Allocations familiales : le top 10 des informations un peu insolites à connaître

Ils sont parfois tenus pour acquis en France, malheureusement ils n'ont pas toujours existé et n'existeront peut-être pas toujours pour tout le monde. Les allocations familiales sont des aides versées aux personnes ayant des enfants à charge, dont les montants et les conditions varient d'un pays à l'autre. Voici un bref aperçu de l'histoire des allocations familiales en France, des mesures majeures qui ont eu lieu depuis leur création, leur financement ou leur coût. Suffisant pour en savoir plus sur ces aides que nous recevons chaque mois, et pourquoi pas, brillez de vos connaissances lors du prochain apéro dinatoire avec les parents !

L'ancêtre des allocations familiales est né vers 1916

En France, en 1916, un ingénieur du nom d'Emile Romanet, qui était aussi un fervent catholique, mena une enquête parmi les ouvriers de son usine de Grenoble. Il remarque que plus les familles sont nombreuses, plus elles ont du mal à joindre les deux bouts, à s'en sortir financièrement. Convaincu de l'intérêt pour les employeurs d'apporter une aide à leurs salariés, il a convaincu son patron, Joanny Joya, d'instaurer une « prime pour charges familiales », calculée en fonction du nombre d'enfants par foyer. L'ancêtre des allocations familiales est né. Anticipant les revendications des ouvriers des usines voisines, Emile Romanet saura convaincre les patrons des entreprises locales de s'organiser pour éviter les grèves. Cinq industriels créent le 29 avril 1918 une Caisse d'indemnisation, deuxième caisse de ce type reconnue en France, la première étant fondée la même année à Lorient en Bretagne.

Une première loi votée en 1932

En 1928 et 1930, la loi sur les assurances sociales couvrant la maladie, la vieillesse et l'invalidité a été adoptée. Puis, en 1932, la loi Landry généralise les allocations familiales à tous les salariés de l'industrie et du commerce, en obligeant les employeurs à adhérer à une caisse de compensation. Mais l'intervention de l'Etat est encore limitée, et le montant des indemnités varie d'un département à l'autre. L'Etat n'a pris les allocations familiales qu'en 1945, avec la création de la Sécurité sociale.

Une mesure liée en partie à la baisse de la natalité

Créées en partie à l'initiative des catholiques, plus précisément par un mouvement chrétien-social, les allocations familiales sont apparues surtout dans les années 1930 comme un moyen de compenser la baisse de la natalité observé en France après la Grande Guerre. La France connaît alors un taux de mortalité élevé, ainsi qu'un faible taux de natalité, ce qui la place dans la queue de l'Europe en termes de croissance démographique. Encourager les Français à avoir des enfants est donc crucial pour inverser cette tendance inquiétante, qui implique notamment une politique familiale favorable.

Les conditions de revenus pour les allocations ne datent que de 2015

Jusqu'en 2015, le montant des allocations familiales perçues par les parents n'a pas été fixé en fonction des ressources du ménage. Clairement, une famille de cadres ou un couple d'ouvriers avec chacun deux enfants recevaient les mêmes sommes alors qu'ils n'avaient pas du tout les mêmes salaires.

En 1996, Alain Juppé, alors Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac, lance un pavé dans l'étang en annonçant une réflexion sur allocations familiales sous conditions de ressources, sans succès. L'idée d'une telle mesure refait surface en 1997 avec Lionel Jospin, mais là encore, cette mesure ne sera pas appliquée, au profit d'un abaissement du quotient familial.

Ce n'est qu'en 2014, sous François Hollande, que les allocations familiales sous condition de ressources seront remises sur la table, pour être définitivement adoptées le 15 juillet 2015. A compter de cette date, les allocations familiales seront réduites de moitié pour les parents de deux enfants gagnant plus de 6 euros par mois (64 euros au lieu de 129), et par quatre pour ceux qui gagnent plus de 8 euros par mois (32 euros au lieu de 129), le plafond de revenus étant relevé de 500 euros par enfant supplémentaire.

La branche famille de la Sécurité sociale : au moins 500 millions d'euros de déficit

Ce n'est pas un scoop : le déficit de la Sécurité sociale en France monte en flèche, même si tous les gouvernements successifs tentent depuis des décennies de le réduire. Selon les données de la Commission des comptes de la sécurité sociale, le déficit de cette dernière était d'environ 4,4 milliards d'euros en 2017. Mais la branche famille de la Sécurité sociale, qui comprend les allocations familiales, n'est pas celle qui présente le plus gros excédent.

Selon les informations quotidiennes Le Monde, la branche famille passerait « dans le vert » pour la première fois depuis 2007, à 500 millions d'euros en 2017 contre un déficit d'un milliard d'euros en 2016. La branche famille de la Sécurité sociale est certainement toujours déficitaire, mais moins que les autres branches comme les accidents du travail (800 millions d'euros) et la vieillesse (1,5 milliard d'euros).

