Mémoire eidétique : qu'est-ce que la mémoire photographique ?

Mémoire eidétique : qu'est-ce que la mémoire photographique ?

On connaît le pitch parfait mais on oublie que la mémoire, même si elle est extrêmement rare, peut aussi être absolue.

Qu'est-ce que la mémoire eidétique ?

Certains individus ont la capacité de stocker dans leur mémoire une grande quantité d'images, de sons, d'objets dans leurs moindres détails. Cela donnerait à l'individu la capacité de conserver pendant une courte période, une mémoire presque parfaite d'une image présentée pendant environ 30 secondes comme si l'image était encore perçue.

Comme pour tout autre souvenir, l'intensité du souvenir dépend de plusieurs facteurs tels que :

  • la durée et la fréquence d'exposition au stimulus ;
  • observation consciente;
  • la pertinence de la personne ;
  • et ainsi de suite

On parle de mémoire absolue, mémoire photographique ou encore mémoire eidétique, du grec « eido », qui signifie « voir », eidos, forme. L'imagerie eidétique est loin d'être parfaite, car elle est sujette à des distorsions et des ajouts, comme la mémoire épisodique. Pour Alan Searleman, professeur de psychologie (St Lawrence University, New-Yort St), il n'est pas rare que des personnes ayant une mémoire eidétique modifient ou inventent des détails visuels. Cela suggère que les images eidétiques ne sont certainement pas de nature photographique, mais sont plutôt reconstruites à partir de la mémoire et peuvent être influencées comme d'autres souvenirs (à la fois visuels et non visuels) par des biais cognitifs.

Une mémoire innée ou acquise ?

L'existence même de la mémoire eidétique est controversée. Si elle existe, cette mémoire est-elle innée ou acquise. Adrian de Groot (1914-2006), professeur de psychologie néerlandais et grand joueur d'échecs, a démystifié le mythe en menant une expérience sur la capacité des grands champions d'échecs à mémoriser les positions complexes des pièces sur un plateau. Les champions étaient capables de retenir des quantités surprenantes d'informations beaucoup plus que dans le cas des amateurs. Cette expérience vient ainsi au support de la mémoire eidétique. Mais après avoir montré aux champions des dispositions de parties impossibles dans de vrais jeux, la précision de leurs souvenirs était similaire à celle des amateurs. Cela signifiait que les champions avaient développé une capacité à mémoriser pour prédire des compositions de jeu rationnelles plutôt que d'être détenteurs d'une capacité eidétique absolue.

Pendant dix ans, le chercheur Ralph Norman Haber a étudié la mémoire des enfants de 7 à 11 ans. La mémoire eidétique existe chez un faible pourcentage d'enfants. Étonnamment, les enfants ayant des souvenirs eidétiques parlaient de l'image au présent, comme si elle était toujours devant eux, imprimée dans leur cerveau. Selon le professeur Andy Hudmon (Department of Neurobiology, Stanford), cette capacité de mémoire eidétique beaucoup plus importante chez les enfants que chez les adultes suggère qu'un changement développemental se produit à un moment donné, peut-être au moment de l'acquisition de certaines compétences, ce qui perturberait le potentiel de la mémoire eidétique.

L'expérience des joueurs d'échecs

La plupart des scientifiques attribuent des performances de mémoire extraordinaires à une capacité accrue à associer ou à organiser les informations à mémoriser, plutôt qu'à une véritable mémoire eidétique.

Par exemple, de nombreux joueurs d'échecs experts ont une capacité remarquable à se rappeler la position des pièces d'échecs à tout moment au cours d'une partie. La capacité de conserver une image mentale précise de l'échiquier permet à ces joueurs de jouer sur plusieurs échiquiers à la fois, même s'ils ont les yeux bandés. Il n'était donc pas surprenant que les chercheurs aient observé que les joueurs d'échecs experts ont une bien plus grande capacité à se souvenir des schémas d'échecs que les sujets de test qui ne jouent pas aux échecs. Cependant, alors que les chercheurs ont défié les joueurs d'échecs experts avec des modèles d'échiquiers générés de manière aléatoire, les joueurs experts n'étaient pas meilleurs que les joueurs d'échecs novices pour se souvenir des modèles d'échecs. Ainsi, en changeant les règles du jeu, les chercheurs ont révélé que la capacité remarquable de ces joueurs à mémoriser des informations visuelles spécifiques aux échecs (peut-être la raison même pour laquelle ces individus sont bons aux échecs) n'était pas l'équivalent d'une mémoire photographique. Les personnes ayant une véritable mémoire eidétique devraient par définition être capables d'assimiler et de se souvenir dans les moindres détails, même des scènes visuelles aléatoires.

Ne pas confondre

Bien que certainement controversé, certains chercheurs pensent également que l'imagerie eidétique se produit plus fréquemment dans certaines populations de retardés mentaux (en particulier, chez les individus dont le retard est probablement dû à des causes biologiques plutôt qu'environnementales) et également parmi les populations gériatriques.

Kim Peek, une américaine atteinte du syndrome d'Asperger (un trouble neurodéveloppemental d'origine génétique), qui a inspiré le personnage de Raymond Babbitt, le héros du film Rain man et joué par Dustin Hauffman, avait une mémoire eidétique et avait mémorisé plus de 10 livres. Il a fallu dix secondes pour lire une page. Véritable encyclopédie vivante, sa capacité à mémoriser des quantités d'informations hallucinantes lui a également permis de se transformer en un véritable GPS humain, quelle que soit la ville de la planète dans laquelle il se trouvait.

Autre champion de la mémoire, Stephe Wiltshire, surnommé « le cameraman ». Autiste avec mémoire eidétique, il est connu pour sa capacité à dessiner un paysage dans les moindres détails après l'avoir vu en un éclair. Attention, la mémoire eidétique est un type particulier de mémoire. Il ne faut pas la confondre avec l'hypermnésie ou l'exaltation de la mémoire. Cette dernière est une psychopathologie caractérisée par une mémoire autobiographique extrêmement détaillée et un temps excessif consacré à la remémoration de son passé.

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