendre du temps pour une victime, notamment en matière de violence conjugale et de violence sexuelle).

Notez que ce conseil s'applique également lorsqu'une victime de violence domestique se confie à quelqu'un qui n'a pas été directement témoin de la violence.

Sources et informations complémentaires : 

  • https://www.stop-violences-femmes.gouv.fr
  • https://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/IMG/pdf/depliant_violences_web-3.pdf

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