Psychologie

Pourquoi certains d'entre nous vivent-ils sans partenaire ? Le psychanalyste analyse les causes qui opèrent à différents âges et compare les attitudes des hommes et des femmes face au statut de solitaire.

1. 20 à 30 ans : insouciant

A cet âge, les filles et les garçons vivent la solitude de la même manière. Ils associent la vie indépendante à l'aventure et au plaisir, entourés d'un « halo radieux », selon les mots d'Ilya, 22 ans. Il avoue: «Le week-end, je rencontre généralement une nouvelle fille, et parfois deux.» C'est une période d'aventures amoureuses, de vie sexuelle riche, de séduction et d'expériences variées. La jeunesse s'allonge, la responsabilité est reportée indéfiniment.

Patrick Lemoine, psychanalyste :

« L'adolescence a toujours été une période d'éducation sexuelle… pour les jeunes hommes. Mais au cours des 20-25 dernières années, les filles qui ont terminé leurs études mais qui n'ont pas encore intégré la vie professionnelle ont également eu accès au sexe. Les jeunes « jouissent toujours de la liberté », mais ce privilège autrefois exclusivement masculin est désormais accessible aux deux sexes. C'est une période joyeuse de «solitude primaire», lorsque la vie avec un partenaire n'a pas encore commencé, bien que tout le monde ait déjà l'intention de fonder une famille et d'avoir des enfants. Surtout chez les femmes qui ont encore besoin d'un beau prince comme idéal, malgré des relations de plus en plus libres avec de jeunes hommes.

2. Immédiatement après 30 : rush

A 32 ans, tout change. Les hommes et les femmes vivent différemment la solitude. Pour les femmes, le besoin de fonder une famille et d'avoir des enfants devient plus urgent. C'est ce que confirme Kira, 40 ans : « J'ai apprécié la vie, j'ai connu beaucoup d'hommes, j'ai vécu une histoire d'amour qui s'est mal terminée et j'ai travaillé dur. Mais maintenant, je veux passer à autre chose. Je n'ai pas envie de passer des soirées devant l'ordinateur dans un appartement vide à l'âge de XNUMX. Je veux une famille, des enfants..."

Les jeunes hommes ont aussi ce besoin, mais ils sont prêts à reporter sa réalisation à l'avenir et perçoivent encore leur solitude avec joie. «Je ne suis pas contre les enfants, mais il est trop tôt pour y penser», confie Boris, 28 ans.

Patrick Lemoine, psychanalyste :

"Maintenant, l'âge des parents qui ont leur premier enfant augmente. Il s'agit d'études plus longues, d'un bien-être accru et d'une augmentation de l'espérance de vie moyenne. Mais les changements biologiques ne se sont pas produits et la limite supérieure de l'âge de procréer chez les femmes est restée la même. Alors chez les femmes à 35 ans, un vrai rush commence. Les patients qui viennent me voir sont extrêmement inquiets de ne pas être encore « attachés ». De ce point de vue, l'inégalité entre les hommes et les femmes persiste.

3. 35 à 45 ans : résistance

Cette tranche d'âge est caractérisée par la solitude dite « secondaire ». Les gens cohabitent, se marient, divorcent, déménagent… La différence entre les sexes est encore notable : il y a plus de femmes qui élèvent seules un enfant que de pères célibataires. "Je n'ai jamais aspiré à vivre seule, et encore moins à élever un enfant seule", déclare Vera, une mère divorcée de 39 ans d'une fille de trois ans. « Si ce n'était pas si difficile, j'aurais créé une nouvelle famille dès demain matin ! Le manque de relations est plus souvent le lot des femmes. Selon un sondage du site Parship, après un divorce, les hommes trouvent un partenaire en moyenne au bout d'un an, les femmes au bout de trois ans.

Et pourtant la donne est en train de changer. Il existe de nombreux célibataires et couples « non à temps plein » qui ne vivent pas ensemble, mais se rencontrent régulièrement. Le sociologue Jean-Claude Kaufman, dans La femme célibataire et le prince charmant, voit dans ces « ébats amoureux » une marque importante de notre avenir : « Ces 'solitaires pas seuls' sont des pionniers qui ne le savent pas.

Patrick Lemoine, psychanalyste :

« Le mode de vie de célibataire se retrouve souvent chez les 40-50 ans. Le vivre ensemble n'est plus perçu comme une norme sociale, comme une exigence de l'extérieur, à condition que la question des enfants soit résolue. Bien sûr, ce n'est pas encore vrai pour tout le monde, mais ce modèle se répand. On admet calmement la possibilité de plusieurs histoires d'amour à la suite. Est-ce le résultat d'un narcissisme progressif ? Avec certitude. Mais toute notre société est construite autour du narcissisme, autour de l'idéal de la réalisation d'un « je » surpuissant et sans restriction. Et la vie personnelle ne fait pas exception.

4. Après 50 ans : exigeant

Pour ceux qui ont atteint le troisième et le quatrième âge, la solitude est une triste réalité, surtout pour les femmes après cinquante ans. De plus en plus d'entre eux sont laissés seuls, et il leur devient difficile de trouver un partenaire. Dans le même temps, les hommes du même âge sont plus susceptibles de commencer une nouvelle vie avec un partenaire de 10 à 15 ans plus jeune qu'eux. Sur les sites de rencontres, les utilisateurs de cet âge (hommes et femmes) placent la réalisation de soi en premier lieu. Anna, 62 ans, est catégorique : « Je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à quelqu'un qui ne me convient pas !

Patrick Lemoine, psychanalyste :

« La recherche du partenaire idéal est courante à tout âge, mais dans la dernière période de la vie, elle peut devenir encore plus intense : avec l'expérience des erreurs vient l'exigence. Alors les gens courent même le risque de prolonger une solitude non désirée en étant trop pointilleux… Ce qui me surprend, c'est le schéma derrière tout ça : nous sommes maintenant face à l'archétype de la « polygamie constante ».

Plusieurs vies, plusieurs partenaires, et ainsi de suite jusqu'à la toute fin. Un séjour constant dans une relation amoureuse est considéré comme une condition indispensable à une qualité de vie élevée. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que cela se produit. Jusqu'à présent, la vieillesse est restée en dehors de la sphère amoureuse et sexuelle.

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