La bouffe, on reste (enfin) zen !

« Confusion » sein/tétine, ce n'est pas systématique !

Quelle maman n'a pas entendu dire que si elle allaite, l'introduction d'un biberon entraînera inévitablement une confusion sein/tétine qui marquera la fin de son allaitement ? On fait une pause. Si on doit s'absenter 1h par exemple, ce n'est pas un drame. Et il n'y a pas de quoi se sentir coupable. « Ce mythe d'une possible confusion sein/tétine angoisse inutilement les mères, prévient Marie Ruffier Bourdet. Jusqu'à 4 à 6 semaines, il est préférable qu'une mère qui allaite reste le plus possible avec son bébé, pour un bon début de lactation, mais elle peut s'absenter un petit moment. Non seulement, le bébé ne manquera pas de lait car il est possible de lui proposer de boire avec un autre récipient (cuillère, tasse…) voire un biberon. Et surtout, il ne refusera pas forcément le sein par la suite. « L'introduction d'un biberon trop tôt peut être problématique pour une minorité de bébés qui présentent une prédisposition organique ou fonctionnelle ayant un impact sur la succion comme un frein de la langue ou un reflux gastro-œsophagien (RGO). En découvrant le biberon qui permet d'obtenir plus facilement du lait par rapport à l'allaitement qui demande plus d'efforts, elles pourraient par la suite faire "un choix de préférence en optant pour le biberon au détriment du sein", précise-t-elle.

Le biberon n'est pas indispensable

Il peut arriver qu'un tout-petit commence à refuser le biberon ou qu'après le sevrage, il ne veuille plus prendre de biberon. « On est rassuré, boire au biberon n'est pas une étape nécessaire au développement de l'enfant, prévient Marie Ruffier Bourdet. De plus, le réflexe de succion disparaît entre 4 et 6 ans. »Comment aider un bébé à continuer à boire son lait ? Il existe de nombreuses alternatives comme, par exemple, la paille. « Un bébé à partir de 5 mois peut comprendre comment utiliser une paille, explique-t-elle. Il existe même des tasses spéciales en paille qui permettent à la paille de rester dans le verre lorsque le bébé incline la tasse. Autre solution : des gobelets, des petits verres adaptés à la bouche des plus petits pour qu'ils puissent laper le lait. Ces lunettes sont parfois utilisées dans les services de néonatalogie lorsque les bébés nés prématurément n'ont pas encore pu téter. Il y a aussi les 360 gobelets qui ont un couvercle sur lequel il faut appuyer pour boire. « Enfin, il vaut mieux éviter les tasses à bec car elles obligent le bébé à faire des mouvements contraires à ce que l'on fait quand on boit comme avaler la bouche ouverte ou faire une extension de la tête en arrière », ajoute-t-elle.

Un bébé allaité peut manger des morceaux !

 "Beaucoup de mères pensent qu'aux alentours de 8 mois, il faut arrêter d'allaiter avant de craquer, mais c'est vraiment faux !" Prévient Marie Ruffier Bourdet. A partir de 6 mois, un tout-petit est attiré par les aliments que mangent ses parents et sait téter et manger des morceaux, c'est ce qu'on appelle la déglutition mixte ou déglutition de transition.

 

A 2 ans et demi, il ne sait pas forcément manger tout seul

On est pressé que notre enfant mange tout seul mais on en demande souvent un peu trop, trop tôt. « En tout cas, à 2 ans et demi, un bambin apprend de nombreux domaines, comme l'utilisation de ses couverts, note Marie Ruffier Bourdet. Manger un repas seul est un immense marathon qui demande beaucoup d'énergie. Et au début, il n'est pas possible de gérer tout le repas seul ». Pas de précipitation alors. Pour rappel : c'est généralement, vers 3 ans, qu'un enfant commence à bien maîtriser sa coutellerie. Entre 4 et 6 ans, il acquiert progressivement l'endurance nécessaire pour manger tout le repas sans aide. Vers 8 ans, il sait manier son couteau en toute autonomie. « Pour l'aider dans son apprentissage, autant lui donner de bons outils, conseille-t-elle. A partir de 2 ans, il est possible de passer aux couverts avec une pointe en fer. Pour une bonne prise en main, le manche doit être suffisamment court et large. "

En vidéo : L'avis de l'expert : quand donner des pièces à mon bébé ? Marie Ruffier, ergothérapeute pédiatrique nous explique.

Déménagement en morceaux, on n'attend pas l'apparition des dents ou un âge précis

On pense souvent que pour donner des morceaux, il faut attendre que le bébé ait beaucoup de dents. Ou qu'il doit avoir 8 mois. « Mais pas du tout, précise Marie Ruffier Bourdet. Un bébé peut écraser des aliments mous avec les gencives parce que les muscles de la mâchoire sont très forts. Il vaut quand même mieux respecter quelques conditions quand on commence à lui donner des morceaux (et cela ne dépend pas de l'âge mais des compétences de chaque bébé) : qu'il soit bien stable lorsqu'il est assis et pas seulement s'il est soutenu par un coussin. Qu'il puisse tourner la tête à droite et à gauche sans que tout son corps ne tourne, que lui seul porte des objets et de la nourriture à sa bouche et bien sûr qu'il est attiré par les morceaux, bref, c'est s'il veut venir et croquez dans votre assiette. » Enfin, nous choisissons des textures croustillantes-fondantes ou moelleuses pour qu'elles s'écrasent facilement (légumes bien cuits, fruits mûrs, pâtes qui s'écrasent en bouche, toasts type Pain aux Fleurs…). La taille des pièces est également importante : les pièces doivent être suffisamment grandes pour être facilement saisies, c'est-à-dire pour donner une idée qu'elles dépassent de sa main (environ la taille d'un petit doigt d'adulte).