La France bien lotie par rapport à certains voisins européens

Que l'on soit favorable à une augmentation des allocations familiales ou, au contraire, que l'on souhaite les voir réduites, on ne peut en aucun cas nier que la France est plutôt aisée en matière de politique familiale. Si les montants sont généralement plus élevés en Allemagne ainsi que dans certains pays scandinaves, d'autres pays comme l'Italie, l'Espagne ou le Royaume-Uni ont mis en place restrictions de revenus sévères. Et chez certains voisins européens, l'augmentation du montant en fonction du nombre d'enfants est moindre qu'en France, même si avec nous le premier enfant ne donne droit à aucune allocation. Si l'on regroupe toutes les aides familiales disponibles en France (congé parental, allocations familiales, congé maternité…), la politique familiale est particulièrement avantageuse. La France affiche également l'un des taux d'emploi féminin les plus élevés d'Europe et un taux de natalité plus élevé que la plupart de ses voisins, du moins en partie à cause des aides accordées aux familles.

Le complément familial, un coup de pouce pour le 3ème enfant

En France métropolitaine, le supplément famille (CF) est destiné aux familles avec au moins trois enfants à charge tous âgés d'au moins 3 ans et de moins de 21 ans. Créé en janvier 1978, le complément familial marque la priorité donnée au troisième enfant. Le complément familial remplace l'allocation de salaire unique, l'allocation de mère au foyer et l'allocation de garde d'enfant.

En décembre 2016, elle était versée à 826 ménages, dont un quart est une famille monoparentale. Le montant de base est de 600 €, qui peut être porté à 170,71 € pour les familles dont les revenus ne dépassent pas un certain plafond.

2014 : une mesure sur le congé parental pour promouvoir l'égalité femmes-hommes

Dans le cadre d'un projet de loi sur l'égalité femmes-hommes conduit par Mme Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes sous la présidence de François Hollande, une réforme majeure du congé parental a eu lieu, et est entrée en vigueur en juillet 2014. Comme à compter de cette date, les parents d'un seul enfant, qui jusqu'alors n'avaient droit qu'à 6 mois de congé, peuvent prendre six mois de plus à condition que l'autre parent prenne le congé. De toute évidence, le congé est prolongé à 12 mois à condition que cette période soit partagée également entre les deux parents. A partir du deuxième enfant, le congé parental dure toujours trois ans maximum, mais l'aide de la CAF ne sera versée jusqu'à l'âge de 3 ans que si elle est partagée entre les deux parents : 24 mois maximum pour un parent et 12 mois pour le autre parent, dans le cadre du Allocation d'éducation partagée pour les enfants (PreParE). L'objectif : inciter les papas à prendre un congé parental pour s'occuper de leur nouveau-né.

Vers la fin de l'universalité des allocations familiales ?

C'est une question qui revient régulièrement sur la table, quelle que soit l'orientation politique des différents gouvernements. Jusqu'à présent, si les allocations familiales ont un montant qui dépend du niveau de revenu des familles, elles restent universelles : tous les parents français, quels qu'ils soient, perçoivent des allocations familiales, même si leur montant diffère selon leur niveau de revenu.

A l'heure où il faut trouver les moyens de réduire le déficit de la Sécurité sociale, l'universalité des allocations familiales pose question. Une famille avec un revenu mensuel supérieur à 10 euros a-t-elle vraiment besoin d'un coup de main de quelques dizaines d'euros pour élever ses enfants ?

En mars 2018, Guillaume Chiche, député LREM des Deux-Sèvres, en collaboration avec le député LR d'Ille-et-Vilaine Gilles Lurton, devait remettre un rapport composé de recommandations concernant la politique familiale française. Mais si toutefois elles ont été rendues (les députés auraient eu du mal à trouver un terrain d'entente), leurs conclusions n'ont pour l'instant pas fait grand bruit et n'ont pas encore donné lieu à un projet de loi.

 

Qui finance les allocations familiales ?

En 2016, 84,3 milliards d'euros ont été versés par la Caisse d'allocations familiales (Caf) et la Caisse centrale de mutualité sociale agricole (Ccmsa) sous forme d'avantages légaux. Cette masse financière comprend trois catégories : les allocations conditionnées à la présence d'un enfant, les allocations logement, les allocations liées à la solidarité et le soutien à l'activité. Concernant les allocations familiales, elles sont majoritairement financées par les cotisations sociales versées par les employeurs, jusqu'à 5,25 % ou 3,45 % selon la profession. Le reste provient de la CSG (cotisation sociale généralisée, également prélevée sur les bulletins de salaire) et des impôts. En clair, chaque Français actif finance un peu les allocations familiales.

sources:

  • https://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/Documents/Dser/essentiel/Essentiel_depensesPresta_ESSENTIEL.pdf
  • https://www.urssaf.fr/portail/home/employeur/calculer-les-cotisations/les-taux-de-cotisations/la-cotisation-dallocations-famil.html
  • http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/protection-sociale/politique-familiale/comment-branche-famille-securite-sociale-est-elle-financee.html
  • http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/famille/chronologie/
  • http://www.slate.fr/story/137699/emile-romanet-inventa-allocations-familiales

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