Meublez votre maison dans l'esprit « Montessori »

Comment aménager sa maison ou son appartement « à la Montessori » ? Nathalie Petit donne ses conseils pour un « environnement préparé ». Pour la cuisine, la chambre… ça nous donne des idées.

Montessori : aménager l'entrée de sa maison. Comment faire ?

Dès l'entrée, il est possible defaire quelques ajustements simples qui vont dans le sens de la méthode Montessori. « Vous pouvez mettre une patère à hauteur de l'enfant pour qu'il puisse accrocher son manteau, explique Nathalie Petit, un petit tabouret ou un banc pour s'asseoir et enlever ses chaussures, ainsi qu'un endroit pour qu'il les range tout seul. " Petit à petit, il apprend ainsi à développer son autonomie : par exemple les gestes pour se déshabiller ainsi que les s'habiller seul : « L'essentiel c'est de verbaliser tout ce qu'on fait : 'Là, on va sortir donc je vais mettre ton manteau, des chaussettes chaudes, d'abord ton pied gauche, puis ton pied droit'... Expliquer tout pour l'amener être autonome. " L'expert précise que s'il y a souvent des miroirs à hauteur d'adultes dans l'entrée, il est aussi tout à fait possible d'en mettre un au sol pour que l'enfant puisse se voir et être beau avant de sortir.

Montessori à la maison : comment aménager le salon ?

Cette pièce centrale de chaque appartement concentre activités communes, temps pour les jeux et parfois les repas. Il peut donc être judicieux de l'aménager un peu pour que votre enfant puisse participer pleinement à la vie de famille. Nathalie Petit conseille de délimiter « un espace avec une ou deux plateformes d'activités pour lui. Je recommande toujours un tapis de 40 x 40 cm qui peut être enroulé et rangé au même endroit, et le faire sortir par l'enfant pour chaque activité. Cela lui permet de lui laisser un espace spécifique, ce qui le rassure en lui évitant d'avoir trop de choix. "

Pour le moment du repas, il est possible de lui offrir manger à sa hauteur, mais l'auteur considère qu'il faut tout de même que cela « soit agréable pour les parents aussi. Sur une table basse, cependant, il peut commencer à couper des bananes avec un couteau à bout rond, faire des transferts, des gâteaux… »

Témoignage d'Alexandre : « J'ai banni les systèmes de récompenses et de punitions. "

« J'ai commencé à m'intéresser à la pédagogie Montessori à la naissance de ma première fille en 2010. J'ai lu les livres de Maria Montessori et j'ai été éblouie par sa vision de l'enfant. Elle parle beaucoup d'autodiscipline, de développement de la confiance en soi… alors je voulais voir si cette pédagogie fonctionnait vraiment, la montrer à l'œuvre au quotidien. J'ai fait un petit tour de France dans une vingtaine d'écoles Montessori et j'ai choisi l'école Jeanne d'Arc à Roubaix, la plus ancienne de France, où sa pédagogie s'illustre de manière assez exemplaire. J'ai commencé à tourner mon film en mars 2015, et j'y suis resté plus d'un an. Dans « Le maître est l'enfant », j'ai voulu montrer comment l'enfant est guidé par un maître intérieur : il a en lui une capacité d'auto-éducation s'il trouve un environnement favorable pour cela. Dans cette classe, qui regroupe 28 enfants de maternelle de 3 à 6 ans, on voit bien à quel point la socialisation est importante : les adultes aident les plus petits, les enfants coopèrent… Une fois qu'ils ont acquis une sécurité intérieure assez importante, les enfants se tournent naturellement vers le à l'extérieur. Mes filles, 6 et 7 ans, fréquentent les écoles Montessori et j'ai suivi une formation d'éducatrice Montessori. A la maison, j'applique aussi certains des principes de cette pédagogie : j'observe mes enfants pour nourrir leurs besoins, j'essaye de les laisser le faire par eux-mêmes autant que possible. J'ai banni les systèmes de récompenses et de punitions : les enfants doivent comprendre que c'est avant tout pour eux-mêmes qu'ils progressent, qu'ils font chaque jour de petites conquêtes. "

Alexandre Mourot, réalisateur du film « Le maître est l'enfant », sorti en septembre 2017

CITATIONS COLLECTÉES PAR SÉGOLÈNE BARBÉ

Comment aménager la chambre de bébé style Montessori ?

« Nous choisissons de préférence un lit à même le sol et non à barreaux, et ce dès 2 mois, explique Nathalie Petit. Cela lui permet une vision plus large de son espace et il pourra se déplacer plus facilement. Cela développe sa curiosité. "

Au-delà des règles élémentaires de sécurité comme installer des cache-prises, des étagères bien fixées au mur à 20 ou 30 cm du sol pour qu'il ne risque pas de lui tomber dessus, l'idée est avant tout que l'enfant puisse se déplacer librement et avoir accès à tout.