Nous le laissons toucher la nourriture

Instinctivement, un bambin va toucher de la nourriture, l'écraser entre ses doigts, l'étaler sur la table, sur lui… Bref, c'est un moment d'expérimentation à encourager même s'il en met partout ! « Lorsqu'il manipule un aliment, il enregistre beaucoup d'informations sur la texture (douce, molle, dure) et cela l'aide à comprendre qu'il doit le mâcher plus ou moins longtemps », note Marie Ruffier Bourdet. Et, un enfant a besoin de toucher un nouvel aliment avant de le goûter. Parce que s'il met quelque chose dans sa bouche qu'il ne connaît pas, ça peut faire peur.

 

Qu'est-ce qu'un ergothérapeute? C'est une professionnelle qui accompagne les enfants et les parents dans les occupations du bébé (changement, jeux, mobilité, repas, sommeil, etc.). Et il met en lumière les capacités sensorimotrices du tout-petit afin d'aider parents et enfants sur la voie d'un développement harmonieux.  

 

Diversification classique : l'enfant peut aussi être autonome !

Il y a une sorte de supériorité du côté de la diversification dirigée par l'enfant (DME) en termes d'autonomie du bébé. Il serait plus autonome en DME (il choisit ce qu'il met en bouche, en quelle quantité, etc.) par rapport à la diversification classique (avec des purées) qui est même comparée au gavage. « C'est faux, précise Marie Ruffier Bourdet, car dans la diversification classique, un bébé peut très bien participer au repas, porter la purée ou la compote à sa bouche, toucher avec ses doigts… » Il y a même des cuillères spécifiques qui « s'accrochent » Aliments pour faciliter l'utilisation par l'enfant et qui ne nécessitent pas de mouvements complexes du poignet comme ceux de la marque Num Num. Et quand il ne veut plus manger, il sait aussi très bien le signifier en fermant la bouche ou en tournant la tête ! De toute évidence, il n'y a pas de mauvaise ou de bonne façon de le faire, l'essentiel est de respecter votre enfant et son attirance pour la nourriture.

Prévention du risque d'étouffement : DME versus diversification traditionnelle, quelle est la meilleure solution ?

«Il existe une idée fausse qui persiste selon laquelle un bébé qui passe par la purée est plus susceptible de s'étouffer lorsqu'il mange des morceaux. C'est faux !, rassure-t-elle. Car quel que soit le type de diversification alimentaire, un bébé a les compétences pour gérer les morceaux. » Il pourra recracher un morceau qu'il ne peut pas gérer car il est trop gros, par exemple. Et, il existe également un réflexe appelé « timing gag » qui provoque l'expulsion de la bouche d'un morceau trop gros et pas assez mâché. Dans tous les cas ce réflexe disparaîtra si l'on donne des purées. Mais, pour éviter les accidents, quelques précautions sont à prendre au début, comme proposer des morceaux suffisamment moelleux et fondants et éviter certains aliments comme le pain de mie, la brioche compacte ou la salade.

Plateau repas : offrir tout en même temps, une très bonne idée !

« Il va manger son dessert et ne voudra pas du reste », « tremper ses frites dans sa crème au chocolat, ça ne se fait pas »… « Il y a la culture, les mythes, les habitudes qui nous poussent à faire des choses qui vont parfois à contre-courant de ce que peut vivre l'enfant », note Marie Ruffier Bourdet. Offrir l'entrée, le plat et le dessert en même temps est une excellente idée pour découvrir les aliments. On n'hésite pas à utiliser une assiette à compartiments. Cela aidera l'enfant à voir facilement que le repas a un début et une fin. Cela lui permet aussi de quantifier la durée du repas en voyant la quantité de nourriture. Et bien sûr, nous n'imposons pas d'ordre. Il peut commencer par le dessert, retourner à son plat, et même tremper les pâtes dans son yaourt ! Manger est l'occasion de faire plein d'expérimentations sensorielles !

Nous adaptons les repas à l'état de fatigue de notre enfant

Quand un enfant de 3-4 ans refuse de manger, on peut vite penser que c'est un caprice. Mais en fait, cela peut lui demander trop d'efforts. « En fait, les compétences de mastication ne sont pas matures avant l'âge de 4 à 6 ans ! Et ce n'est qu'à cet âge que manger ne demande plus un maximum d'énergie », assure Marie Ruffier Bourdet. S'il est fatigué ou malade, mieux vaut lui proposer des textures plus simples comme des soupes ou des purées de pommes de terre. Il ne s'agit pas d'un retour en arrière mais d'une solution ponctuelle. De même s'il hésite à manger seul alors qu'il le fait habituellement. Il peut n'avoir besoin d'aide qu'à un moment donné. Alors, nous lui donnons un peu d'aide.

 

 

Soyez sympa! Laissez un commentaire