La chambre doit être divisée en espaces : « Un espace nuit, un espace activité avec un tapis d'éveil et des mobiles fixés au mur, un lieu dédié au change et un espace avec un banc ou un pouf et des livres pour être au calme. . Vers 2-3 ans, on ajoute un espace avec une table basse pour qu'il puisse dessiner. L'erreur est surcharger la pièce avec beaucoup de jouets trop sophistiqué : « Trop d'objets ou d'images fatiguent l'enfant. Mieux vaut garder cinq ou six jouets dans un panier, que vous changez tous les jours. Jusqu'à 5 ans, un enfant ne sait pas choisir, alors s'il a tout à sa disposition, il ne pourra pas fixer son attention. Nous pouvons faire une rotation de jouets : Je sors les animaux de la ferme, un puzzle, le camion de pompiers et c'est tout. On peut utiliser des objets du quotidien que les enfants adorent : un pinceau, un stylo… Il peut rester en contemplation sensorielle de longues minutes. » Enfin, Nathalie Petit recommande placer un miroir sur le mur pour que le bébé puisse s'observer : « C'est comme un ami qui l'accompagne, il va le lécher, faire des grimaces, rire. Vous pouvez également fixer une tringle à rideau à 45 cm du sol au-dessus du miroir pour qu'il puisse se relever et apprendre à se tenir debout. "

Montessori : on aménage sa salle de bain

Il est souvent plus compliqué d'aménager la salle de bain, qui contient de nombreux produits toxiques auquel nous ne voulons pas que l'enfant ait accès. Cependant, Nathalie Petit explique qu'il est possible, avec un peu de créativité, d'apporter quelques touches Montessori dans cette salle : « Par exemple, on peut prendre une chaise en bois, d'une brocante, dans laquelle on creuse un trou pour placer une vasque et un miroir sur le dossier. Ainsi, l'enfant peut se coiffer et se brosser les dents tout seul. « Plus simplement, si vous avez une baignoire, il est possible de caler une cuvette pour qu'il se lave les mains et les dents lui-même. Un système plus adapté que le step, selon le spécialiste.

Concevez votre cuisine dans l'esprit Montessori

Si la cuisine est grande, « vous pouvez accrocher un espace au mur à côté d'une petite table basse avec des ustensiles, même cassants. Nous devons nous libérer de notre peur des parents. Plus nous lui ferons confiance, plus il sera fier de lui. Si notre visage montre une émotion de peur, l'enfant aura peur, alors que s'il lit confiance, cela lui donne confiance. "

Pour participer à la cuisine, Nathalie Petit recommande également d'adopter la tour d'observation Montessori : « Vous la construisez vous-même avec une marche et quelques outils. Cela ne prend pas beaucoup de place et à 18 mois il peut déjà participer à certaines activités en cuisine. » Toujours dans le frigo, un étage inférieur peut lui être consacré avec des jus de fruits, des collations, des compotes… Des choses qu'il peut attraper sans danger.

La cuisine est le lieu idéal pour pratiquer des activités dans l'esprit Montessori, car l'enfant peut facilement manipuler, pétrir, verser… 

Témoignage de Claire : « Mes filles savent s'occuper de la préparation d'un gâteau. "

« Je me suis intéressé à la pédagogie Montessori car elle complète mon travail d'enseignante spécialisée. Je lis des livres, j'ai suivi une formation, je regarde des vidéos de Céline Alvarez… J'applique cette pédagogie à la maison, notamment pour la partie vie pratique et sensorielle. Il a tout de suite répondu aux besoins de mes deux filles, notamment Eden qui est très active. Elle aime manipuler et expérimenter. Je lui présente chaque atelier très lentement. Je lui montre qu'il est important de prendre son temps et de bien observer. Mes filles sont plus concernées, apprennent à raisonner, à s'appliquer. Même s'ils n'y parviennent pas du premier coup, ils ont les moyens de « réparer » ou d'évoluer, cela fait partie de l'expérience. A la maison, c'était difficile de ranger pour Eden. Nous mettons des photos par type de vêtements sur des tiroirs, idem pour les jouets. Nous avons alors constaté une réelle amélioration. Eden range plus facilement. Je respecte le rythme de mes filles, leurs émotions. Je ne les oblige pas à ranger, mais tout est fait pour leur donner envie de le faire ! Dans la cuisine, les ustensiles sont adaptés. Comme Yaëlle sait lire les chiffres, elle place l'élastique sur le gobelet doseur pour qu'Eden verse les bonnes quantités. Ils peuvent gérer la préparation d'un gâteau jusqu'à la cuisson. Je suis bluffé par ce qu'ils parviennent à faire. Grâce à Montessori, je leur permets d'apprendre des choses utiles qu'ils demandent. C'est un superbe mélange d'autonomie et d'estime de soi. "

CLAIRE, maman de Yaëlle, 7 ans, et Eden, 4 ans

Interview de Dorothée Blancheton

Témoignage d'Elsa : « Dans la pédagogie Montessori, certaines choses sont à prendre, d'autres non. "

« Enceinte, je me suis penchée sur cette pédagogie. J'ai été conquise en laissant l'enfant se développer à son rythme, avec le plus de liberté possible. Je me suis inspiré de certaines choses : nos enfants dorment sur un matelas à même le sol, nous préférons les jeux en bois, nous avons fixé un crochet à leur hauteur dans l'entrée pour qu'ils mettent leurs manteaux… Mais certains aspects sont trop stricts à mon goût et un peu dépassé. Chez nous, les jouets sont rassemblés dans un grand coffre et non sur de petites étagères. Nous n'avons pas identifié quatre espaces (sommeil, change, repas et activités) dans leur chambre. Nous n'avons pas opté pour une petite table et des chaises pour les repas. Nous préférons qu'ils mangent sur des chaises hautes plutôt que de devoir s'accroupir pour les aider. C'est plus confortable et convivial de manger ensemble ! Quant au respect du rythme, ce n'est pas facile. Nous avons des contraintes de temps et nous devons prendre les choses en main. Et le matériel Montessori est assez cher. Sinon, il faut le fabriquer, mais cela prend du temps, d'être bricoleur et d'avoir de la place pour installer un petit évier à leur hauteur par exemple. Nous avons enregistré ce qui fonctionne le mieux pour tout le monde ! " 

Elsa, maman de Manon et Marcel, 18 mois.

Interview de Dorothée Blancheton

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